Mehri estime que l’amnistie n’est encore qu’un slogan

Invité du quotidien El Bilad au lancement de son Forum

Mehri estime que l’amnistie n’est encore qu’un slogan

Par Younes Hamidouche, La Tribune, Jeudi 14 avril 2005

Invité de la première édition du Forum du quotidien El Bilad, Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du FLN, a déclaré hier à Alger que l’amnistie générale, telle qu’initiée depuis peu par le président Bouteflika, n’est encore qu’un slogan.Le débat de ce Forum a permis à Mehri de s’exprimer sur la question de l’heure en indiquant que «la problématique posée est de savoir comment sortir le pays de sa crise». Au-delà du volet théorique, et à propos de ce qui alimente la scène, l’amnistie en l’occurrence, il s’agit, relève Mehri, d’un «slogan», d’un «concept général». «Le contenu, c’est ce qu’exige le passage du global à l’application.»Dans ses réponses aux journalistes présents hier au CIP, Abdelhamid Mehri a, en effet, axé son intervention sur un théorème qu’il a tenté de développer sans appuis détaillés. Il est vrai que, dès l’entame de son intervention d’hier, l’ancien patron du FLN a demandé «compréhension» par avance s’il ne répondait pas à «certaines questions» en raison de son «éloignement» et de sa «coupure» de la scène politique nationale. Dans sa vision théorique de la crise algérienne et, surtout, de la manière dont les Algériens seraient capables de s’en sortir, Mehri ne cache donc pas ce qui serait possible de qualifier d’approximation ou, du moins, de manque de données nécessaires à toute lecture politique claire. M. Mehri qui avait joint sa signature au bas du «contrat national de Rome», a affirmé à ce sujet qu’il s’agit d’une «proposition méritant débat» contenant «des axes encore valables et d’autres dépassés par le temps». Mais, fait-il remarquer, l’idée fondamentale du texte et de l’initiative reste le «dialogue». En ce qui concerne les forces de l’opposition de l’après-8 avril 2004, Mehri estime qu’elles sont marquées par «la désorganisation» et par «l’accompagnonnage». Abordant ledit «consensus national», Mehri indique que «ce qui peut cristalliser ce consensus n’est pas encore clair». Partant de ses «convictions frontistes», ce militant de la révolution de Novembre estime que «la dernière crise au FLN n’est pas saine puisqu’elle a été marquée par la caractéristique personnelle et électorale». «L’idée fondamentale au FLN est de savoir si sa mission est de traduire les ambitions du peuple ou l’explicitation des politiques du pouvoir»… Interrogé sur les projets d’amnistie générale et de réconciliation nationale, Abdelhamid Mehri déclare «souhaiter» que «le débat soit approfondi sur ces questions et que la porte du dialogue soit ouverte pour l’approfondissement de ces concepts». «Je considère que Monsieur le président de la République en est encore à l’étape initiale, à savoir celle de poser l’idée et la problématique sans donner de détails», estime Mehri en soulignant qu’il ne veut «pas se précipiter» pour «donner son avis». Cependant, Mehri donne grosso modo le fond de sa pensée. «Il est du droit de chaque courant au sein de la société de s’exprimer dans un cadre légal mais il ne relève pas du droit de dire par décision administrative que tel courant est inexistant…» déclare Mehri en relevant que «l’exclusion est à bannir». «La construction démocratique passe par là», tonne-t-il. Outre le «nationalisme arabe», la «kaoumia» à propos de laquelle était posée la première question du Forum pour savoir si elle existait encore et au sujet de laquelle Mehri évoque des «dérapages à l’application» et une «inter-exclusion des courants qui ne peut servir les peuples», le jeu des questions réponses d’hier au CIP a surtout tourné autour du FLN, entre ses clivages et ses réalités. Si, dans le cas du Monde arabe, il est surtout question que «le dénominateur commun entre les régimes arabes est le fossé qui les sépare de leurs peuples», la réalité algérienne, pour sa part, et sous l’angle lié à l’ancien parti unique, suscite chez Abdelhamid Mehri des interrogations du genre «quelle est la mission du FLN ?».

Y. H.