Impact de la création prochaine d’une zone de libre-échange africaine sur l’Algérie
Impact de la création prochaine d’une zone de libre-échange africaine sur l’Algérie
Des opportunités d’affaires et des contraintes
Liberté, 24 mars 2018
La dixième session de la conférence de l’Union africaine (UA), tenue la semaine dernière à Kigali, a débouché sur la création prochaine d’une zone de libre-échange continentale (ZLEC) d’ici un an. Un pas positif pour l’intégration économique au sein du continent. Mais il reste un long chemin à faire pour que se construise, un objectif ultime, l’union économique africaine, une zone où les flux de biens et services, de personnes, d’argent et d’investissements sont libres. D’abord, cette zone de libre-échange africaine reste à construire. Approuvée jeudi dernier par la grande majorité des pays africains, 44 pays au total, cette décision devra être ratifiée par 22 pays africains au moins. Ce qui demandera au moins un an. Son contenu devra être défini, essentiellement la réduction tarifaire, au cœur de cette intégration qui est censée accroître les échanges commerciaux inter-africains. Une question qui sera au cœur des discussions au sein de l’Union africaine, un sérieux préalable avant que cette zone soit opérationnelle en 2019 selon le planning de l’UA. Le défi est énorme : les échanges commerciaux inter-africains ne représentent que 13% de leurs échanges commerciaux globaux.
Pour l’Algérie, la création de cette ZLEC offre de grandes opportunités. Elle donne un signal à l’adresse des pouvoirs publics et des opérateurs en vue de renforcer la capacité de la production nationale à satisfaire à la fois les besoins nationaux et à dégager des excédents à l’exportation. Elle offre ainsi cette possibilité de développer de façon conséquente et plus rapidement les exportations algériennes hors hydrocarbures.
De par sa position géostratégique favorable, à la porte de l’Afrique, l’Algérie pourrait être la grande plateforme industrielle, la grande usine du continent. L’industrie algérienne, encouragée, présente des atouts à l’exportation notamment dans les secteurs du médicament, du véhicule, de la mécanique, de l’agroalimentaire, de l’électronique, de la chimie, des TIC.
Notre pays pourrait faire valoir ces atouts et développer des partenariats avec des entreprises européennes, nord-américaines pour un transfert technologique en vue de diversifier les produits à destination des pays tiers africains. Mais encore faut-il enclencher une véritable dynamique économique en Algérie, lever les freins politiques à la libération de l’initiative privée, créer un écosystème favorable à la production, à l’investissement et à l’exportation. On en est loin. À l’import, les opérateurs algériens pourraient profiter des avantages de cette zone pour entrer directement en contact avec les fournisseurs de matières premières : en particulier de café, cacao, bananes, coton et s’abstenir de faire appel à des intermédiaires. Ce qui rendrait les importations en ces produits moins chères. Là, il faudrait qu’une bonne partie des importateurs dans ces créneaux se professionnalisent. D’autres contraintes peuvent surgir une fois la zone africaine de libre échange opérationnelle et qui risquent d’entraver la progression des flux commerciaux entre l’Algérie et les pays tiers africains. La plus importante, nous semble-t-il, concerne les règles d’origine. Si l’Algérie ne prend pas de précautions, elle risque d’être envahie par des produits présentés comme produits africains (taux d’intégration d’au moins 40%) mais qui sont en fait des produits finis fabriqués en Asie, en Europe ou en Amérique du Nord.
K. Remouche