Une élite pour l’institution militaire

GUENAÏZIA PRESENTE LE STATUT GENERAL DEVANT L’APN

Une élite pour l’institution militaire

Le Quotidien d’Oran, 15 mars 2006

Le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, M. Abdelmalek Guenaïzia, a présenté, avant-hier, devant la commission de la défense nationale de l’Assemblée populaire nationale (APN), le projet de statut général du personnel militaire.

Un projet qui vise, selon le communiqué de l’APN, à «adapter les dispositions légales régissant le statut juridique du personnel militaire à la législation nationale, notamment celles afférentes aux droits et libertés fondamentales prévus par la Constitution, et aux relations de travail dans les limites de la spécificité de la situation du militaire».

Le nouveau statut accorde une place particulière aux carrières professionnelles de courtes durées, par rapport aux longues carrières, en instituant une limite d’âge en terme de grades et de durée de service, précise la même source. Il s’inscrit dans la perspective de la professionnalisation de l’Armée nationale populaire (ANP), et la réalisation d’un bond qualitatif au niveau de sa base et la promotion de l’esprit de concurrence au sein des officiers et sous-officiers afin de doter l’institution militaire d’une élite de cadres permanents. Cette disposition «constitue dans son essence un outil de gestion dynamique au service de la politique de professionnalisation de l’ANP, car constituant une alternative fondamentale érigeant les réservistes en un composant fondamental dans notre système de défense et une solution idoine à la problématique de la maîtrise des effectifs de l’ANP», souligne le même communiqué. Et de préciser: les réservistes «constituent une force pouvant mieux servir à la faveur d’un soutien qualitatif et quantitatif nécessaire en temps de crise», précisant que c’est ce souci qui a «motivé à la consécration juridique de cette ordonnance, en vue d’intégrer la femme dans nos forces armées, compte tenu du principe de flexibilité que requiert sa gestion en tant qu’épouse et mère». Par ailleurs, le communiqué souligne que ce statut concerne l’ensemble du personnel militaire actif, retraité, appelé ou réserviste.

La réunion de la commission de la défense nationale de l’APN s’est tenue sous la présidence de M. Mohammed Dif, président de la commission, et en présence du ministre des Relations avec le Parlement, M. Abdelaziz Ziari.

Ce projet de statut général du personnel militaire s’inscrit ainsi dans la continuité d’un processus, initié il y a plusieurs années par l’Etat, pour moderniser l’Armée Nationale Populaire, notamment à travers la valorisation des ressources humaines au sein de l’institution militaire.

Jugée «moins politique» que son aînée, la nouvelle génération de cadres et techniciens de l’ANP est désormais forte d’une «expérience» et d’un «savoir-faire» forgés par une décennie de lutte antiterroriste. La mise en valeur d’un tel potentiel a été au coeur du processus de modernisation de l’ANP, matérialisé depuis 1990 par un effort sans précédent de remise à niveau technologique et opérationnel. L’intégration progressive dans la chaîne de commandement de cette génération a, pour rappel, coïncidé avec la nomination, en juillet 1993, du général-major Liamine Zeroual au ministère de la Défense. M. Zeroual avait favorisé la promotion au grade supérieur d’une pléiade de jeunes colonels. Pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante, des officiers qui n’ont pas connu la Guerre d’Algérie accèdent au grade de général et à des fonctions supérieures de commandement, à la tête d’unités opérationnelles, de départements administratifs, à l’état-major ou dans les régions militaires. Un choix qui a été motivé par des contraintes stratégiques internes (terrorisme, professionnalisation) mais aussi externes (coopération avec l’OTAN, pacte militaire avec la Russie, processus de Barcelone, respect de l’orthodoxie budgétaire imposée par le FMI) ainsi que l’obsolescence de certains systèmes de défense acquis auprès de l’ex-URSS. Le processus franchira une étape décisive suite à la nomination de M. Abdelmalek Guenaïzia au poste de ministre délégué auprès du ministère de la Défense nationale. Après quinze années passées à Berne, où il a occupé le poste d’ambassadeur, le général-major Abdelmalek Guenaïzia revient aux plus hautes fonctions de la Défense après avoir démissionné de l’état-major de l’ANP en 1992. Un retour aux affaires qui prend toute sa signification dans une conjoncture marquée par le dialogue avec l’OTAN, le raffermissement des liens avec d’autres armées, notamment américaine, et la politique de rééquipement militaire. En sa faveur, un profil de diplomate et de politique qui dépasse le seul cadre militaire, d’une grande valeur pour représenter l’ANP aux niveaux régional et international.

H.Barti