Retour du président de la République

Retour du président de la République

Scènes de liesse sur près de 300 km

Le Quotidien d’Oran, 1 janvier 2006

Les Algériens ont offert hier au chef de l’Etat de retour à Alger, le plus beau des cadeaux dont il puisse rêver en cette période de fêtes de fin d’année.

Des dizaines de milliers de personnes se sont donné rendez-vous dans la capitale pour clamer l’homme et saluer le Président. De Béjaïa jusqu’à Alger, soit sur une distance de près de 300 km, ils étaient hier des centaines de bus, de fourgons et de voitures bondés de monde venus de tous les horizons à converger vers une seule destination; l’aéroport Houari Boumediène.

Des files interminables de véhicules immatriculés à Béjaïa, Sétif, Batna, Bordj Bou Arreridj, Bouira, Guelma, Jijel… étaient visibles sur l’autoroute de Bouira.

Il ne faisait pas encore jour quand chants patriotiques et cris stridents fusent tout au long de l’autoroute qui devrait à l’avenir relier l’Est à l’Ouest. Le projet auquel tient énormément le président Bouteflika accuse aujourd’hui beaucoup de retard mais a permis néanmoins aux gens de l’Est du pays de rallier la capitale en un temps relativement court.

Pour faire face à la «marée humaine» qui s’apprêtait à se rendre à Alger, la gendarmerie nationale a multiplié les barrages sur la route nationale et même sur l’autoroute. Leur présence était beaucoup plus symbolique qu’autre chose. Lors de notre passage devant les gendarmes, aucun véhicule transportant les citoyens en liesse n’a été arrêté. La gendarmerie nationale s’est contentée hier de réguler la circulation et orienter les automobilistes. Des gendarmes se sont même mis à saluer un groupe de personnes qui brandissaient le portrait de Bouteflika et qui étaient à bord d’un bus immatriculé dans la wilaya de Sétif, à la sortie ouest de l’autoroute de Bouira. Il faut croire que les gendarmes, qui avaient perdu la veille un de leur collègue dans un attentat terroriste, étaient plutôt contents de voir autant de monde converger vers la capitale pour souhaiter la bienvenue au président de la République qui rentre après un peu plus d’un mois d’absence. Plus on avance vers Alger, plus la circulation devient difficile à tel point que parfois il faut carrément s’arrêter devant des cortèges de bus et autres fourgons dont les occupants, nullement éprouvés par le voyage, chantent et crient à gorge déployée: «YAHIA BOUTEFLIKA» Arrivés au niveau de Dar El-Beïda à l’entrée de la capitale, la circulation est complètement bloquée. Il était 8h 30 et déjà des centaines de bus étaient garés sur l’autoroute et déversaient des voyageurs qui ont traversé des centaines de km rien que pour marquer leur présence devant le Président.

A 10 heures, il était quasiment impossible de traverser l’autoroute en véhicule, côté aéroport. Malgré un déploiement impressionnant aussi bien de gendarmes que de policiers, l’autoroute dans les deux sens reste bloquée durant de longs moments à cause d’une foule de plus en plus dense qui scrute le ciel pour voir l’avion présidentiel, qui atterrit enfin sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumediène, suivi de deux hélicoptères appartenant à la police et à la gendarmerie.

Les deux hélicoptères ne quitteront des yeux le cortège présidentiel qu’une fois le chef de l’Etat à l’intérieur de sa résidence à la présidence de la République à El-Mouradia sur les hauteurs d’Alger.

Z. Mehdaoui


Un autre plébiscite pour Bouteflika

L’Algérie profonde, sous toutes ses couleurs, ses sons et ses airs musicaux, a fait hier le déplacement à Alger pour accueillir le Président dont l’état de santé ne semble pas à point.

«C’est un énième plébiscite», lance un cadre de la présidence de la République à la vue des foules qui se sont regroupées hier au niveau des principaux ronds-points de la capitale par lesquels le cortège présidentiel devait passer. C’est aux sons du saxo, du bendir, de la zorna et autres karkabous qu’Alger s’est réveillée tôt ce matin pour accueillir «l’enfant prodigue» parti à Paris depuis plus d’un mois pour des soins médicaux. Cordons sécuritaires impressionnants, services de sécurité tous corps confondus, barrières placées tout au long des trottoirs dans les quartiers les plus en vue, un décor singulier pour un jour bien spécial coïncidant de surcroît avec le réveillon du nouvel an.

