Les grands chantiers de la capitale : Le plaisir gâché par les coûts et les délais

Les grands chantiers de la capitale : Le plaisir gâché par les coûts et les délais

El Watan, 1er novembre 2011

Le président Bouteflika a inauguré hier des réalisations d’utilité publique et institutionnelle, dont le métro d’Alger, et a lancé les travaux d’autres grands projets. La joie des Algérois a été quelque peu atténuée par les délais trop longs et les coûts exhorbitants.

Il a inauguré également le très beau siège du ministère des Affaires étrangères, un édifice imposant, sur les hauteurs de la capitale, qui malheureusement contraste si mal avec la mauvaise passe dans laquelle se trouve la diplomatie algérienne qui, dans sa chute, faut-il le dire pour la circonstance, touche le fond.
Ces inaugurations n’ont pourtant mérité aucun commentaire ni déclaration de la part du chef de l’Etat. Est-ce à dire que ce sont autant de réalisations qui parlent pour lui ? Pas si sûr tant il est vrai que Bouteflika reste attendu sur la réalisation d’autres chantiers, beaucoup plus politiques ceux-là, puisqu’il s’agit de sortir le pays de son enfermement politique stérilisant.

A l’heure où le contexte international est marqué par une crise économique évidente et, surtout, des bouleversements politiques déchirants qui visent à remettre en cause les choix du passé, en Algérie, l’on ne semble pas en tenir compte. Du moins pas avec la même rigueur pour tous les projets. Que peut-on dire en effet du choix porté sur la construction de la Grande mosquée d’Alger, qui coûtera au Trésor public pas moins d’un milliard de dollars ?
Bien loin de discuter de l’importance de tous ces projets et encore moins leur utilité, le sujet suscite par contre toutes sortes de commentaires sur leur priorité, au moment où le pays est déjà mis sur les rails de la maîtrise des dépenses budgétaires ou de la diminution de la facture des importations. Cet argument a fondé même la suppression du crédit à la consommation des ménages, la surtaxation de l’acquisition des véhicules notamment. Tout cela sans compter que le pays souffre profondément de déficit en matière de projets structurants capables de redresser une situation économique et sociale en déclin.

Engager des chantiers aussi coûteux au mépris des priorités, dans un contexte de crise économique qui ne manquera pas d’avoir un impact sur les finances publiques, risque de connaître le même sort que celui réservé au métro d’Alger, un cauchemar qui a hanté les Algérois pendant bien longtemps. Ainsi, pour sa première sortie dans la capitale depuis sa réélection, Abdelaziz Bouteflika a-t-il vraiment fait son choix politique de faire de ces réalisations un des objectifs atteints de Novembre ? Force est de constater que l’instauration d’un Etat véritablement démocratique et la consécration d’une réelle justice sociale, que le 1er Novembre 1954 s’était fixé comme objectifs stratégiques, restent à conquérir, un demi-siècle après l’indépendance.
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