Mandela utilisé jusqu’à l’impudeur par le clan présidentiel algérien

Mandela utilisé jusqu’à l’impudeur par le clan présidentiel algérien

Hayet Zitouni, TSA, 10 décembre 2013

Alors que Nelson Mandela est aujourd’hui célébré par le monde entier, comment faire oublier qu’Abdelaziz Bouteflika est l’un des seuls chefs d’État avec l’Israélien Netanyahou à ne pas avoir fait le voyage à Soweto pour la cérémonie universelle.

Bouteflika est visiblement incapable de faire pareil voyage, mais il ne sera pas dit que ses proches n’auront pas tout mis en œuvre pour tenter de le faire exister dans cette séquence d’émotion mondiale. Jusqu’à l’impudeur. Ainsi, deux proches du président algérien, le ministre de la Communication et un sénateur du tiers présidentiel, auront dépassé les bornes, toute honte bue, pour capter des bouts du linceul du père de la nation Arc-en-ciel.

Aucune autorité algérienne, en ce jour sacré, ne rend hommage à l’œuvre et à l’héritage du grand homme noir, au contraire il s’agit de tout faire pour raconter ce que Mandela doit à l’Algérie. Quand le monde entier s’incline aujourd’hui devant Mandela, les responsables algériens ne craignent pas de répéter à longueur de journée ce que l’Algérie a fait pour lui. Comme une indécente captation de cadavre.

À entendre les thuriféraires de la présidence Bouteflika, c’est Mandela qui devait tant de choses à l’Algérie. Et de réécrire l’Histoire de manière à donner le beau rôle à Bouteflika : à les lire, c’est quasiment lui, Bouteflika, qui a mis fin à l’apartheid : « la première grande victoire de la lutte contre l’apartheid en 1974 », alors que Bouteflika présidait l’Assemblée générale de l’ONU « pour parachever la stratégie de la liquidation de l’apartheid, c’était bien là le commencement de la fin », veut croire le sénateur Djamel Ould Abbes.

Les 27 années de prison de Mandela, sa force de caractère et sa conscience devraient, à entendre ces Algériens, finalement peser de peu de poids à côté de l’action de Bouteflika, alors diplomate à l’ONU. Pourtant, c’est d’une autre Algérie dont il est ainsi fait mention. Celle de véritables révolutionnaires, avant l’Algérie de la corruption des hommes et des valeurs, celle qui empêche aujourd’hui même d’accueillir des réfugiés syriens en leur demandant de débourser 4 000 euros.

Il s’agit là d’une Algérie qui fait mine d’oublier que Nelson Mandela s’il a libéré son peuple, n’a, lui, fait qu’un seul mandat présidentiel et que c’est en grande partie pour cela qu’il suscite l’admiration auprès des Algériens. Il savait que l’alternance des hommes était une condition de la respiration d’un pays. Mais de cela, les supporters du quatrième mandat ne veulent surtout pas parler pour tenter de faire oublier que leur grand homme a été incapable de se déplacer à des funérailles mondiales. Et de tenir son rang. En silence.