Madani Mezrag confirme les tractations
Reddition de plusieurs groupes terroristes :
Madani Mezrag confirme les tractations
par Ahmed Zakaria , Le Jeune Indépendant, 6 mai 2004
L’ex-chef de l’AIS, Madani Mezrag, a confirmé hier l’existence de tractations entre les groupes terroristes et les autorités sécuritaires du pays. «Un important travail se prépare actuellement», nous a-t-il affirmé dans une déclaration téléphonique, en évitant de donner plus de détails.
Cependant, l’ex-»émir» de l’AIS, qui a déposé les armes à la fin de 1997, s’est montré «très optimiste» sur l’aboutissement de ces tractations qui entrent dans le cadre de la réconciliation nationale prônée par le président Abdelaziz Bouteflika et l’alliance présidentielle.
«Nous réservons à l’opinion publique une grande surprise, mais chaque chose se fera en son temps», s’est-il contenté de déclarer sans infirmer l’existence de tractations entre les groupes armés et les pouvoirs publics. Quant et comment ? Madani Mezrag, le chef de l’AIS qui a appelé à un vote massif au profit du candidat Bouteflika assure que cela sera pour «bientôt».
Ces déclarations viennent confirmer les informations faisant état avec insistance, ces derniers jours, de la volonté des groupes terroristes de rejoindre la vie civile. Cependant, le GSPC de Nabil Sahraoui a fait savoir, dans un communiqué que notre confrère El-Khabar a diffusé, qu’il poursuivait le combat et n’était pas apte à la reddition.
Par ailleurs, des observateurs relèvent, dans ce contexte, que le langage change d’un groupe à un autre. En effet, si des groupes affaiblis par les attaques soutenues des forces de sécurité ont été contraints d’abdiquer, d’autres au contraire continuent encore à espérer une solution politique basée sur un texte juridique et refusant le terme de reddition ou encore celui de clémence.
Il s’agit de savoir quelle forme donnera le législateur à cette décision politique dont le président Bouteflika a déjà annoncée la couleur, lors du premier Conseil des ministres de son second mandat. Le chef de l’Etat a chargé officiellement le gouvernement d’«accompagner la lutte antiterroriste par des mesures de clémence envers ceux qui veulent se ressaisir».
Cependant, hormis les partis favorables à la politique de réconcilation nationale ou à ceux qui en doutent comme le FFS, beaucoup d’observateurs ont relevé le refus des formations politiques de se positionner et de se prononcer par rapport à cette nouvelle donne, en raison, disent-ils, du manque de clarté du concept lui-même.
Prudence ou simple repli tactique ? On le saura sans doute avec «la surprise» que réservent les tractations, même si les actes terroristes ont rebondi de plus belle ces jours-ci. Cette recrudescence nous rappelle celle vécue en automne 1997, au moment où étaient menées des tractations entre l’AIS et les services de sécurité pour aboutir à une trêve en 1999, qualifiée à l’époque de «courageuse» et «responsable».
Pour rappel, le président Bouteflika avait consulté la population par référendum pour arriver à décréter en 1999 une grâce amnistiante en faveur des membres de l’organisation AIS qui, après avoir unilatéralement pris la décision de cesser le feu en 1997, ont consacré, de façon officielle après les élections de 15 avril 1999, un cessez-le-feu définitif.
A. Z.