Quelle place pour l’Afrique dans la gouvernance mondiale ?

Ahmed Ouyahia a participé au sommet G8-Nepad

Quelle place pour l’Afrique dans la gouvernance mondiale ?

Le Jeune Indépendant, 11 juillet 2009

Le sommet G8-Nepad a été sanctionné par l’adoption de trois documents qui serviront à baliser la voie d’un partenariat renforcé entre l’Afrique et les huit puissances industrielles. Ces dernières ont non seulement maintenu mais renforcé leurs engagements en direction de l’Afrique. Ainsi, il s’agit d’honorer les promesses prises lors du G8 de Gleneagles en 2005 en complétant l’aide promise au continent africain avec une rallonge de 25 milliards de dollars qui viendront s’ajouter aux 50 milliards décidés sous la présidence britannique du G8.

Les trois documents en question sont le communiqué conjoint Afrique-Nepad dans le cadre du partenariat avec le G8, la déclaration sur l’eau et sur l’assainissement, et enfin la déclaration sur l’importance de la sécurité alimentaire pour l’Afrique. Ces documents de travail résument, à eux seuls, les enjeux auxquels fait face le continent.
Mais quelle est la place de l’Afrique dans un monde déboussolé par la crise financière internationale ? C’est la question que se sont posée les dirigeants des pays participants à cette réunion G8-Nepad, parmi lesquels le Premier ministre Ahmed Ouyahia désigné par le président Bouteflika pour le présenter à L’Aquila.
Ainsi, un regard particulier a été accordé lors de cette rencontre à une implication de plus en plus grande de l’Afrique dans tous les processus de négociation de la nouvelle architecture financière mondiale, mais également de la gouvernance mondiale.
Les pays africains plaideront, à cette occasion, pour une meilleure participation de l’Afrique aux réformes des institutions internationales. La volonté est manifestée clairement ; le continent africain ne veut pas rester en marge des mutations mondiales. Déjà l’Afrique est présente dans différents forums qui servent de brainstorming pour mettre en place des mécanismes de la gouvernance mondiale : l’Afrique du Sud est membre du G20 et du G5, et l’Egypte a été invitée à prendre part à L’Aquila au G8+G5. Mais cette représentativité est cependant loin de refléter les ambitions et les potentialités du continent. Reste que l’Afrique a ses propres défis à relever, ses problèmes qui, souvent, hypothèquent tout avenir et toute volonté de décollage du continent. La rencontre de L’Aquila a donc débattu la question des changements climatiques et leurs conséquences sur l’Afrique, ainsi que de questions relatives à la paix et à la sécurité et surtout à la question du terrorisme et ses connexions.
Et comme le climat détermine le développement des activités humaines et au premier chef desquelles l’agriculture, une importance particulière a été accordée à ce secteur au niveau mondial et africain. Déjà, le président américain Barack Obama a annoncé une initiative de 15 milliards de dollars du G8 et de pays émergents pour garantir la sécurité alimentaire dans le monde. Auparavant, le Premier Ministre britannique Gordon Brown s’était alarmé d’une «catastrophe de la faim imminente». L’objectif est de permettre aux pays les moins favorisés de revenir à des niveaux suffisants de cultures vivrières.
Le sommet s’est également penché sur la gestion des terres agricoles, face notamment aux achats massifs de surfaces cultivables en Afrique. Le G8 veut «élaborer une proposition concernant les principes et les bonnes pratiques de l’investissement agricole international».
Pour le reste, il s’agira pour le G8 de réaffirmer ses promesses d’augmenter l’aide publique au développement en faveur de l’Afrique et d’accroître, «avec d’autres donateurs», de 25 milliards de dollars par an cette aide sur la période 2004-2010. Des promesses vieilles de 2005, date du sommet de Gleneagles, et qui sont, pour une grande partie, restées lettre morte, au grand dam des pays africains et des organisations non gouvernementales. Selon l’Onu et l’Union africaine, près d’un quart seulement de la somme initialement promise a été versé.
Pour rappel, les pays africains participant au sommet G8-Nepad sont les 5 pays initiateurs du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Algérie, Afrique du Sud, Egypte, Nigeria et Sénégal) plus le président en exercice de l’Union africaine (Libye), le président du Comité de mise en œuvre du Nepad (Ethiopie) et du président de la Commission africaine. Pour cette année, l’Angola a été convié à participer à cette réunion.
M’hamed Khodja