Le patron de l’Union africaine à Alger

LE PATRON DE L’UNION AFRICAINE À ALGER

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Publié par Abla Chérif, Le Soir d’Algérie, 11 mars 2018

L’Union africaine est décidée à passer à la phase concrète de la stratégie mise en place pour renforcer l’organisation. Cette démarche nécessite des appuis sûrs. La visite qu’entreprend Moussa Faki, président de la commission de l’UA, s’inscrit dans cette perspective.

Abla Cherif – Alger (Le Soir) – Dans les milieux où on le connaît bien, on le surnomme «l’africaniste». Moussa Faki, dit-on, caresse le rêve d’achever le combat des leaders historiques du continent ayant lutté toute leur vie pour arracher les terres africaines à leur misère, l’humiliation, à leur dépendance.
Le poste de président de la commission de l’UA lui offre l’opportunité d’agir. De grands axes ont été dégagés lors du dernier sommet d’Addis-Abeba, mais il faut à présent les mettre en œuvre. Conscient de la délicatesse de la situation, il va à présent tenter de s’entourer de soutiens solides. Son premier voyage officiel à l’étranger a donc été réservé à l’Algérie. Cette dernière en tire fierté et tient à faire remarquer que ce déplacement «intervient à la veille d’une importante échéance africaine, à savoir le sommet extraordinaire de l’UA qui se tiendra à Kigali (Rwanda). Il sera consacré au lancement de la Zone de libre-échange continental africaine (Zleca)». La même source fait remarquer que le contexte dans lequel intervient cette visite «est marqué par une dynamique spéciale entre notre pays et la commission de l’Union africaine».
Les entretiens prévus entre Moussa Faki et le ministre algérien des Affaires étrangères portera sur «l’ensemble des questions africaines inscrites à l’agenda de l’Union, notamment les réformes en cours de l’organisation continentale et son financement. Les questions de paix et de sécurité en Afrique constitueront également un chapitre important des discussions au regard des efforts soutenus de l’Algérie en faveur de la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique, notamment au Mali et en Libye».
Sur les dossiers en question, le président de la commission de l’UA est en parfaite symbiose avec l’Algérie. Mais il n’ignore pas que l’organisation est confrontée à des problématiques de fond nécessitant des stratégies allant au-delà des efforts fournis jusqu’à présent.
Le dossier du Sahara Occidental figure parmi les points centraux ayant entraîné une certaine dissidence au sein de l’UA. Le lobby africain aligné sur les positions marocaines a engendré un malaise certain. Depuis l’entrée du Maroc, plusieurs pays militent en effet pour laisser le dossier sahraoui à la charge exclusive des Nations-Unies, ce que refuse catégoriquement Moussa Faki.
Au lendemain du cessez-le-feu signé entre Hassan II et le Front Polisario, un plan destiné à l’organisation d’un référendum d’autodétermination a été mis en place sous l’égide de l’ONU et de l’OUA. Faki est décidé à s’en tenir là et l’a prouvé lors de la 28e conférence de l’UA en appelant à la reprise rapide des pourparlers directs entre le Maroc et la RASD (République arabe sahraouie démocratique). Pour aller plus loin, il lui faudra des appuis sérieux. L’Afrique du Sud, l’Algérie et d’autres poids lourds du continent sont décidés à lui fournir les appuis politiques recherchés. Lui restera alors un autre long chemin à parcourir pour parvenir à un autofinancement africain de l’organisation, seul à même de la libérer de toutes manipulations extérieures. La tâche est ardue, mise en péril par bien des opérations qui se mènent en Afrique au nom de la lutte antiterroriste.
A. C.