Mort intrigante de Zendjabil
MORT INTRIGANTE DE ZENDJABIL
La gendarmerie ouvre deux enquêtes
L’Expression, 29 Septembre 2012
Les enquêteurs pistent la logistique utilisée dans l’admission du baron et le transport de son cadavre, après sa mort, d’Oran jusqu’à Chlef.
Ahmed Zendjabil, un des barons du trafic international de drogue, est décédé. L’information a été donnée à partir de sa ville natale d’Oued Sly, dans la wilaya de Chlef, où le baron a été enterré, mardi soir, dans la discrétion la plus totale. Mais sa mort et son enterrement demeurent mystérieux, au point où deux enquêtes viennent d’être ouvertes, l’une par la gendarmerie d’Oran et la deuxième, dans la wilaya de Chlef. Les deux enquêtes sont ponctuées par l’arrestation, par la gendarmerie nationale, de l’un de ses fils. Mardi, la nouvelle portant sur le trépas du Pablo Escobar algérien a circulé comme une traînée de poudre, alors que les services devant confirmer une telle «bombe» se sont confinés dans un silence total pendant plus de 24 heures, avant de livrer quelques bribes dans lesquelles il a été fait état de sa mort certifiée par l’expertise Adn opérée sur l’homme et sur des membres de sa famille. La mort de Zendjabil Ahmed a secoué les plus hautes instances sécuritaires, c’est pourquoi deux enquêtes ont été ouvertes simultanément, la finalité recherchée étant de tirer au clair son admission sous une fausse identité dans une clinique d’Oran, les circonstances de sa mort et son enterrement dans sa ville natale.
Quelle a été la logistique utilisée pour passer toutes ces étapes sans craindre de se faire prendre? Les enquêteurs pistent la logistique utilisée et les étapes qui ont suivi l’admission du baron dans la clinique ainsi que le transport de son cadavre après sa mort d’Oran jusqu’à Chlef. Selon le peu d’éléments qui a été rendu public, Zendjabil avait été admis, sous une fausse identité, dans la journée de dimanche dernier dans une clinique privée. Quelques heures après, le baron de la drogue, qui souffrait de problèmes cardiaques, a rendu l’âme sans qu’il ne subisse une quelconque intervention chirurgicale. «Son état critique ne lui permettait pas de résister aux coups de bistouris». Sa mort, qu’il a voulue «silencieuse», a fait beaucoup de tapage, vu son palmarès «riche» dans le trafic de drogue. Le baron du trafic sans frontières de drogue s’est rendu en 2006. Depuis, c’est le silence radio. Zendjabil aurait lâché le morceau en balançant de nombreux tuteurs de trafic de drogue dans la région ouest du pays, au Maroc et dans plusieurs autres pays d’Europe comme la Belgique, l’Espagne et la France.
Près d’une vingtaine d’individus auraient été balancés par Zendjabil des suites des confrontations qu’il a eues avec eux durant le mois d’août 2006. Sur un autre registre, sa reddition aurait eu lieu des suites de la chute de ses anges gardiens et l’avènement d’un autre cartel qui aurait pris le contrôle d’une grande partie de ses réseaux.
Zendjabil a réussi, durant les années 1990, à mettre sous son contrôle tous les réseaux de résine de cannabis marocaine qui approvisionnaient l’Europe, le Moyen-Orient et l’Algérie. Durant cette décennie, il a pu échapper à la justice. En 1999, par le biais d’Interpol, un mandat d’arrêt international pour contrebande de drogue avait été lancé contre lui. En 2003, il sera arrêté. Grâce à une complicité, il s’est évadé du tribunal d’Es Senia.
A la faveur des changements opérés au sein des services sécuritaires d’Oran, Zendjabil et ses réseaux ont été sérieusement déstabilisés.
Dans les confessions qu’il a lâchées, plusieurs de ses complices setaient au Maroc. En effet, des cadres hautement placés au sein de l’armée royale sont tombés. On y trouve, entre autres, le directeur général de la police, le général Hamidou Laânigri. Il est enfin utile de s’interroger sur le silence observé par les forces de sécurité, lesquelles, au lieu d’officialiser la mort du baron de la drogue, continuent de se confiner dans un long silence.