Le forum Chine-Afrique s’ouvre demain au Caire

Le forum Chine-Afrique s’ouvre demain au Caire

Le poids de la puissance émergente en Algérie

Par : Meziane Rabhi, Liberté, 7 novembre 2009

La Chine, dont les échanges économiques avec l’Algérie étaient insignifiants à la fin des années 1990, est devenue en 2008 son deuxième fournisseurs, et ses groupes y décrochent des contrats de plusieurs milliards de dollars, protestant parfois quand ils perdent des appels d’offres.

L’Égypte accueillera dimanche et lundi prochains le 4e Forum sur la coopération Chine-Afrique destiné à appuyer des relations économiques florissantes. Cette manifestation triennale – les éditions 2000 et 2006 se sont tenues à Pékin, celle de 2003 à Addis Abeba – traduit les ambitions politiques et les appétits économiques de la première puissance émergente du monde. Le continent africain retrouve, ces dernières années, un certain intérêt stratégique dans le calcul des grandes puissances, dont la Chine. C’est évidemment son pactole actuel – et futur – qui excite la Chine. Pékin, affamé de pétrole, importe déjà d’Afrique près de 20% de sa consommation et submerge le continent de contrats miniers à long terme. Le commerce sino-africain a été multiplié par vingt en dix ans.
Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint 106,8 mds USD en 2008, une hausse de 45,1% sur un an. La Chine est devenue un des principaux partenaires commerciaux de l’Afrique en quelques années, bousculant ainsi les intérêts français et américains. Cependant, les responsables chinois, pour répondre à ces détracteurs, affirment que leur pays ne voit en l’Afrique qu’une vaste carrière d’où ils extraient des matières premières stratégiques ou un continent duquel ils pompent le précieux or noir. La Chine investit aussi beaucoup en Afrique. Selon les statistiques officielles chinoises, les investissements directs chinois sur ce continent ont ainsi fait un bond de 491 millions de dollars en 2003 à 7,8 milliards fin 2008, imposant Pékin comme un partenaire majeur face aux Occidentaux. “Nous allons augmenter nos investissements sur le continent”, avait annoncé le président chinois Hu Jintao lors de sa dernière tournée en Afrique, en février 2009, en pleine crise financière mondiale. De fait, les IDE chinois en Afrique ont progressé de 81% au 1er semestre 2009. Sur la même période, les entreprises chinoises ont signé pour 22,5 milliards dollars de contrats de main-d’œuvre avec des pays du continent, soit une augmentation de 25% par rapport à la même période de l’année 2008. Le gouvernement chinois a créé un Fonds spécial Chine-Afrique d’un montant initial d’un milliard de dollars pour inciter les entreprises chinoises à investir en Afrique.

Présence chinoise en Algérie

Selon l’AFP, la Chine, dont les échanges économiques avec l’Algérie étaient insignifiants à la fin des années 1990, est devenue en 2008 son deuxième fournisseur et ses groupes y décrochent des contrats de plusieurs milliards de dollars, protestant parfois quand ils perdent des appels d’offres. Les exportations chinoises vers l’Algérie s’élevaient à 2,7 milliards de dollars en 2008 et les groupes chinois sont fortement implantés dans le secteur des grands travaux et du bâtiment, avec des contrats dépassant les 15 milliards de dollars depuis 2000. Les Chinois sont les grands bénéficiaires des deux plans de relance économique de plus de 200 milliards de dollars lancés par l’Algérie en 2001 et 2005 pour développer et moderniser les infrastructures de base et le logement. Parmi les grands contrats attribués aux Chinois figure la construction de 600 km d’autoroute attribuée en 2006 au groupement Citic-CRCC pour plus de six milliards de dollars. En 2007, le groupement chinois CGC-SIPSC a obtenu un contrat de deux milliards de dollars pour la réalisation d’un réseau de transfert des eaux souterraines d’In-Salah à Tamanrasset sur 750 km, dans le Sahara algérien. Le groupe chinois CSCEC a décroché plusieurs contrats publics pour la construction de dizaines de milliers de logements financés par l’État algérien, grâce à l’argent du pétrole. De son côté, le groupe chinois CCECC a remporté des contrats de plus de 3,5 milliards de dollars dans les chemins de fer. En août dernier, l’ambassadeur de Chine à Alger a dévoilé le montant des investissements chinois en Algérie. Selon le diplomate, qui s’était exprimé en marge d’une visite d’un tronçon de l’autoroute Est-Ouest, dont la réalisation est assurée par le groupement chinois Ciyic-CRCC, les entreprises de son pays ont investi seulement 800 millions de dollars, indiquant que “la Chine est déterminée à augmenter le volume des investissements en Algérie en intervenant dans d’autres secteurs”.