Commune riche, population pauvre

L’APC de Dar El Beïda n’a pas consommé tout son budget

Commune riche, population pauvre

El Watan, 31 octobre 2012

La commune de Dar El Beïda serait la plus riche d’Alger. Avec ses zones industrielles et ses établissements étatiques tels que l’aéroport, l’APC a pu engranger des centaines de millions de dinars, mais sa population ne vit pas dans l’aisance.

Des occupants de sites de bidonvilles du Hamiz et des résidants de la vingtaine de quartiers ont manifesté souvent leur colère par le blocage des routes ou en prenant carrément à partie l’actuel P/APC, lors des rares sorties sur le terrain. «Le budget communal de l’année 2011 était de 500 milliards de centimes. 300 milliards n’ont pas pu être consommés. L’actuelle APC n’a pas organisé de délibérations ni tenu une commission quelconque, comme elle n’a pas su résoudre les problèmes de la population locale. L’exécutif n’a pas à parler de manque de prérogatives, mais d’absence avérée de compétences», résume Salah Amer Yahia, président du comité du quartier Hamiz 1 qui a plusieurs fois croisé le fer avec l’actuel P/APC.

Les griefs retenus contre l’actuel exécutif et «même les précédents» sont importants : projets jamais lancés ou inachevés, cadre de vie dégradé à cause des sites de bidonvilles, absence de dialogue… «Le projet d’un nouveau lycée au Hamiz 1 est toujours bloqué, deux ans après son lancement. Deux écoles devaient être aussi réalisées. Là aussi, c’est le même constat à cause surtout des baraques. Le vieux centre de santé du centre-ville est fermé. La polyclinique Fatma n’Soumer ne répond plus aux besoins de la population. Les autorités n’ont pas trouvé mieux que de lancer la réalisation d’une autre polyclinique SNTP, à 500 m de cette dernière. Le bureau de poste, prévu pour notre quartier, a été subrepticement délocalisé au quartier du 5 Juillet», s’indigne Amar Yahia. Pour le président du comité, la «seule» réalisation à mettre à l’actif de l’actuelle assemblée est le revêtement des routes. «Quelques rues ont été bitumées. D’autres l’ont été à moitié. L’APC a dégagé 12 milliards pour notre quartier. Des parties n’ont pas été prises en charge à cause des baraques qui narguent les résidants. Quelque 3 milliards n’auraient même pas été utilisés», s’étonne Amer Yahia.

Le P/APC, Lyes Gamgani, réfute les «allégations» de l’ancien président de comité de quartier et défend âprement son mandat : «Des projets ont été déjà achevés et d’autres en cours de réalisation. Le lycée du Hamiz sera réceptionné en fin d’année. La polyclinique SNTP sera aussi ouverte à cette échéance. La salle de soins du centre-ville a été dotée d’une ambulance.» Il a souligné que la viabilisation des quartiers du centre-ville et de quelques lotissements périphériques est un souci majeur de la population locale. Selon Gamgani, des quartiers longtemps enclavés (Abane Ramdane, Salah Dib) ont été raccordés sous son mandat au réseau de gaz de ville et devraient bénéficier d’équipements publics. Le P/APC affirme qu’avec l’actuelle assemblée, les priorités ont changé. «Nous en avions fini avec les problèmes basiques d’assainissement et de l’aménagement des routes.

D’autres projets importants sont inscrits et certains déjà réceptionnés, tels que les classes de salles informatiques. Si les recettes ne sont pas utilisées, c’est qu’on n’a pas voulu jeter l’argent par les fenêtres», estime l’actuel président d’APC FLN, en lice pour les prochaines locales du 29 novembre prochain. Qu’attendre de l’assemblée locale qui sera élue en novembre prochain ? «Tous les partis qui sont en lice ne peuvent pas répondre aux revendications de la population. Tous ne sont là que pour se sucrer. Que l’actuel APC soit maintenue ou qu’un autre vienne à sa place, rien ne changera. Le commerce informel et les bidonvilles gangrèneront toujours la commune», relève, désabusé, Slimane, un résidant de la cité Fatma n’Soumer, un des grands ensembles d’habitations de cette APC du sud-est d’Alger, de près de 100 000 âmes.

Nadir Iddir