Du sommet sino-africain à la coopération bilatérale

Le président Bouteflika en Chine depuis hier

Du sommet sino-africain à la coopération bilatérale

El Watan, 4 novembre 2006

Le président Bouteflika est depuis hier à Pékin, où il prendra part, aujourd’hui et demain, au sommet « historique » de coopération sino-africain, qui regroupera 48 chefs d’Etat africains et le président chinois, Hu Jintao.

Accompagné d’une importante délégation, le premier magistrat du pays effectuera également une visite d’Etat en Chine du 6 au 8 du mois courant. Cette visite du chef de l’Etat, qui vient en réponse à l’invitation de son homologue chinois, sera la seconde dans l’ère de Bouteflika, après celle effectuée en 2000. Elle traduit l’intensification de la concertation politique algéro-chinoise dans la perspective de la concrétisation d’un « partenariat stratégique » entre l’Algérie et l’empire du Milieu. La Chine a manifesté depuis quelques années sa volonté de renforcer son partenariat économique avec l’Algérie. Cette volonté a été réaffirmée à travers les différentes visites de hauts responsables chinois en Algérie. En février 2004, le président chinois, Hu Jintao, s’est rendu en Algérie dans une visite d’Etat de deux jours. Une visite que le président Bouteflika avait qualifiée de « jalon important » dans l’approfondissement et le développement de la coopération algéro-chinoise et qui donnera un nouvel élan au développement des relations bilatérales. Mais les efforts chinois pour pénétrer le marché algérien ont commencé bien avant. Quatre ans auparavant, en 2001, le président du comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN, Parlement) de Chine, M. Li Peng, a effectué une visite officielle en Algérie. En 2002, il y a eu la visite du Premier ministre chinois, Zhu Rongji. Plusieurs délégations, notamment dans le cadre de la commission mixte algéro-chinoise, sont venues prospecter en Algérie. C’est ainsi que les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Chine ont atteint un niveau jamais égalé en 2005, avec un montant de 1,7 milliard de dollars. Cela représente une augmentation de 42,7% par rapport à 2004. L’Algérie figure ainsi parmi les pays africains les plus en relations commerciales avec la Chine, si l’on se réfère au volume global des échanges avec le continent noir qui est de l’ordre de 17 milliards de dollars. Elle est ainsi en cinquième position après l’Afrique du Sud, l’Angola, le Soudan et l’Egypte. Ces échanges commerciaux profitent beaucoup plus à la Chine qu’à l’Algérie, avec une balance commerciale nettement en faveur de l’empire du Milieu qui inonde le marché national avec ses produits manufacturés. En effet, l’Algérie importe de Chine pour une valeur de 1,4 milliard de dollars, tandis qu’elle exporte seulement 300 millions de dollars dans le domaine des hydrocarbures. Outre ces échanges commerciaux, les entreprises chinoises ont fait une fulgurante percée en Algérie en accaparant les grands projets lancés durant les sept dernières années. Leur présence est surtout remarquable dans le secteur du bâtiment qui emploie, en outre, quelque 8000 Chinois. D’autres entreprises chinoises, non des moindres, ont investi dans le secteur des hydrocarbures. A l’occasion du sommet de Pékin, le gouvernement chinois a annoncé sa ferme volonté d’investir davantage en Afrique, notamment en Algérie. Reste à attendre les résultats de ce sommet qui devra être sanctionné par une déclaration, qui sera appelée la « Déclaration de Pékin ».

Mokrane Ait Ouarabi