Salaires, promotions, recrutements… Ce que les policiers ont obtenu depuis 2010

Salaires, promotions, recrutements… Ce que les policiers ont obtenu depuis 2010

Massissilia Chafai et Ali Idir, TSA, 29 octobre 2014

Le 13 octobre, des policiers ont manifesté à Ghardaïa pour réclamer notamment une hausse de 100% du salaire de base, le départ du DGSN Abdelghani Hamel et la création d’un syndicat. Ces manifestations ont atteint, le lendemain, la capitale avec le rassemblement de milliers de policiers devant le siège de la présidence de la République. Les manifestations ont pris fin jeudi 15 octobre, après les engagements pris par le gouvernement de satisfaire leurs revendications sociales. Pourtant, selon des documents en notre possession, les policiers ont bénéficié d’un traitement de faveur ces quatre dernières années.

De fortes augmentations de salaires

En quatre ans, les salaires des policiers ont connu d’importantes hausses, allant de 9 000 à 58 000 dinars par mois, selon les grades et l’ancienneté. Selon des documents officiels de la DGSN en notre possession, les salaires des agents de police ont augmenté de 9 000 à plus 12 000 dinars par mois en quatre ans. Les commissaires principaux ont vu leurs salaires augmenter d’une valeur allant de 30 000 à plus de 40 000 dinars par mois, selon les grades. Les salaires des chefs de Sûreté de wilaya ont quasiment été multipliés par trois, passant de 50 000 dinars par mois à 150 000 dinars en moyenne.

Depuis 2010, les effectifs de la police ont augmenté de près de 50 000 agents, passant de 160 000 policiers à plus de 210 000 en 2014. En moyenne, la police a recruté 16 000 agents par an depuis 2010, selon les mêmes documents.

Promotions

Outre la hausse des salaires, 33 462 policiers ayant une grande ancienneté ont été promus à des grades supérieurs. « Il s’agit d’agents de police de l’ordre public qui n’avaient jamais été promus. Certains avaient plus de 20 ans d’expérience. Ils rentraient dans la police en tant qu’agents de l’ordre public et prenaient leur retraite sans aucune promotion », affirme un haut responsable de la DGSN. En outre, 28 263 autres agents de la paix ont bénéficié de promotions depuis la promulgation du nouveau statut de la police en décembre 2010. « Les promotions et les hausses des salaires ont été décidées après un audit approfondi », explique le même responsable.

Entre 2000 et 2011, seuls 9 603 policiers avaient été promus à des grades supérieurs, selon les mêmes documents. La DGSN a régularisé la situation de 6 291 policiers qui ont obtenu des diplômes avant et après leur engagement dans les rangs de la police, en les élevant au grade de lieutenant de police, selon la même source. En outre, 95 157 fonctionnaires ont été affectés non loin de leurs familles depuis le mois de juin 2010 et les mutations dans le Sud ont été réglementées, selon les mêmes documents. « Il y avait des policiers qui passaient 20 ans dans le Sud. Depuis 2010, la durée de service dans les wilayas du Sud est limitée à quatre ans», ajoute le même responsable.

Aides sociales et logement

Dans le domaine social, les policiers ont bénéficié d’importantes augmentations des prestations des œuvres sociales. Entre 2010 et le 1er septembre 2014, près de 6,7 milliards de dinars ont été dépensés dans les prestations sociales, selon les mêmes documents en notre possession.

Dans le logement, les policiers n’ont pas été gâtés. Sur 10 772 LSP inscrits en 2005, près de la moitié (soit 4 294 unités) ont été réceptionnés dont 2 188 entre 2010 et 2014, selon les documents. De ce programme, « 3 720 logements sont en cours de réalisation, 2 373 logements n’ont pu être lancés », à cause de plusieurs contraintes dont le manque de terrains et les lenteurs administratives.

Par ailleurs, les policiers ont bénéficié en 2011 d’un quota de 25 534 logements location-vente AADL, qui reste toutefois insuffisant eu égard au nombre de demandes, selon la même source. « La répartition de ce programme à travers les 48 wilayas ne reflète aucunement le nombre d’adhésions exprimées par nos personnels (…) qui s’élève à 70 944 (…) en 2010 », précisent les auteurs des documents qui évaluent la demande actuelle à plus de 100 000 logements.

À Alger, où il est envisagé de satisfaire 2 000 souscripteurs alors que le nombre de demandeurs est supérieur à 10 000, la DGSN réclame la réservation d’un quota supplémentaire de 25 000 logements AADL pour ses policiers

Blocages au ministère de l’Intérieur

La DGSN se plaint des lenteurs dans les réponses de la part du ministère de l’Intérieur à ses demandes de « revalorisation des frais de déplacements collectifs, de la prime alimentaire et de la gratuité des repas, la revalorisation des bourses d’études des élèves policiers, les indemnités de zone ». « Les démarches engagées depuis 2010 jusqu’à 2012 par la DGSN pour l’obtention d’une revalorisation substantielle de la prime alimentaire du policier ont abouti à des résultats en deçà des objectifs escomptés à hauteur des montants proposés par l’institution », note le rapport de la DGSN.

« Avec des montants de 210 DA pour l’élève dans les écoles de police et 250 DA pour le policier en casernement, la prime accordée ne correspond nullement au niveau de vie. À noter bien que les individus arrêtés et placés en garde-à-vue dans les commissariats bénéficient d’une prime alimentaire supérieure » variant entre 370 dinars et 400 dinars, selon les régions, déplore la DGSN.

La DGSN propose « la majoration de 25% de l’indemnité de zone » pour les policiers exerçant dans le Sud, « la révision à la hausse des frais de déplacement collectif de 40 et 60 DA à 500 et 600 DA », la fixation de la durée de service au sein des unités antiémeute à cinq ans, la limitation de la durée de détachement dans la wilaya de Ghardaïa à « deux mois ».