La force africaine relancée à partir d’Alger

Elle prévoit la mise en place de cinq brigades régionales

La force africaine relancée à partir d’Alger

Par Abdelhalim Mouhou, Le Jeune Indépendant, 18 octobre 2008

Le commissaire à la paix et à la sécurité auprès de l’Union Africaine (UA), M. Ramtane Lamamra, a annoncé au Jeune Indépendant qu’«à partir d’aujourd’hui, il y aura à Alger une réunion sur la mise en place opérationnelle de la force africaine en attente». Il a ajouté que cette rencontre verra la participation de «cinq brigades régionales, dont une pour l’Afrique du Nord comprenant tous les pays nord-africains membres de l’UA». Le Maroc est le seul pays de cette région qui n’est pas membre de cette organisation continentale. M. Lamamra a indiqué au sujet de cette rencontre que «l’intégration africaine se fait également au niveau des forces de sécurité».

Alger a accueilli, hier et avant-hier, un atelier régional pour l’Afrique du Nord sur la mise en œuvre du Programme frontières de l’Union africaine (PFUA), un programme qui a pour objectif général la prévention structurelle des conflits et la promotion de l’intégration régionale et continentale.
Cet atelier a été organisé par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), basé à Alger et relevant du Conseil paix-sécurité de l’Union africaine (UA). La rencontre d’Alger a vu la présence de représentants du secrétariat des Nations unies, de la commission économique des Nations unies pour l’Afrique et des Commission économiques régionales (CER) africaines, ainsi que de ceux de la Commission des frontières du Nigeria et d’autres institutions compétentes.
Les axes de réflexion de cet atelier ont tourné autour de trois points : la délimitation et la démarcation des frontières, la coopération transfrontalière, y compris celle d’initiative locale, et enfin le renforcement des capacités de cette région.
Dans son allocution d’ouverture, le commissaire à la paix et à la sécurité auprès de l’UA, l’Algérien Ramtane Lamamra, a succinctement rappelé le cadre conceptuel et politique qui a présidé à l’élaboration du PFUA.
Il a ainsi rappelé que le principe de «l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation» a été adopté par la première session de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA, tenue au Caire en juillet 1964. Il a toutefois relevé que «cette décision politique de grande portée n’a pas été suivie d’une action résolue, destinée à délimiter et à démarquer les frontières africaines».
Moins d’un quart des frontières africaines sont délimitées «Les frontières africaines ont été et demeurent un facteur récurrent de conflits […] et l’existence de ressources naturelles et autres richesses dans les zones transfrontalières pose de nouveaux défis», a-t-il dit en regrettant le fait que «près d’un demi-siècle après l’émancipation politique du continent, la délimitation et la démarcation des frontières africaines continuent de se heurter à des problèmes multiples, y compris d’ordre technique et financier».
Il a indiqué que jusqu’à aujourd’hui «moins d’un quart des frontières africaines sont délimitées et démarquées». «Cette situation est, d’évidence, lourde de dangers», a averti M. Lamamra qui explique que ces «zones floues» sont à l’origine de «tensions et de malentendus encore plus graves entre Etats».
En marge de la rencontre, M. Lamamra a expliqué que «délimiter les frontières ne vise pas à séparer les peuples mais à supprimer toutes limites au bon voisinage, au partenariat et à la convivialité entre populations». «Les zones frontalières doivent devenir des points d’application privilégiés des programmes d’intégration du continent aux plans économique, culturel et social». «Nous sommes résolument dans la logique des Etats-Nations qui doivent évoluer vers les rassemblements régionaux, vers les regroupements puis vers l’intégration continentale», a conclu M. Lamamra. A. M.