La feuille de route du gouvernement concernant la planche à billets dévoilée
La feuille de route du gouvernement concernant la planche à billets dévoilée
Les subventions levées dès 2019
Liberté, 1er avril 2018
Les mesures qui seront appliquées à partir de 2018 portent, en particulier, sur les réformes relatives au soutien des prix des produits subventionnés, à la politique du logement, au code du travail, ainsi qu’aux systèmes de Sécurité sociale et de retraite.
Le décret exécutif du 5 mars paru au Journal officiel du 7 mars dernier sur le mécanisme de suivi de la mise en œuvre de la planche à billets et des réformes structurelles à appliquer, adossées à ce financement non conventionnel et destinées à rétablir les équilibres financiers du pays, lève un pan du voile sur la stratégie du gouvernement pour réduire les effets négatifs de cette émission de monnaie sur l’économie nationale ainsi que sur les citoyens. Cette feuille de route ou série de mesures figure en annexe du texte de loi.
Parmi les mesures les plus saillantes incluses dans le volet réforme relatif à la maîtrise et à la rationalisation des dépenses publiques, “la réalisation en 2018 d’un recensement national des revenus des ménages à bas revenus”, une action qui prépare la levée des subventions dès 2019. Le décret consacre cette option : “Mise en route graduelle dans le cadre de cette rationalisation des dépenses publiques, d’une nouvelle approche en matière de subventions directes et indirectes de l’État au profit des ménages”, lit-on dans le texte de loi. Ce qui veut dire que l’État va, en 2019, commencer à lever les subventions mais de manière progressive.
Cette démarche a été déjà esquissée par le gouvernement : des aides financières seront remises aux ménages à bas revenus sous forme de chèque pour compenser la levée des subventions sur le lait, le pain, l’huile, le sucre, les carburants, l’électricité, le gaz et l’eau. L’abandon du soutien des prix de ces produits et services de large consommation sera ainsi effectué de manière progressive l’an prochain. Traduire : l’État compte appliquer la vérité des prix mais pas de manière brutale. Ce qui laisse supposer qu’en 2019 seront levées, de manière partielle, les subventions.
Le gouvernement procédera, sans doute par étapes, à une réduction plus importante des subventions en 2019 qui sera contenue dans la loi de finances 2019 avant l’abandon du soutien des prix qui seront totalement libres à partir de 2020. Ce qui veut dire que le marché connaîtra en 2019, voire en 2020, des augmentations substantielles des prix du lait, du pain, de l’huile, du sucre et des carburants, ainsi que des tarifs de l’électricité, du gaz et de l’eau, si cette feuille de route est, bien entendu, appliquée.
L’autre mesure importante dans le cadre du volet rationalisation des dépenses publiques est, lit-on, “la rationalisation accrue durant les prochaines années de la politique de recrutement dans la Fonction publique”. En clair, la tendance d’ici aux trois prochaines années est le recrutement de moins en moins de personnel dans la Fonction publique. La feuille de route prévoit également dans ce volet la mise en œuvre de la législation en matière de retraite. Le gouvernement annonce en d’autres termes des changements en matière de système de retraite, sans toutefois les détailler.
Concernant le logement, cette “cartographie” des changements en rapport avec la mise en œuvre de la planche à billets programme “l’engagement dès 2018 du concours public à la politique du logement, notamment à travers le ralentissement de la concentration urbaine de la population, d’une part, et, d’autre part, une plus grande participation de la promotion immobilière privée”. Traduire : l’État entend construire de moins en moins de logements dans les grandes villes du Nord, au profit probablement de la formule location de logements, et impliquer davantage les promoteurs immobiliers privés dans les programmes de construction de logements. On peut se demander, en l’absence de détails sur cette mesure, s’il s’agit d’un désengagement partiel de l’État de la construction de logements.
Vers des changements dans le système de retraite
Concernant la réforme du code du travail, le gouvernement prévoit la concertation autour de la rationalisation du marché du travail y compris en ce qui concerne les mécanismes d’assurance. La rationalisation de la dépense publique touche également les domaines de la protection sociale et de la politique de santé. Le décret rappelle la promulgation en 2018 de la nouvelle loi sur la santé. Le gouvernement annonce, en outre, le développement des produits d’assurance maladie pour élargir le champ de couverture financière pour les ménages.
Ce qui veut dire que des prestations de santé qui n’étaient pas couvertes par l’assurance maladie le seront prochainement. S’agit-il des radiographies, des scanners et des IRM ou des prestations de structures de santé privées concernant le traitement de maladies chroniques : les affections du cœur, le cancer… ? L’Exécutif programme également “l’audit et la mise à niveau de la gestion des caisses de Sécurité sociale et de retraite de sorte à en consolider leur viabilité”. À l’issue de ce travail, le gouvernement prévoit de réformer les caisses de retraite et de Sécurité sociale en vue de rétablir leurs équilibres financiers et assurer leur pérennité, c’est-à-dire leur capacité sur la durée à pouvoir payer les pensions de retraite, ainsi que les remboursements des médicaments et des prestations de santé.
K. Remouche