Le budget de la Présidence a quintuplé depuis l’élection d’Abdelaziz Bouteflika en 1999

Le budget de la Présidence a quintuplé depuis l’élection d’Abdelaziz Bouteflika en 1999

Habib Ferhi, Maghreb Emergent, 21 décembre 2013

Les crédits alloués à la Présidence de la République au titre du budget de fonctionnement sont passés de 1,73 milliards de dinars (23 millions USD) en 1999, année de la première élection d’Abdelaziz Bouteflika, à 9,30 milliards de dinars en 2013 (124 millions USD), soit le quintuple. Les onze directions que le chef de l’Etat a créées après son arrivée à El Mouradia forment un quasi-gouvernement parallèle et emploient une armée budgétivore de fonctionnaires.

Les crédits alloués à la Présidence de la République au titre du budget de fonctionnement ont quintuplé depuis l’accession d’Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême: de 1,73 milliard de dinars (23 millions USD) en 1999, ils sont passés à 9,30 milliards de dinars (124 millions USD) en 2013. Ils se chiffraient à 3,38 milliards de dinars au début de son deuxième mandat, en 2004, et à 6,08 milliards au début de son troisième mandat en 2009 et frôlent actuellement la barre symbolique des 10 milliards de dinars. La loi de finances pour 2014 indique des augmentations allant de 1,22 % à 2,66 % pour les différents postes budgétaires de la Présidence (secrétariat général, secrétariat général du gouvernement, Haut commissariat à l’amazighité et Garde républicaine…).

Un quasi-gouvernement parallèle

Dès son élection, en 1999, Abdelaziz Bouteflika a installé plusieurs directions (au nombre de onze selon des sources concordantes) qui emploient une armée de fonctionnaires et forment un quasi-gouvernement parallèle. Les déplacements à l’étranger du chef de l’Etat ont été drastiquement réduits depuis sa première hospitalisation en France, en 2005. Le dernier en date a été sa participation au Sommet du G20 à Toronto, au Canada, en juin 2010 ; depuis, il n’a quitté le territoire national qu’en urgence, pour être hospitalisé au Val de Grâce, en France, en avril dernier. La présidence n’en a pas moins continué de bénéficier d’importants crédits, sachant que les visites effectuées à l’intérieur du pays, une tâche déléguée au Premier ministre Abdelmalek Sellal en cette fin du troisième mandat, sont supportées, pour une grande partie, par les wilayas hôtes. Les dépenses inutiles en cette période où le déficit budgétaire a atteint 20% du PIB sont à chercher ailleurs.

Le faste

Symbole des acquisitions somptueuses durant le deuxième mandat du président Bouteflika, son Airbus A340-541/7T VPP, acheté pour 312 millions de dollars américains. Bien qu’il vole peu, les coûts de son exploitation, notamment ceux fixes (amortissement, maintenance, entraînement des équipages, etc.) restent considérables.

Livré par les usines de Blagnac (Toulouse) en juin 2008, il a été vu pour la première fois à Toronto et est presque immobilisé depuis. Il faudrait souligner à ce sujet que nombre d’aéroports ne sont pas équipés de pistes suffisamment longues pour qu’il puisse s’y poser. Doté de déflecteurs de missiles et d’un système de communication crypté américains, il compte d’autres installations comme une chambre avec salle de bain et une table de conférence.

La maintenance de ce genre d’appareil coûte un peu trop cher. Il a séjourné au moins deux fois, pour des révisions, dans les garages de Lufthansa Technik – sous-traitant du Groupe des liaisons aériennes ministérielles (GLAM), établissement à caractère administratif attaché à la Présidence de la République qui gère le parc aéronautique présidentiel -, à Hambourg, en Allemagne, en septembre 2011 et en février 2013.

Pas de coupes budgétaires

En dépit du fait que les crédits alloués à la Présidence ne sont parfois pas consommés, comme c’était le cas en 2010, ceux qui élaborent le budget ne les réduisent pas automatiquement comme ils le font pour d’autres ministères, administrations, etc. La loi sur le règlement budgétaire précise que seulement 5,49 milliards de dinars ont été consommés sur les 8,18 alloués.

Au titre de la loi de finances pour 2014, les établissements à caractère administratif ont même vu leur budget augmenté de près de 5% (4,95 %). Le parc présidentiel compte justement quatre avions actifs acquis entre 2001 et 2008, deux Gulfstream Aerospace G-IV et un Gulfstream Aerospace G-V, qi s’ajoutent au luxueux Airbus A340-541/7T VPP. Il compte aussi un Gulfstream Aerospace G-IV acheté en 1996 et d’autres Fokker utilisés par les ministres et autres hauts dignitaires du régime à l’instar de certains membres du Conseil de la nation du tiers présidentiel…