Une feuille de route énergétique pour l’Afrique
par Z. Mehdaoui, Le Quotidien d’Oran, 18 février 2008
La commission africaine de l’Energie (AFREC) est officiellement lancée, hier, au terme de la réunion d’une trentaine d’experts africains de l’énergie qui ont travaillé durant deux jours pour mettre au point «la feuille de route» qui lie, désormais, les pays africains, dans le domaine de l’énergie.
Tous les participants à la rencontre des ministres africains de l’Energie qui s’est déroulée à l’hôtel «El-Aurassi» ont salué les efforts déployés durant sept années par l’Algérie pour concrétiser un projet qui devenait, de plus en plus, nécessaire face à une mondialisation effrénée qui ne fait pas de cadeau.
«L’Afrique était la seule grande région qui ne disposait pas de commission de l’énergie», s’est désolé, hier, le secrétaire général de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), lors de son intervention à la conférence des ministres africains de l’Energie en soulignant qu’avec le lancement, enfin, de l’AFREC à Alger, ce sont tous les pays africains qui en bénéficieront.
Le représentant de la Commission européenne, quant à lui, après le lancement de l’AFREC, parle, déjà, de partenariat Afrique/UE dans le domaine énergétique. Une rencontre dans ce cadre serait même programmée à Bruxelles prochainement (20 et 21 février 2008, selon certaines sources).
Une autre rencontre entre les ministres de l’Energie d’Afrique du Nord et la Banque mondiale est, également, programmée aux Etats-Unis, a indiqué le représentant de cette institution financière internationale sans, toutefois, préciser de date.
Il soulignera, par ailleurs, que la Banque mondiale a financé, ces trois dernières années, pour 11 milliards de dollars des projets d’investissements dans le secteur énergétique alors que l’Afrique, qui ne disposait pas d’institution représentative, n’a bénéficié que de 4 milliards.
Pour M. Bernard Zoba, commissaire chargé des infrastructures et de l’énergie à la commission de l’Union africaine, le lancement, en 2001, du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) constitue une étape dans la définition de la stratégie globale du continent en matière d’énergie.
«La commission africaine de l’énergie que nous lançons officiellement, aujourd’hui, est une institution indispensable, créée par les plus hautes autorités africaines, en vue de promouvoir la coopération et l’intégration régionale et continentale dans le secteur de l’énergie en Afrique», a-t-il déclaré non sans rappeler les efforts consentis par l’UA, depuis son entrée en fonction en 2003, pour mettre en place des «politiques énergétiques continentales appropriées et un plan directeur africain de développement de l’énergie électrique».
«Cette conférence est l’aboutissement heureux d’un long processus qui a pris naissance lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement africains, à Lagos, en 1980», s’est félicité pour sa part le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, en soulignant que cela consacre la mise en place d’un maillon important du dispositif institutionnel pour le développement économique du continent africain. La question de l’énergie, note le ministre est l’objet d’enjeux géostratégiques globaux, dont l’Afrique, de par son potentiel en ressources et les perspectives de ses besoins à long terme, est concernée en premier chef.
«Nous sommes convaincus qu’un développement durable de l’Afrique passe par une intégration économique du continent, avec l’adaptation aux exigences d’une économie performante de marché, au service de nos concitoyens», ajoute Khelil, en indiquant qu’il appartient, aujourd’hui, aux pays africains de relever les défis d’intégration et d’adaptation, notamment dans le domaine de l’énergie et de contribuer, ainsi, à la réalisation d’un développement durable de l’Afrique.
Chakib Khelil qui rappellera, devant une trentaine de ses homologues africains, le programme du NEPAD qui accorde, dit-il une place de choix à l’intégration et au développement énergétiques du continent, soulignera que le programme qui privilégie la coopération régionale et continentale, offre des opportunités de partenariats sur des projets d’envergure avec les opérateurs non africains.
Le ministre citera l’exemple du futur gazoduc transsaharien (TSGP) reliant le Nigeria et l’Algérie, d’une capacité de 25 milliards de m3 par an et qui permettra, explique t-il de réduire les volumes des gaz torchés tout en mettant à la disposition de millions d’Africains habitant les zones traversées, l’énergie nécessaire à leur développement.
Avec le lancement de l’AFREC, dont le siège est à Alger, l’Afrique s’est dotée d’un cadre institutionnel approprié pour promouvoir la coopération énergétique à l’échelle du contient, note encore le ministre, en rappelant que le continent qui connaît la plus forte croissance de la production de son histoire, avec de nouveaux producteurs, enregistre en parallèle l’un des taux de consommation d’énergie commerciale par habitant des plus faibles au monde.
Le ministre de l’Energie et des Mines a affirmé que l’AFREC est un instrument au service du développement de l’Afrique mais également le lieu privilégié pour définir le futur énergétique du continent pour élaborer et mettre en oeuvre sa politique énergétique.
Il soulignera à ce sujet que l’Union africaine et les pays membres ont, envers l’AFREC, un devoir d’appui politique et financier pour la réalisation de son programme d’action.