Venus de tous les coins du pays, les citoyens, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, enfants, avaient passé tous une nuit blanche pour être «à l’heure». Descendus des bus au niveau des Pins Maritimes, beaucoup ont marché du siège de la Safex jusqu’à la place du 1er Mai. Une sacrée trotte. D’autres ont préféré aller à l’aéroport. Ils étaient tous là aux premières lueurs du matin. Des confrères venus d’Oran, visiblement exténués, ont voyagé par train «spécial» (il y en avait deux) qui avait démarré d’Oran à 22h pour arriver à Alger à 6h du matin. Certains de nos confrères ont déploré les difficultés dans lesquelles des citoyens ont fait le voyage. Selon des informations non encore vérifiées, des bousculades au niveau d’arrêts de train auraient provoqué le décès de deux voyageurs et des blessures à quatre autres.

L’on retrouvera grand monde au niveau de la place Mohamed Seddik Benyahia d’El-Mouradia, qui fait face au siège de la présidence de la République. Sur le fronton de l’immeuble jouxtant le palais d’El-Mouradia, on remarque un grand portrait de Bouteflika avec «Salamtek, Ayouh El Aziz». Une affiche dont la mise en place a été supervisée par le ministre de la Solidarité, Ould Abbas lui-même.

Des banderoles et des slogans portant la griffe de diverses instances politiques ou de la société civile ornaient les murs de la capitale. Les balcons et fenêtres des habitations voisines au siège de la présidence étaient pleins de monde. Les terrasses ont été réquisitionnées pour le positionnement des unités spéciales. Des hélicoptères de police se sont immobilisés dans les cieux pour surveiller les lieux de très près.

11h35, par portable, des cadres de la présidence ont appris l’atterrissage de l’avion du Président sur l’aérodrome Houari Boumediène. «Il est arrivé», nous dit l’un d’entre eux. Et c’est par portable interposé ou alors par l’écoute d’informations reçues à travers les écouteurs des envoyés spéciaux des différentes télévisions et radios que nous avons pu suivre «on line» le déplacement de Bouteflika de l’aéroport d’Alger jusqu’au siège de la présidence de la République où se trouvaient en plus des foules, de nombreux journalistes.

Il sera accueilli à sa descente d’avion par le chef d’état-major, les présidents du Parlement, le chef du gouvernement ainsi que les ministres de souveraineté. A la surprise de tout le monde, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales sera de la partie. «Il semble très bien se porter, il a une bonne mine», commentent les journalistes. Pour rappel, Nouredine Yazid Zerhouni était absent depuis plusieurs mois, depuis qu’il avait subi une greffe rénale à Paris. En se dirigeant vers le salon d’honneur de l’aéroport, le chef de l’Etat fera quelques pas en arrière et embrassa l’emblème national.

Prenant place dans une limousine décapotable, le chef de l’Etat saluera les Algériens d’une main avec l’autre posée sur le cœur. Il franchira la trémie de la place du 1er Mai à pied et serra la main à quelques citoyens. Il remontera dans la limousine dès l’amorce de la montée du siège de la Cour des comptes, pour en redescendre à quelques mètres de la place Mohamed Seddik Benyahia. 13h50, à El-Mouradia, les airs musicaux fusent de partout, les troupes musicales venues de toutes les régions du pays s’adonnèrent à coeur joie y compris en danses alaoui, hedaoui ou essaf. El Hadj Mohamed Ghaffour était là lui aussi, portant une kachabia verte lui assurant toute l’élégance qui sied à un cheikh de son rang. «Vous avez donc fait le déplacement de Nedroma pour accueillir le président…», lui avions-nous dit. «L’m’habtek ya rassul El Lah, nemchi ala kfouf eddiya (pour ton amour, ô Prophète, je marcherais sur les paumes de mes mains), a-t-il dit spontanément. Il faut croire que Ghaffour se souviendra toujours que c’est Bouteflika qui l’a «rendu» à la chanson après qu’il avait décidé de se retirer pour s’adonner uniquement aux chants soufis dans la mosquée.

Barouds et musiques diverses, acclamations, applaudissements. Le cortège présidentiel arrive à quelques mètres de la place d’El-Mouradia. Le chef de l’Etat descend de voiture pour saluer les nombreuses foules. Il marchera quelques mètres et arriva au niveau de la montée de la présidence de la République. Il sera accueilli officiellement par le maire d’El-Mouradia ainsi que les élus de l’APC et de l’APW. C’est un président à l’allure fatiguée, amaigri, au pas lent, à la mine pâle et au regard éteint contrairement aux yeux bleus rieurs qu’il avait, qui saluera chaleureusement son peuple pour se remettre dans la voiture et rejoindre ses bureaux. Il avait jusqu’à minuit pour signer dans les délais constitutionnels, la loi de finances 2006. L’on dit ici et là que le chef de l’Etat partira la fin de la semaine au pèlerinage à La Mecque.

Ghania Oukazi


Bouteflika s’engage «de nouveau» à poursuivre ses efforts

Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, s’est engagé «de nouveau» à poursuivre ses efforts en vue de «conférer davantage de rationalité à l’Etat, d’engager la réforme de ses structures de manière à imposer la force de la loi et de réformer la justice et le système éducatif».

