Grande-Bretagne: Des armes à l’Algérie «sans aucun préalable»
La Grande-Bretagne se démarque des autres pays occidentaux
Des armes à l’Algérie «sans aucun préalable»
El Watan,13 novembre 2010
Pas de condition préalable à la vente d’armes à l’Algérie. La Grande-Bretagne est disposée à satisfaire tous les besoins de l’Algérie en équipements militaires. «Nous sommes prêts à répondre à toute demande dans ce sens de la part de l’Algérie.
Les compagnies britanniques opérant dans le domaine de la défense sont intéressées par le programme de modernisation des forces armées algériennes. Si le gouvernement exprime des besoins en armement et autre équipement militaire, le Royaume-Uni est là pour les fournir», a assuré le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord auprès du Foreign Office, lors d’un point de presse tenu hier à l’ambassade de Grande-Bretagne à Alger, à la fin de sa visite de deux jours en Algérie.
Tout en soulignant que la question de la vente d’équipement militaire n’a pas été au cœur des discussions avec les responsables algériens, le ministre a confirmé l’existence d’une commande de l’armée algérienne pour achat d’hélicoptères auprès du groupe anglo-italien Augusta Westland. M. Burt n’a pas donné plus de détails, arguant que les termes du contrat et sa valeur concernent le groupe et l’acquéreur. Selon le très sérieux journal britannique Sunday Times, le montant du contrat, qui devrait être signé dans les prochains mois, s’élève à près de 5 milliards de dollars. Il s’agirait, souligne le même quotidien, de l’acquisition de 80 hélicoptères de combat. Le ministre Burt, qui effectuait sa première visite en Algérie, est revenu sur la coopération dans la lutte antiterroriste en soulignant l’appui de la Grande-Bretagne des efforts de l’Algérie pour la criminalisation du paiement de la rançon.
Formation de militaires algériens
Dans une conférence animée conjointement avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, M. Burt a estimé qu’il était «juste» de lutter contre le paiement de rançons aux groupes de terroristes. «Le terrorisme, affirme-t-il, représente une menace pour tout le monde. Il y a différentes manières d’y faire face. Nous sommes de l’avis de l’Algérie en ce qui concerne la criminalisation du paiement de rançons qui, pour nous, peut être la base du financement des terroristes. Il est donc juste de lutter contre le paiement de rançons.» Il a également salué les efforts déployés par l’Algérie dans sa lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, soulignant l’importance «cruciale» des échanges de renseignements pour contrecarrer ce phénomène.
M. Burt a salué à l’occasion la création d’un comité bilatéral pour la lutte antiterroriste en soulignant que «le Royaume-Uni et l’Algérie ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre, étant donné que les deux nations ont vécu les affres du terrorisme». Il s’est dit convaincu que «ceux qui adoptent les positions de violences extrémistes ne représentent aucunement la véritable tendance de l’islam».
La coopération dans la lutte contre le fléau terroriste consiste, comme l’a expliqué le ministre, en l’échange de renseignements, la formation et le soutien technique et logistique. Revenant sur la situation au Sahel, le ministre britannique assure que la Grande-Bretagne est de ces pays qui sont contre l’ingérence : «Je crois que la lutte antiterroriste doit être menée par les pays de la région parce que les populations de ces pays sont les premières victimes de ce fléau. Notre contribution viendra en appui aux actions décidées et menées par les pays directement concernés. Nous saluons et appuyons les efforts de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme dans la région.» M. Burt a annoncé une rencontre, dans deux semaines à Londres, sur le paiement de la rançon. Aussi, dans le cadre de la coopération bilatérale, le ministre a affirmé que les forces de lutte antiterroriste algériennes vont bénéficier, en Angleterre, d’une formation pointue pour plus d’efficacité dans les opérations antiterroristes, sans pour autant donner le nombre d’officiers algériens qui vont y bénéficier ni même la durée de la formation.
Convergence de vues sur le Sahel
De son côté, Abdelkader Messahel a souligné la convergence de vues «totale» entre l’Algérie et le Royaume-Uni dans la lutte contre le terrorisme : «Nous avons une convergence de vues totale avec le Royaume-Uni dans la lutte contre le phénomène du terrorisme.» Selon M. Messahel, les entretiens ont permis de passer en revue les différents aspects de la coopération bilatérale entre les deux pays, notamment dans les domaines de l’énergie hors hydrocarbures, la culture, l’éducation et l’assistance technique.
Sur un autre volet, celui de la coopération économique et des échanges commerciaux, M. Burt a indiqué que l’Algérie est un marché important pour la Grande-Bretagne, qui souhaite renforcer sa présence dans ce pays. Il a indiqué que sa visite à Alger a également pour objectif d’examiner «les opportunités d’affaires dans ce marché important et d’élargir le champ d’intervention sur le plan économique». M. Burt assure dans ce sillage que les relations bilatérales vont au-delà de l’aspect commercial.
Elles portent également sur l’éducation, la culture et l’échange technologique ainsi que la coopération dans le domaine agricole et de l’agroalimentaire. Selon lui, la Grande-Bretagne veut intensifier la coopération dans ces domaines, mais aussi dans le domaine de l’énergie, de la défense et des autres secteurs hors hydrocarbures.
Questionné sur l’affaire de l’extradition de Abdelmoumène Khalifa, le ministre britannique a répondu que la décision revient à la justice britannique, «entièrement indépendante». Arrivé jeudi à Alger, M. Burt s’est également entretenu avec Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, et Rezag Bara, conseiller du président Bouteflika sur les questions sécuritaires.
Londres demande une «surveillance d’urgence» sur les droits de l’homme au Sahara occidental :
La situation dans les territoires occupés du Sahara occidental préoccupe la Grande-Bretagne. Et le respect des droits de l’homme dans cette ex-colonie espagnole plus qu’autre chose. Londres, par la voix de son ministre britannique chargé de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au sein du Foreign Office, en visite à Alger, demande une «surveillance d’urgence» des droits de l’homme dans les territoires occupés.
«Nous soutenons depuis longtemps l’idée qu’il y ait une surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Mais les événements de ces derniers jours ont rendu cette nécessité encore plus urgente», a déclaré hier Alistair Burt lors d’une table ronde à l’ambassade britannique à Alger, à la fin de sa visite de deux jours en Algérie. Le dossier du Sahara occidental et la violence qui s’abat ces derniers jours sur la population des territoires occupés ont pris une place importante dans les discussions entre M. Burt et les responsables algériens. Dans une conférence de presse animée jeudi à Alger, conjointement avec Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, M. Burt a affirmé le soutien de son pays au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui : «Nous soutenons les efforts des Nations unies pour le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.»
Et d’assurer que la Grande-Bretagne suit «avec beaucoup d’intérêt et d’inquiétude ce qui se passe au Sahara occidental».
Pour Alistair Burt, ce conflit «est resté sans solution depuis très longtemps et la violence, qui est apparue ces derniers temps, est l’expression de la frustration vécue jusqu’à présent». Pour y voir plus clair, la Grande-Bretagne a décidé d’engager une enquête sur les événements d’El Ayoun : «Nous avons ouvert une enquête pour savoir avec exactitude ce qui s’est passé ces derniers jours dans cette région», a-t-il attesté, assurant que la Grande-Bretagne ne badine pas avec les droits de l’homme.
Mokrane Ait Ouarabi