«Il y a des dossiers plus compliqués que celui des disparus»

Me AZZI, PRÉSIDENT DE LA CELLULE D’ASSISTANCE JUDICIAIRE POUR L’APPLICATION DE LA CHARTE POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION NATIONALE :

«Il y a des dossiers plus compliqués que celui des disparus»

Le Soir d’Algérie, 6 mai 2013

Les terroristes continuent de descendre des maquis et rien que pour les deux derniers mois, vingt-cinq se sont présentés devant les services compétents pour bénéficier des dispositions de la loi relative à la réconciliation nationale, a affirmé, hier, le président de la Cellule d’assistance judiciaire pour l’application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Me Merouane Azzi.

Lyas Hallas – Alger (Le Soir) – Ces vingt-cinq «repentis» qui se sont rendus dans les wilayas d’Illizi, Tlemcen et Relizane, portent le nombre des bénéficiaires de cette loi à hauteur de 8 500. «Avec ceux qui se sont rendus dans le cadre de la concorde civile (6 500), ils sont près de 15 000 à avoir bénéficié des mesures prises pour rétablir de la paix», a précisé Me Azzi. Il a souligné que la «récupération de ces égarés explique l’amélioration de la situation sécuritaire dans le pays où les résidus du terrorisme n’opèrent plus que dans un périmètre géographique limité, cherchant plutôt l’effet médiatique». Dans le même contexte, Me Azzi a noté que la lutte antiterroriste n’a pas connu pour autant de répit et que les services de sécurité ont éliminé 1 900 autres terroristes depuis 2006. Il a également précisé que le bilan de cette lutte fait état de l’élimination de 17 000 terroristes depuis l’avènement de la «tragédie nationale». «L’Etat a indemnisé la plupart des familles des terroristes abattus, soit près de 11 200», a-t-il ajouté. Evoquant le dossier des disparus, Me Azzi a estimé que la réconciliation nationale pose des questions plus lancinantes que celle des disparus, dont la quasi-totalité des familles ont accepté l’indemnisation. «L’intérêt du pays exige des concessions de la part de tout le monde. Or, sur les 7 100 familles ayant présenté des dossiers, certaines n’ont pu établir des P-V de disparition exigibles pour extraire le certificat de décès, mais une trentaine seulement a refusé l’indemnisation et continue d’exiger la vérité. Une trentaine de dossiers que les ONG et les instances onusiennes continuent à utiliser pour faire pression sur l’Algérie», a-t-il regretté.

Aucun repenti n’a bénéficié d’indemnisation

Le montant des indemnisations pour les terroristes abattus et les disparus est d’environ 180 millions de centimes. Cela aura ainsi coûté à l’Etat près de 33 milliards de dinars (330 millions d’euros environ), budgétisés sous le chapitre de la solidarité nationale. Il a, par ailleurs, démenti les informations selon lesquelles, des repentis auraient bénéficié d’indemnisations : «Je défie quiconque de le prouver. Je précise néanmoins que certains ont bénéficié des mécanismes d’aide à l’emploi (Ansej…), comme tous les citoyens. La loi sur la réconciliation nationale le permet. Certains ont peut-être blanchi l’argent qu’ils rackettaient quand ils étaient au maquis mais nous ne sommes pas habilités à enquêter sur ces gens-là. » Me Azzi a aussi révélé que sa cellule a porté devant le président de la République une quinzaine de suggestions pour le parachèvement du processus de réconciliation nationale. Il s’agit, selon lui, de dossiers plus compliqués et plus lourds mais qui ne «bénéficient» pas du même niveau de médiatisation. «L’identification des enfants nés dans les maquis, les femmes violées, les victimes du terrorisme, les internés du Sud… sont autant de dossiers qui restent en suspens et qui nécessitent une assise juridique pour pouvoir les résoudre», a-t-il énuméré. Il convient, enfin, de signaler que 41 enfants ont été identifiés sur les 100 dossiers présentés à la justice. «Les autres dossiers butent devant l’absence du père et d’un mécanisme juridique permettant d’opérer des examens de paternité pour les identifier», a-t-il conclu.
L. H.