« Je m’engage de nouveau à poursuivre, grâce à votre soutien, citoyens et institutions, mes efforts en vue de conférer davantage de rationalité à l’Etat, d’engager la réforme de ses structures de manière à imposer la force de la loi, et de réformer la justice et le système éducatif», a encore affirmé le chef de l’Etat dans un message à l’occasion de la signature de la loi de finances pour l’exercice 2006.

Le président de la République a affirmé également avoir retrouvé ses «pleines capacités pour poursuivre la mise en oeuvre du programme» dont le peuple l’avait chargé «d’initier, en toute confiance» et qui «vise, en premier lieu, à consacrer la sécurité du citoyen et le bien-être de notre peuple».

La signature de la loi de finances 2006 marque, aujourd’hui, a-t-il dit, «la reprise des activités après une absence forcée et un séjour d’un mois hors du pays», ajoutant qu’il n’a point cessé, durant toute la période de sa convalescence, de «superviser les affaires de l’Etat et de diriger ses actions». Il a exprimé, à cet égard, sa «détermination» et sa «force» pour «faire face, avec courage et optimisme, aux difficultés rencontrées dans la réalisation des objectifs» que l’Algérie s’est assignés, soulignant que «l’épreuve» qu’il a subie l’a «conforté» dans cette démarche.

Le chef de l’Etat a indiqué, dans ce contexte, que «les épreuves que subissent parfois les individus et les peuples sont le fait de la volonté divine», estimant que «c’est grâce à elles que se consolident les liens de solidarité et se forge la volonté d’en triompher».

Il s’est dit, en outre, «touché au plus haut point» par les marques de sympathie et d’amour que le peuple lui a témoignées et par les craintes et préoccupations dont il a fait montre au sujet de son état de santé, ainsi que par la joie et le soulagement manifestés à sa sortie de l’hôpital. «Je dois dire que ces marques de sympathie et d’amour ont été plus grandes que les sentiments que j’ai pu éprouver au sujet de mon état de santé et ma guérison», a-t-il dit.

Le président de la République espère, par ailleurs, cueillir, durant l’année 2006, «les fruits des bonnes actions que nous avons menées dans les domaines politique, culturel, éducatif, social et économique», réitérant son souhait de «poursuivre ces actions avec une volonté et une détermination encore plus grandes pour que les générations futures puissent en récolter les bienfaits».

Bouteflika remercie Chirac

Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a exprimé hier à Alger ses remerciements à son homologue français, M. Jacques Chirac, après l’accueil «chaleureux et affectueux» qu’il lui a été réservé lors de son hospitalisation et sa convalescence en France.

Dans un message au président Chirac, le chef de l’Etat écrit: «Je voudrais, au terme de mon séjour en France, vous dire, au nom du peuple algérien et en mon nom personnel, combien j’ai été sensible aux dispositions qui ont été prises dans des circonstances exceptionnelles et touché par l’accueil chaleureux et affectueux que j’ai reçu dans votre pays qui témoigne de la longue tradition d’hospitalité de la France et du peuple français».

Le président de la République a en outre sollicité son homologue français d’être son «interprète auprès du corps médical et de tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont avec compétence et dévouement, tant contribué à la qualité hautement appréciée des soins» qui lui ont été prodigués tout au long de son hospitalisation.

«Tous ces témoignages ainsi que l’entière disponibilité des autorités françaises constituent, en particulier dans de telles circonstances, autant de gestes symboliques forts, tant à mon égard qu’à l’endroit du peuple algérien qui ne manquera pas de les inscrire à l’actif de nos relations actuelles et futures renforçant ainsi notre volonté commune d’approfondir davantage les liens d’amitié et de coopération qui unissent nos deux pays et nos deux peuples», a-t-il ajouté.

Le chef de l’Etat s’est dit convaincu que «la relation privilégiée» entre les deux pays «construite sur des bases nouvelles, plus que jamais fondées sur la confiance et le respect mutuels, trouvera sa pleine expression dans l’oeuvre de refondation et de restructuration des relations algéro-françaises porteuse d’une vision affirmée de rapports nouveaux répondant pleinement à l’attente» des deux peuples.

Le Président Bouteflika a par ailleurs renouvelé ses remerciements pour «toutes les délicates attentions» dont il a été entouré pendant son séjour à Paris et les «nombreux témoignages» dont il a été l’objet.

La loi de finances 2006 signée

Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a signé samedi la loi de finances pour l’exercice 2006, lors d’une cérémonie officielle organisée au siège de la présidence de la République. La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah, du président de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Amar Saâdani, du chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, ainsi que des membres du gouvernement. La loi de finances 2006 avait été adoptée par l’APN le 15 novembre dernier et par le Conseil de la nation une semaine plus tard.