Mustapha Bouchachi: «Le Parlement auquel j’appartiens est une façade»

Mustapha Bouchachi

«Le Parlement auquel j’appartiens est une façade»

El Watan, 15 décembre 2013

Le Parlement auquel j’appartiens est une façade, un bureau d’ordre.

Et pour preuve, toutes les lois votées sont proposées par le gouvernement, non pas que les députés ne font pas leur travail, mais leurs initiatives sont ignorées», a déclaré Mustapha Bouchachi dans une conférence qu’il a donnée hier après-midi à la salle El Feth, à Oran, sur invitation du FFS. Il devait intervenir sur le thème des droits de l’homme (entre universalisme et contingence). Son discours a concerné, dans une large mesure, le cas de l’Algérie, où il constate un net recul en comparaison à l’intermède des années 1989-1991 avec, hormis les droits fondamentaux contenus dans la Déclaration universelle, des textes qui garantissent les libertés individuelles et collectives, comme le droit syndical, le droit de grève, le droit de se constituer en association ou en parti politique, mais aussi la liberté d’expression, les articles qui régissent la création des médias, etc. «La Constitution algérienne est l’une des meilleures au monde», admet l’ancien avocat aujourd’hui député FFS avant de dresser une liste de comportements ou mêmes d’arsenaux juridiques qui entravent le développement des mécanismes censés garantir tous ces droits.

Pour lui, tant que les institutions restent inféodées au pouvoir exécutif, le recul de l’Algérie par rapport à ses voisins ira en s’accentuant. «Plus que tout autre peuple, les Algériens devaient pourtant être à l’avant-garde, compte tenu du lourd tribut qu’ils ont payé pour la liberté et la dignité», indique-t-il. L’indépendance de la justice est l’un des exemples sur lesquels il s’est attardé pour illustrer le fossé qui sépare les déclarations d’intention et la réalité du terrain. Il évoque le cas de la lutte contre la corruption en constatant que ce ne sont jamais les hauts responsables qui sont poursuivis et le fait que dans les manquements aux droits de l’homme, l’Etat en tant que garant ne poursuit pas les responsables.
Djamel Benachour