Transport en Afrique: Beaucoup de retard à rattrapper
Transport en Afrique
Beaucoup de retard à rattrapper
par Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 22 avril 2008
Des experts des pays africains sont réunis, depuis hier, au Palais des Nations (Club des Pins), pour préparer les travaux de la première session de la conférence des ministres africains des Transports. L’ouverture des travaux s’est déroulée en présence du ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui.
L’objectif de cette première session est d’abord de faire un état des lieux des différents modes de transport en Afrique, puis de «définir et d’adopter une vision africaine cohérente du secteur des transports» et de discuter de la «complémentarité des questions de développement des infrastructures et des services de transports en Afrique, à travers l’examen des différentes activités et des projets en cours».
Les experts devront, aussi, dégager une démarche commune en matière de «sécurité, de sûreté et de protection de l’environnement», s’engager vers des «mesures de facilitation encourageant la compétitivité». Pendant les 3 jours de travaux, les experts devront mettre en place des plans d’actions dans les sous-secteurs du transport.
A noter que cette réunion a été précédée de plusieurs conférences ministérielles des différents sous-secteurs des transports. La première s’est déroulée, en 2005, en Afrique du Sud sur le transport aérien, suivie en 2006 au Congo, sur le transport ferroviaire, puis au Nigéria pour le transport maritime. La dernière réunion, qui a été consacrée au transport terrestre, s’est déroulée, en octobre 2007, en Afrique du Sud.
Ces travaux interviennent dans le cadre du «plan stratégique 2004-2007» adopté par la Commission de l’Union africaine pour élaborer un programme de développement des infrastructures appelé «Relier l’Afrique».
Beaucoup de travail reste à faire pour réaliser ce programme sans lequel le développement économique du continent ne pourra voir le jour. L’état des lieux, dressé hier, par la représentante de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Marie Thérèse Guiebo, atteste d’un retard considérable. Selon elle, l’Afrique a les coûts de transport «parmi les plus élevés au monde». «Ils constituent en moyenne 15% des recettes d’exportation des pays, contre 7% des pays en développement des autres continents» et «4% dans les pays industrialisés». Les pays africains sans littoral, comme le Malawi et le Tchad, connaissent une situation «aggravée» puisque le coût du transport atteint jusqu’à 50% .
Selon la même intervenante, le réseau de transport routier en Afrique reste encore très faible puisqu’il ne représente que 7,59 km pour 100 km2. Ce taux est de 2,96 km pour 1.000 km2 pour le réseau ferroviaire. Mme Guiebo constate que les routes transsahariennes, lancées depuis les années 70, ne sont réalisées qu’à 80% . Et comme pour bien décrire la mauvaise situation du secteur des transports en Afrique, l’intervenante a rappelé que pour atteindre Alger, plusieurs participants africains ont dû transiter par… l’Europe! Ils ont dû «attendre des heures, quand on connaît les difficultés pour obtenir les visas Schengen et parfois les traitements humiliants qui y sont associés», ajoute-t-elle. Et pourtant, continue la représentante de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, «nous avons adopté la Décision de Yamoussoukro qui devait nous permettre d’éviter une telle situation, si on l’avait mise en oeuvre comme il fallait».
L’intervenante continue à dresser un état des lieux peu reluisant sur l’état de la sécurité et de la sûreté des ports, aéroports et routes «considérés comme peu sûrs». Selon elle, les accidents de la route sont l’une des «principales causes de mortalité des personnes âgées entre 5 et 55 ans».
Mme Guiebo suggère de «promouvoir un environnement propice aux investissements privés et instaurer la bonne gouvernance».
Les travaux de cette réunion des experts se poursuivront jusqu’à mercredi. Prennent part à cette réunion préparatoire des experts de l’Union Africaine, les directeurs généraux des compagnies aériennes, ferroviaires, maritimes et routières, ainsi que les directeurs généraux des sociétés de gestion des ports, aéroports et chemins de fer. Sont également représentés à ces travaux, des participants de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, ainsi que des unions et des associations de transporteurs et d’armateurs africains.
La communauté des bailleurs de fonds est également présente à travers les représentants de la Banque africaine de Développement (BAD) et de la Banque mondiale.
La première session de la conférence de l’Union africaine des ministres des Transports s’ouvrira jeudi, et durera deux jours.