Après la réponse de Belaïz : que vont décider les «14 + 4» ?

Après la réponse de Belaïz : que vont décider les «14 + 4» ?

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 1er décembre 2013

Les quatorze partis et quatre personnalités politiques ayant joint leurs voix lundi dernier pour réclamer aux autorités la mise en place d’une commission nationale indépendante de l’administration qui aurait la charge de la préparation et du suivi des présidentielles de 2014, devaient certainement être sans illusion sur la réponse qui allait être faite à leur initiative. Celle-ci d’ailleurs n’a pas tardé, venue du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales qui a tout simplement opposé une fin de non-recevoir catégorique à la demande dont il a feint de ne pas comprendre les raisons de sa formulation vu que les dispositions en vigueur en la matière «offrent de grandes garanties pour une opération électorale transparente et claire». Une considération qui renseigne que contrairement à ce qu’il a prétendu, Belaïz est parfaitement avisé du pourquoi de la demande d’une commission électorale nationale indépendante. Récurrente à chaque échéance électorale, la demande d’une institution indépendante de l’administration pour le suivi et le contrôle des opérations est encore plus d’actualité pour la cruciale élection présidentielle de 2014. Comment en effet croire que cette élection va être «transparente et claire» comme le prétend Tayeb Belaïz alors que par une batterie de nominations Bouteflika a placé les plus fidèles d’entre ses partisans aux postes institutionnels qui seront en charge de l’organisation et du suivi de cette élection. Les citoyens lambda ne sont pas dupes de l’arrière-pensée dont ont découlé les nominations. Pour eux, il s’est agi d’écarter tout risque d’incertitude que pourraient laisser entrevoir les résultats du scrutin en verrouillant les opérations électorales par la tactique du «Hmida joueur et Hmida serveur».

Les partis et personnalités politiques initiateurs de l’appel pour une commission électorale indépendante ont de justes raisons d’être défiants des intentions du pouvoir dans les conditions qu’il a réunies en vue de l’organisation de l’élection présidentielle. Comment réagiront-ils après le rejet catégorique de leur revendication ? Se contenteront-ils de prendre à témoin l’opinion publique et finalement accepter de participer à la compétition électorale tout en la sachant jouée par avance au profit du candidat officiel ? Ou bien prolongeront-ils le rassemblement qu’ils ont opéré pour leur initiative en faveur d’une commission électorale indépendante en le transformant en un «front du refus» à prendre part à une présidentielle dont tout annonce que le seul rôle que le pouvoir leur concèdera en l’occurrence est celui de jouer les «alibis utiles» ?

L’esquisse de rapprochement entre partis et personnalités d’opposition qui s’est produite lundi dernier donne à penser qu’une partie de la classe politique a compris qu’il est vain pour les adversaires du pouvoir en place d’ambitionner de peser sur lui en rangs dispersés. L’initiative unitaire de la semaine dernière a certes été rejetée par ce pouvoir mais en ayant rassemblé sur elle autant d’acteurs politiques. Elle a incontestablement donné du crédit aux soupçons qui entourent ses intentions pour l’élection présidentielle. D’où la nécessité pour l’opposition de ne pas baisser les bras et d’augmenter sa pression unitaire sur le pouvoir en vue de le contraindre au respect de ses engagements.