Après l’attaque au lance-roquettes RPG 7 à Jijel : La sécurité des aéroports renforcée
El Watan, 27 septembre 2011
Selon des sources sécuritaires, des groupes terroristes disposeraient de lance-roquettes introduits en Algérie par des réseaux de trafic d’armes à partir de la Libye. Les autorités algériennes ont décidé de renforcer la sécurité autour des aéroports nationaux.
Le RPG 7, connu pour son efficacité et sa maniabilité, est particulièrement redouté dans les attaques contre les chars et les hélicoptères volant à basse altitude.L’attaque terroriste, qui a ciblé avant-hier l’aérodrome Ferhat Abbas de Jijel à coups de lance-roquettes RPG 7, a secoué les hautes instances sécuritaires algériennes qui ont décidé, hier, d’un plan de vigilance qui concernera tous les aéroports d’Algérie et leurs alentours immédiats, apprend-on de sources sécuritaires. Embusqués dans l’oued Djin Djin, en tangente avec l’aérodrome, des terroristes, qui seraient de seriat El Fath El Moubine affiliée à AQMI, ont tiré sur des hélicoptères militaires stationnés sur la piste en endommageant un.
D’armes conventionnelles et traditionnelles qui dépassent rarement les heb heb (mortier artisanal), l’on a constaté un saut qualitatif dans l’arsenal terroriste utilisé dans les derniers attentats, comme par exemple l’Académie militaire de Cherchell. Le premier usage de cette arme de guerre a été constaté en juillet dernier, lorsqu’un groupe de terroristes avait usé des lance-roquettes RPG 7 ciblant le cantonnement des gardes communaux de Ahmed Salem, dans la commune de Kerkera, daïra de Tamalous, à 50 km à l’ouest de Skikda. La présence dans l’arsenal militaire des terroristes en Algérie d’un tel engin de guerre confirme les inquiétudes de plus d’un.
En effet, les thèses avancées quant à d’éventuelles fuites d’armes en provenance de Libye dans le grand Sahel demeurent plausibles. L’alerte donnée dernièrement par l’ambassade américaine à Alger sur les risques d’attentats ciblant les avions des compagnies pétrolières dans le Sud conforte cette thèse.L’arme utilisée pour attaquer l’aéroport Ferhat Abbas avant-hier semble être présente dans les mains de plusieurs groupes terroristes à Skikda et Jijel.
Deux wilayas liées par le prolongement naturel avec les monts boisés du massif de Collo. D’autres sources, bien au fait de ce dossier, affirment la formation de plusieurs réseaux de trafic d’armes qui écument la frontière algéro-libyenne. Ce qui a poussé les services de sécurité à mettre d’importants moyens humains et matériels, notamment dans les régions de Djanet, Illizi et El Oued, et l’intensification des patrouilles de la Gendarmerie nationale (GGF) au niveau des pistes et passages habituellement fréquentés par les contrebandiers à l’effet de juguler le trafic d’armes pillées de la région est de la Libye après le déclenchement des hostilités contre le dictateur El Gueddafi.
«Les opérations de saisie d’armes effectuées ces dernier mois par l’Armée nationale populaire (ANP) et les gardes-frontières de la Gendarmerie nationale, dont celle de plus 400 pièces entre pistolets automatiques, kalachnikovs et bien sûr des lance-roquettes de type RPG, plaident pour l’existence de ce nouveau trafic. Ce qui a suscité encore une fois les craintes des pays de la région du Sahel quant à une éventuelle utilisation de ces armes au cas où elles tomberaient entre les mains des groupes terroristes. Les lance-roquettes utilisés avant-hier dans l’attentat de l’aéroport de Jijel proviennent certainement de ces réseaux», expliquent nos sources.
La disponibilité de cette catégorie d’armes sans recul a poussé les terroristes à réviser à la hausse leurs cibles.
Selon des militaires à la retraite, le lance-roquettes RPG 7 est connu pour son efficacité et sa maniabilité. Il est pratiquement le meilleur de sa catégorie concernant les attaques contre des chars et les hélicoptères même ceux volant à basse altitude.
Ce qui a encouragé les terroristes à faire une démonstration de force en s’attaquant à l’aéroport international Ferhat Abbas. Abritant différentes bases des forces de sécurité, cette zone est l’une des plus sécurisées de la wilaya.
Une attaque et des inquiétudes
L’attaque menée dans la nuit de samedi à dimanche contre des appareils militaires stationnés sur le tarmac de l’aéroport Ferhat Abbas, dans la commune de Taher, dans la wilaya de Jijel, ravive les inquiétudes sur d’éventuels arrivages d’armes aux maquis de la région.
Jusque-là, on ne parlait d’infiltration d’armes de Libye que dans le lointain Sahara, caractérisé par des frontières poreuses. Au lendemain de cette attaque, la population semblait abasourdie par l’information. Mais si un tel arrivage d’armes au niveau des maquis du nord du pays est confirmé, cela ne manquera pas de donner des sueurs froides aux services de sécurité et à la population qui a tant souffert des exactions terroristes depuis le début des années 1990.
Les appréhensions suscitées par l’attaque de l’aéroport Ferhat Abbas découlent principalement du mode opératoire, basé sur l’utilisation de lance-roquettes de type Rpg7, et la zone dans laquelle ont opéré les terroristes. Deux éléments qui ne plaident pas pour une exécution aisée de l’opération, vu la difficulté de se déplacer avec une telle arme dans une zone cernée par des casernements militaires.
On relèvera que durant toute la décennie noire, qui avait «lessivé» la région, on n’entendait parler que de lance-roquettes artisanaux, communément appelés hebhab.
Il y a juste une semaine, à l’est de la wilaya de Jijel, et plus précisément à Aïn Kechra, une opération utilisant des engins de ce genre a été perpétrée, causant des blessures à deux gardes communaux et un membre d’un Groupe
de légitime défense.
Fodil S., Mohamed Fawzi Gaïdi