Afrique: Plaidoyer pour l’annulation de la dette

SYNDICALISTES AFRICAINS

Plaidoyer pour l’annulation de la dette

Le Quotidien d’Oran, 16 mai 2005

Des journées sur les «raisons de la dérive meurtrière du continent africain» ont été organisées par le groupe parlementaire du Parti des travailleurs. Après avoir épluché le sujet deux jours durant, les participants à la rencontre – des syndicalistes de pays africains – ont décidé à l’issue de leurs travaux de relancer la résolution adoptée par les dirigeants africains lors du sommet d’Alger en 1999 et celui de Syrte en Libye, une année plus tard, pour rejeter le principe du paiement de la dette. Celle-ci est donnée pour responsable de tous les maux du continent noir, de ses conflits, de sa misère et de ses guerres.

Le challenge que les syndicalistes estiment en devoir d’affronter porte sur l’urgence de promouvoir une forte mobilisation afin d’élargir le spectre de la solidarité internationale, de sorte à faire pression sur les gouvernements et les amener à adhérer au mot d’ordre du refus. Il s’agit, en l’espèce, d’impliquer aussi dans cette voie, les parlementaires africains auxquels un appel est lancé pour qu’ils prennent en exemple la dernière résolution des députés nigérians qui ont explicitement adopté l’attitude du refus du paiement de la dette.

L’UGTA semble acquise à cette revendication et Sidi Saïd – la rencontre de contacts s’est déroulée à la fin de la première journée des travaux au siège de la centrale de l’UGTA – a pris part à la préparation d’un mémorandum en ce sens avec les syndicats de Côte d’Ivoire, du Togo, du Burundi. Le travail solidaire a intégré l’adoption d’une stratégie d’action de sensibilisation de leurs pairs des pays européens, à travers notamment le bureau du BIT de Genève alors qu’une participation massive est envisagée au congrès et à la conférence syndicale internationale qui auront lieu en juin prochain.

Les syndicalistes africains comptent aussi sur la solidarité active des militants des droits de l’homme américains pour mener une action similaire auprès des organisations syndicales US. Mais il est beaucoup attendu des organisations syndicales africaines, l’UGTA comprise, pour faire aboutir la revendication de l’annulation de la dette africaine. Les participants ont cependant fait part de leur déception de constater que le Nepad, et surtout le dernier sommet du 19 avril à Charm El-Cheikh en Egypte, ne répond pas à la préoccupation fondamentale des représentants des travailleurs africains, puisque, aux lieu et place d’annulation de la dette, l’on n’y a parlé que d’allègement de celle-ci. La secrétaire générale du PT, Mme Louisa Hanoune, qui résumait les recommandations des travaux avant d’organiser une conférence de presse avec les participants à la rencontre de deux jours, s’est appliquée, comme à ses habitudes, à récuser l’analyse des instances internationales sur les causes des dérives du continent africain. L’argument massue de Louisa Hanoune est simple: l’endettement est la résultante du pillage des ressources locales par les multinationales et les institutions internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Des instances qu’elle accuse d’être responsables de la misère et de l’appauvrissement de nos contrées et de susciter des conflits ethniques et tribaux. La revendication de l’annulation de la dette remonte à la rencontre de Caracas en 1967. Les statistiques estiment à 35 milliards de dollars les sommes allouées annuellement au remboursement de la dette, par les 53 pays africains.

Omar S.