La crise du Kenya s’impose au 10e Sommet de l’UA

La crise du Kenya s’impose au 10e Sommet de l’UA

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 30 janvier 2008

Officiellement, le 10e Sommet ordinaire de l’Union africaine, qui se déroulera du jeudi au samedi dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, devrait «plancher» sur la thématique du «Développement industriel africain». Pour aussi crucial et d’actualité que soit l’examen de cette problématique par les chefs d’Etat du continent, ceux-ci se verront toutefois contraints de lui consacrer un temps restreint. Forcés qu’ils seront de se confronter à des questions du moment, dont la délicatesse et l’urgence pour certaines rendent impossible l’évacuation ou le différé.

Au premier rang de celles-ci, il y a la crise qui ébranle le Kenya et, par ricochet, ternit encore plus l’image du continent, déjà passablement affectée par d’autres conflits auxquels l’Union africaine n’a pu apporter de solution. Dans le cas du Kenya, où la contestation par l’opposition de la réélection du président Mwai Kibaki a dégénéré en affrontements tribaux, l’Union africaine tente une médiation entre les parties en conflit, qu’elle a confiée à l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. L’échec pour l’heure des efforts de celui-ci contraint le sommet à se prononcer sur la représentativité de la délégation kenyane à ses travaux. Ce qui est un casse-tête, tant les avis et les appréciations sur les causes de la situation au Kenya sont divergents.

A ceci s’ajoutera pour les chefs d’Etat africains l’épineuse question de la présidence tournante de l’organisation, à laquelle le Soudan est à nouveau candidat, après avoir vu sa candidature rejetée en 2006 et 2007 en raison de la crise du Darfour et des pressions occidentales qui se sont alors exercées sur l’Union pour la convaincre de l’inopportunité d’une présidence soudanaise.

Moins épineuse mais tout autant difficile à faire consensus, il y aura également la succession d’Alpha Oumar Konaré, président de la Commission exécutive de l’Union. Konaré n’est pas candidat à sa propre succession parce que sa gestion de la commission a fait l’objet de critiques de la part d’Etats membres qui ont obtenu que soit diligenté un audit financier et administratif. Mais il s’en va surtout parce qu’il n’a pas réussi à imposer sa réforme de l’Union, en particulier celle de la commission.

Son remplacement, qui aurait pu n’être qu’une formalité, devient un enjeu politique d’importance, car le choix de son successeur suscite d’âpres divergences entre les Etats membres divisés sur la nature des réformes à faire dans l’Union.

Face à ces urgences factuelles, le «Développement industriel de l’Afrique», dont sont censés débattre les chefs d’Etat du continent, passe malheureusement au second plan dans l’ordre du jour du sommet.

Le tout nouveau conflit kenyan, venu s’ajouter à la kyrielle d’autres déjà ouverts à travers le continent, font que l’Afrique est la région du monde qui compte le plus de conflits. Tristes réalité et situation qui éclairent pathétiquement sur l’impuissance de l’Union africaine face à ces déchaînements qui entravent, voire annihilent les efforts faits pour mener le continent sur la voie du progrès.

Le NEPAD a été l’initiative la plus globale et la plus rationnelle de l’Afrique dans sa quête de crédibilité. La crise qui vient d’ébranler le Kenya, jusque-là vitrine attrayante du continent, est à n’en point douter une rude épreuve pour le projet et ses défenseurs.