La BAD table sur une croissance à long terme en Algérie
Dans un rapport consacré à l’Afrique du Nord
La BAD table sur une croissance à long terme en Algérie
El Watan, 25 mars 2018
Les réformes structurelles engagées en Algérie pourraient jeter les bases d’une croissance à long terme, selon la Banque africaine de développement (BAD), qui publie pour la première fois un rapport régional consacré à l’Afrique du Nord, dans le sillage de son étude sur les perspectives économiques du continent africain pour 2018.
Pour la BAD, le nouveau plan d’action du gouvernement algérien, adopté en septembre 2017, devrait permettre de poursuivre l’assainissement des finances de l’Etat pour réduire les déficits et limiter les nouveaux emprunts extérieurs. La BAD souligne ainsi que l’objectif du gouvernement algérien «est de parvenir à un équilibre des soldes budgétaire et extérieur d’ici à 2020».
Elle met en relief les réformes — assainissement budgétaire et réformes structurelles — mises en œuvre pour accroître la compétitivité et promouvoir la diversification, estimant que le gouvernement algérien «est déterminé à réduire les obstacles à l’investissement et à la croissance en améliorant le climat des affaires et en attirant des investissements du secteur privé, notamment des investissements directs étrangers (IDE)». Le rapport met l’accent, en outre, sur la volonté de l’Algérie d’arriver, d’ici 2020, à concrétiser la réduction des dépenses courantes à 20% du PIB et celle des dépenses en capital à 10% du PIB, tout en renforçant l’efficacité des investissements par l’amélioration de la sélection, de la mise en œuvre et de l’évaluation des projets.
La BAD souligne aussi la réforme des subventions projetée à travers l’augmentation des prix du carburant et leur remplacement par des transferts monétaires pour protéger les personnes les plus vulnérables ; l’augmentation des recettes fiscales non pétrolières grâce à la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée et des taxes sur les produits de luxe et la réduction des subventions à l’énergie.
Au plan régional, la BAD souligne que l’Algérie a été le troisième principal contributeur à la croissance de la région Afrique du Nord en 2017, après l’Egypte et la Libye. Notre pays a ainsi contribué à la croissance régionale à hauteur de 13,4% en 2017, en baisse par rapport à 2016, puisqu’elle se situait alors à 28%. Un recul qui est lié, selon les conclusions de la BAD, à un ralentissement de la croissance, qui est passée en Algérie de 3,3% en 2016 à 2,5% en 2017.
L’Algérie, troisième contributeur à la croissance régionale
Selon la BAD, «les recettes de l’Etat ont diminué en raison des quotas imposés par l’OPEP en 2016, lesquels ont annulé les gains résultant de la hausse des cours du pétrole». Elle souligne, par ailleurs, que «la vulnérabilité de l’économie et des recettes fiscales de l’Algérie face aux fluctuations du marché mondial du pétrole incite à réformer les dépenses publiques, à rééquilibrer les comptes extérieurs et à diversifier les sources de croissance et de revenus.
Néanmoins, à moyen terme, alors que les cours du pétrole continuent de remonter, les perspectives économiques de l’Algérie restent favorables, avec une croissance projetée à 3,5%, soit une nette amélioration par rapport à 2017». Il est à rappeler, plus globalement, que le nouveau rapport de la BAD sur les perspectives économiques en Afrique du Nord — qui couvre l’Algérie, l’Egypte, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie — analyse les performances macroéconomiques de la région et ses perspectives pour 2018 et 2019. Il examine en outre le lien entre sécurité alimentaire et pauvreté dans les zones rurales.
Selon la BAD, la région Afrique du Nord a connu un rétablissement rigoureux depuis 2010. En effet, signale-t-elle, la croissance du PIB réel en 2017 est estimée à 4,9%, contre 3,3% en 2016, et est supérieure à la moyenne africaine de 3,6%. C’est le meilleur taux de croissance d’Afrique après l’Afrique de l’Est. Cette performance en hausse est due en grande partie, selon la BAD, au volume plus important que prévu de la production et de l’exportation de pétrole de la Libye, lesquelles ont généré une forte croissance du PIB de 55,1%, à la faveur de l’amélioration de la situation sécuritaire résultant des efforts conjoints d’aides régionale et internationale dont a bénéficiées le pays. Les prévisions de croissance pour la région demeurent favorables en comparaison des autres régions (sauf l’Afrique de l’Est), avec une projection de croissance moyenne de 5,0% en 2018 et 4,6% en 2019.
Zhor Hadjam