Ouverture du sommet Nepad

Ouverture du sommet du Nepad

Bouteflika critique les engagements manqués des pays riches

Par : Hafida Ameyar , Liberté, 22 mars 2007

Des partenaires qui ne seraient pas « toujours exempts de calculs », alors que le plan d’action africain comporte « tous les renseignements utiles » et reflète même les « priorités de développement » de l’Afrique.

Le huis clos a dominé les travaux du sommet extraordinaire du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), qui s’est tenu hier au Palais des nations (Alger). L’ordre du jour a même été chamboulé : les discours d’ouverture n’ont finalement été prononcés que dans l’après-midi, vers 14h45. Dans son allocution, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a rappelé que le Nepad est un « programme de développement socioéconomique de l’Union africaine ». Le « Nepad, a-t-il déclaré, est l’une des dimensions les plus importantes de cette pensée africaine nouvelle et de la perspective moderniste qui la porte ». Un « instrument adéquat pour la prise en charge des préoccupations socioéconomiques de l’Afrique ».
Le président de la République a également expliqué les enjeux de la Nouvelle initiative africaine, portée par les chefs d’État de cinq pays, à savoir l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Sénégal et l’Égypte. Selon M. Bouteflika, l’engagement « direct » pris par les 25 pays de l’Union africaine (UA) sur les 53 qui la composent, à travers leur adhésion au Nepad, a permis de « réduire les opportunités d’interférences étrangères, ainsi que les espaces de conflits et d’instabilité ». « C’est indubitablement sous l’effet du Nepad que, désormais, les pays africains accordent une meilleure attention à la question de la bonne gouvernance, à la gestion participative, de même qu’au partenariat et à la consolidation de l’État de droit », a-t-il affirmé. Non sans estimer plus loin que « l’adhésion de la majorité des pays membres de l’UA à ce mécanisme, ainsi que le lancement des processus d’évaluation dans une quinzaine de pays sont des indicateurs encourageants à cet égard ».
Mais, en dépit de ces résultats positifs, d’un taux de croissance moyen de 5,4%, de « l’élargissement constant des espaces de droit et de démocratie » et de « la diminution du nombre des différends et de conflits armés », de « nombreuses insuffisances » existent, selon lui, dont les principales concernent « l’insuffisance des ressources financières locales et internationales », « la nette faiblesse du capital privé local » et celle des « investissements directs étrangers », ainsi que « la faiblesse des capacités institutionnelles nationales, régionales et continentales ».
À cela viennent se greffer, d’après le président Bouteflika, le non-respect par les « partenaires internationaux » de l’Afrique en matière de mise en œuvre des projets du Nepad, « comme nous l’aurions souhaité ». Des partenaires qui ne seraient pas « toujours exempts de calculs », alors que le plan d’action africain comporte « tous les renseignements utiles » et reflète même les « priorités de développement » de l’Afrique.
Concernant la réunion extraordinaire d’hier consacrée à la « réflexion sur le Nepad », Abdelaziz Bouteflika a indiqué qu’elle aura « à prendre une décision sur la question cruciale de la finalisation du processus d’intégration du Nepad à l’architecture globale de l’UA ». Une décision qui viserait le « parachèvement du processus de construction » de l’organisation continentale à travers « la même exigence de cohérence, de cohésion et d’harmonie dans la démarche ». Il est à craindre, soutiendra le chef de l’État, « une insuffisance de coordination en la matière avec l’Union africaine, dont le Nepad est en fait l’émanation », voire « une distorsion qu’il est urgent de rectifier ». Avant d’appeler les pays africains à « investir davantage d’efforts », d’autant que le continent noir dispose « aujourd’hui des atouts multiples et des arguments solides » pour aller vers « des partenaires nouveaux, fondés sur l’égalité, le respect mutuel, la complémentarité et la solidarité ». Les interventions des responsables de l’UA et du Nepad (comité de mise en œuvre, direction, exécutif) sont allées dans le même sens, tout en insistant, comme l’a fait le président Bouteflika, sur la levée du double emploi entre la commission de l’UA et le comité de mise en œuvre du Nepad.
Moins de deux heures plus tard, des divergences sont apparues au moment où certains membres étaient sur le point de communiquer « les résultats et les recommandations » en plénière. Ce qui a exigé un autre huis clos de plus d’une heure, immédiatement suivi cette fois par une conférence de presse.

H. AMEYAR

INTÉGRATION DU NEPAD DANS LES STRUCTURES DE L’UA
La décision reportée à juin 2008

Par : Hafida Ameyar
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La conférence de presse animée par le président du comité de mise en œuvre du Nepad, également président du Nigeria, M. Obasanju, aux côtés des présidents algérien, ghanéen et malien, s’est terminée en queue de poisson.
M. Obasanju a annoncé le consensus autour du maintien de « la période de transition », qui sera d’une année, soit « de juin 2007 à juin 2008 ». « Pendant 3 ans, nous n’avons pas pu réaliser l’intégration prévue pour l’an dernier. Nous espérons qu’une année de transition permettra le passage vers l’intégration totale du Nepad dans les structures de l’Union africaine », a déclaré M. Obasanju, en insistant sur le rôle du comité de mise en œuvre du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, qualifié de « cerveau du Nepad ». La rencontre avec la presse a été surtout l’occasion de réitérer les positions vis-à-vis du Nepad, qui représente « la vision, la direction, un des programmes de l’Union africaine ». « Il ne peut y avoir de Nepad sans l’Union africaine, mais il peut y avoir une Union africaine sans Nepad », a résumé le conférencier. Ce dernier a aussi indiqué que le secrétariat du Nepad, qui siège en Afrique du Sud, « va fonctionner différemment » dans ce pays.
Interrogé sur l’absence des chefs d’État égyptien et sénégalais au sommet extraordinaire, alors qu’ils figurent avec l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Nigeria, parmi les cinq pays initiateurs du Nepad, M. Obasanju a révélé qu' »il n’y aucune inquiétude à se faire si les deux présidents ne peuvent pas participer physiquement ». « Le président Wade du Sénégal vient d’achever une élection, il a envoyé des personnes de très haut niveau pour le représenter. Quant au président Moubarak, il a envoyé une délégation pour le représenter », a-t-il souligné.
Concernant la prochaine rencontre avec le G8, qui se réunira en juin prochain, le président du comité de mise en œuvre du Nepad a laissé entendre que le groupe des pays industrialisés rencontrera cette fois encore les représentants de l’Afrique. « Le G8 va inviter le président de l’UA et probablement des membres du comité du Nepad », a-t-il soutenu.
Mais, contre toute attente, M. Obasanju a décidé de mettre fin à la conférence de presse, après avoir précisé pour la énième fois qu’il n’y a pas de « conflit » entre le Nepad et l’Union africaine.
Notons que le président Bouteflika, contrairement à ses homologues, n’a pas voulu prendre la parole, même lorsque deux journalistes l’ont sollicité sur des questions d’intérêt national, en liaison avec le retard de l’intégration du Nepad.

H. A.