Les femmes violées par des terroristes reconnues comme victimes
Hadjer Guenanfa, TSA, 04 février 2014
L’État répare enfin une injustice ! Les femmes violées par des terroristes durant la Décennie noire sont désormais reconnues comme victimes du terrorisme, selon un décret exécutif publié ce mardi 4 février au Journal officiel (JO). « Est considérée également comme victime d’acte de terrorisme, toute femme ayant subi un viol commis par un terroriste ou un groupe de terroristes », précise le texte.
Pour être reconnues officiellement comme victimes d’un viol par des terroristes afin de bénéficier d’une indemnisation, les victimes doivent déposer un dossier auprès du wali de leur lieu de résidence. « Lors de la constitution du dossier d’indemnisation, déposé dans tous les cas auprès du wali, lieu de résidence de la victime, celle-ci est dispensée de présenter d’autres éléments de preuve que le procès-verbal des services de sécurité », précise encore le décret. De nombreuses femmes ont été violées par des terroristes durant la Décennie noire des années 1990.
Maitre Merouane Azzi, président du Comité de suivi de la mise en œuvre des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, affirme dans une déclaration au site Al Hadath (www.alhadath-dz.com) que 15 femmes victimes de viol de la part des terroristes ont été recensées officiellement par son comité.
Pour Cherifa Kheddar de l’association Djazaïrouna, cette reconnaissance n’est pas suffisante. « C’est de la poudre aux yeux ! », lance-t-elle d’emblée. « Comment voulez-vous qu’on puisse se réjouir d’un décret reconnaissant ces femmes victimes de viol par les terroristes alors que leurs violeurs sont protégés par une charte ? », s’interroge-t-elle.
Mme Kheddar affirme que personne ne dispose actuellement de chiffre exact concernant les femmes victimes de viol par les terroristes. « Les services de sécurité n’ont jamais fait état de ce drame. En fait, ils n’ont jamais donné l’importance à ce dossier », assure-t-elle.
Pour Nassira Dutour de SOS Disparus, il s’agit d’une « bonne chose ». « Ce que je déplore, c’est que ça intervient des années plus tard et puis il ne suffit pas d’indemniser les victimes, il faut une prise en charge notamment psychologique. J’aimerais bien que ce décret s’applique aux femmes violées dans les commissariats, », dit-elle. Sur le nombre des femmes ayant subi ce drame, Mme Dutour précise : « Je n’ai pas d’éléments précis là-dessus, mais les associations évoquent 3 000 cas ».