Charte de la réconciliation nationale : «95% des objectifs ont été atteints»

Charte de la réconciliation nationale : «95% des objectifs ont été atteints»

par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 29 septembre 2015

Le responsable de la cellule de suivi et de mise en œuvre de la charte de paix et de réconciliation nationale, Maître Merouane Azzi a défendu bec et ongles le projet de la réconciliation, après 10 années de son application. Il a précisé, hier, lors de son intervention au forum d’El Moudjahid, que 95% des objectifs de la charte de la réconciliation nationale ont été atteints et les 5 % qui restent sont en cours de traitement. Peut-on dire que le dossier de la réconciliation est clos après ces 10 années d’application ? Maître Azzi précise que l’article 47 de cette loi permet au chef de l’État de prendre des mesures, s’il juge qu’elles sont nécessaires, pour consolider la paix et la stabilité. Va-t-on décréter une amnistie générale après la concorde civile et la réconciliation nationale ? Maître Azzi dira que l’article 47 de la charte pour la paix et la réconciliation nationale autorise le président à décréter l’amnistie générale mais la décision lui revient que ce soit pour une amnistie générale ou pour élargir la loi de la réconciliation nationale à d’autres catégories.

Hormis « les oubliés de la réconciliation», cette loi, dira Merouane Azzi, a permis la réintégration de 15 000 terroristes dans la vie sociale, des terroristes qui se sont rendus en déposant leurs armes, chose qui a permis de mettre un terme à l’effusion de sang dans notre pays et vivre dans la paix et la sécurité. Le conférencier a également indiqué que le nombre des terroristes éliminés par les forces de sécurité de 2006 jusqu’à 2012 est estimé à 17 000. Il précise encore que 11 291 familles des terroristes éliminés ont bénéficié d’aides de la part de l’Etat, jusqu’à 2014. Azzi poursuit en précisant que de 2 700 personnes détenues dans des établissements pénitentiaires ont été libérées durant les six premiers mois de la mise en œuvre de la loi sur la réconciliation en 2006 après avoir été jugées conformément à la loi. Au moment où Maître Azzi poursuivait sa présentation du bilan chiffré de 10 années d’application de loi de la réconciliation nationale, parfois avec détails par catégories et par wilayas, il fut interrompu par un représentant des familles des disparus, qui lui a demandé ce qu’a offert cette loi aux familles des disparus qui « réclament la vérité sur la disparition des membres de leurs familles».

Le conférencier a répondu que la dernière liste arrêtée compte 7 144 familles des disparus dont 7 105 familles ont été indemnisées. Il ouvre une parenthèse pour affirmer que c’est cette liste qui est fiable et non pas la liste qui circule à Genève, Londres et Paris. Il poursuit en précisant que 24 familles des disparus ont refusé l’indemnisation et réclament vérité et justice. Il ajoutera: « on n’est pas là pour leur faire du chantage mais a priori, certaines familles sont manipulées par des organisations nationales et étrangères ». « Certains ont même demandé à deux familles de ramener des preuves sur l’implication effective des services de sécurité dans la disparition forcée des personnes en leur promettant une somme d’argent», a-t-il accusé. Et d’affirmer que toutes les ambassades et les organisations qui ont été au contact de son instance ont réclamé uniquement et exclusivement des informations sur « les familles des disparus », pourtant, affirme-t-il, le dossier des familles de disparus est un des dossiers de la réconciliation nationale. «Les chancelleries et les organisations étrangères n’ont pas cherché à connaître le sort des femmes violées dans les maquis, ni le sort des enfants nés dans les maquis». Et de poursuivre : « le nombre de ces enfants est 500 à 600 enfants. Seuls 41 dossiers sur les 120 déposés auprès de la cellule, ont été traités».

Si Azzi pense que les familles des disparus ont été manipulées par des instances étrangères, le représentant des familles des disparus éclate en pleurant : « non, on est manipulé par le sentiment de hogra, par la soif de vérité et de la justice, ce qui nous manipule c’est notre amour aux personnes chères qu’on a perdues dans des conditions inacceptables».