Réconciliation nationale : L’Algérie présente son «expérience»
par Z. Mehdaoui, Le Quotidien d’Oran, 30 juin 2013
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), sur invitation de l’Algérie, a tenu hier à Club des pins à Alger une rencontre autour de la thématique de la «Réconciliation nationale, facteur crucial pour la sécurité, la stabilité et le développement durable en Afrique». Cette réunion, qui coïncide avec la célébration du cinquantenaire de la fondation de l’OUA/UA, s’inscrit, notent les organisateurs, dans une perspective d’enrichissement de la démarche de l’Union africaine pour la paix et le développement. L’expérience algérienne en matière de réconciliation nationale a été présentée par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Ce dernier, à ce sujet, a fait savoir que l’Algérie a su mettre en échec une «entreprise de subversion» (le terrorisme ndlr) qui avait des ramifications transnationales par une lutte légitime, dans un premier temps, grâce à la mise en place par la loi de la «Rahma» en février 1995 de mesures de clémence destinées à travers le «repentir» à réinsérer socialement ce qu’il qualifie de «personnes abusées de bonne foi». Cette démarche, ajoute le ministre, a progressivement permis de dégarnir les rangs des terroristes, de démanteler les réseaux de soutien et de reprendre le contrôle de leurs principaux sanctuaires. «Ces coups de boutoir portés au terrorisme ont conduit à l’adoption par référendum en septembre 1999 de la loi sur la Concorde civile, qui a constitué une étape décisive du retour à la paix avec repentance de plusieurs milliers de terroristes, la dissolution de groupes terroristes et à l’implosion et l’affaiblissement des autres», souligne le chef de la diplomatie algérienne devant de nombreux diplomates africains venus s’enquérir de l’expérience de notre pays, qui a vécu des moments extrêmement violents dans les années 1990.
La réconciliation nationale, affirme Medelci, a été d’abord consacrée en choix souverain de l’écrasante majorité du peuple algérien qui a fait, dit-il, sienne la charte pour la paix et la réconciliation nationale à travers le referendum du 29 septembre 2005. Grâce à cette réconciliation, poursuit Medelci, l’Algérie a consolidé la paix, la sécurité et la stabilité, approfondi le processus démocratique et engagé d’ambitieux programmes de développement socioéconomiques.
A l’instar de l’Algérie, plusieurs autres pays devaient, hier, présenter leur «expérience» et les mécanismes mis en place pour arrêter l’effusion de sang et tenter de réconcilier le «bourreau» et la victime sur la base de la justice. Les organisateurs ont passé en revue les expériences africaines en matière de réconciliation nationale pour prévenir les crises, régler les conflits et consolider la paix. En fait, selon les intervenants, il s’agit d’asseoir les fondements d’une paix et d’une sécurité durables pour consacrer toutes les énergies et les ressources africaines au seul combat qui vaille qui est celui du développement et de l’éradication de la pauvreté. Toutefois, même si la réconciliation est essentielle pour réussir la transition entre la guerre et la paix, il n’en demeure pas moins qu’il n’existe pas de «feuille de route» prédéfinie pour l’appliquer à un quelconque pays, note un rapport présenté par la présidente de la Commission sur la paix, la justice et le développement. Le rapport soutient que bien que l’arrêt de la violence et l’appui à la négociation d’accords de paix soient les premières mesures essentielles pour éloigner un pays du spectre de la guerre, les défis auxquels font face les acteurs concernés sont considérables. Relever ces défis exige des négociations minutieuses et patientes, à un moment où les ingrédients clés pour la réussite de négociations sont absents, estime la présidente qui pense savoir que la prévention contre les conflits doit être une priorité de l’UA. En ce sens, la présidente a appelé à la mise en place d’un outil continental de prévention structurelle des conflits.