Les maquis du Gspc en Kabylie
L’article suivant est un monument dans son genre. Il doit être lu très attentivement et gardé soigneusement. Il est la preuve écrite et indélibile de la manipulation des groupes terroristes par certains clans du régime. (D. Benchenouf: voir commentaire ci-dessous)
LA RÉGION EST DEVENUE UNE ZONE DE REPLI DU GROUPE TERRORISTE
Les maquis du Gspc en Kabylie
L’Expression, 26 février 2007
C’est à partir de ces fiefs, toujours décimés et sans cesse renouvelés, que l’organisation tire ses ressources.
Les maquis kabyles ont constitué pour le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, devenu depuis peu Organisation Al Qaîda du Maghreb islamique, une constante dans la stratégie du Gspc. Les hommes ont changé, les chefs aussi, mais ces «immenses réservoirs» qui vont pratiquement de Boumerdès à la lisière de Jijel, s’étendant sur deux cents kilomètres, continuent à constituer la principale réserve de l’organisation. Région, géographiquement, culturellement et linguistiquement délimitée, la Kabylie présente les caractéristiques d’une région hostile à toute récupération et réfractaire à tout compromis. Les enjeux politiques, la précarité de la vie, les écarts entre les privilégiés, les nantis et les petites gens restent énormes, ce qui a eu pour effet d’y créer une situation sécuritaire très complexe. Depuis avril 2001 et les confrontations qui ont suivi, les événements politiques et sociaux ont créé en Kabylie un no man’s land sécuritaire qui perdure. Les choses se sont peu à peu tassées, par lassitude plutôt que par résolution des vrais problèmes. L’Etat a consenti des indemnisations aux victimes, mais la région vit les mêmes problèmes sociaux, avec toujours une omniprésence du Gspc, et aussi avec ceci en bonus: une montée en force de la criminalité et une prolifération de la petite délinquance. En fait, la Kabylie a posé de sérieux problèmes aux autorités, et les choses ont vraisemblablement évolué dans tous les sens, et non pas uniquement dans le bon sens. Le risque économique, élevé, rend utopique tout investissement sérieux et durable, à un moment où le braquage de banques, de bureaux de poste, des recettes municipales et des contributions, est devenu un métier qui fait florès, aussi bien chez les groupes armés de la région que chez les jeunes, tentés par la radicalisation et le gain à portée de main. Ainsi, le Gspc continue toujours, et pour les raisons stratégiques, politiques, sociales, culturelles et économiques que l’on sait, à occuper les montagnes alentour. Un chef militaire nous confiait récemment: «Il s’agit bien d’une situation anormale, et tout ce qui se passe aujourd’hui est le résultat d’un cumul de plusieurs années de tensions politiques et sociales.» En termes clairs, les services de sécurité ont été neutralisés en Kabylie: la Gendarmerie nationale y a été délocalisée, et les seuls effectifs de la police ne peuvent sécuriser toute la région, qui présente à ce jour de larges couloirs pour les groupes armés, de passage, en transhumance ou sédentaires.En voici les principaux groupes et sous-groupes dirigés organiquement par trois grandes katibate dans la région de Tizi Ouzou: 1-Katibate En-Nour: 61 hommes, dirigés par I.M. dit Mouloud al-Fermache et le dénommé Hazem, et constituant 4 sections. La section de Guergour: 15 hommes dirigés par O.M. dit Al-Irbad. La section de Sidi Ali Bounab: 30 hommes dirigés par A.Y. dit Abou Khouthaïma. Cette section stationne aux alentours de Oued Ighzer. La section de Boukhalfa: 6 hommes.La section d’Aïn El Hammam: 10 hommes dirigés par M.K. dit Khaled es-Sawwaff.2 Katibate al-Farouk: 30 hommes pour 2 sections:La section de Boghni: 18 hommes commandés par B.M. dit Youcef al-Harrachi. Cette section stationne dans les forêts de Amghour, Ichichouach, Souk El-Thenine, les Ouadhias et Mechtras.La section de Draâ Al Mizan: 12 hommes commandés par M.A. dit Abdeljabbar.3-Katibate Al Ansar: 20 hommes pour deux sections:La section de Bounab 2: 12 hommes dirigés par F.B. stationne dans les contreforts sud des monts de Sidi Ali Bounab.La section de Tigzirt: 8 hommes, dirigés par M.M. dit Ikrimah. Cette section prend pied aux alentours de Mizrana, Lazer et Laâzib.A Béjaïa, trois grandes sections sont opérationnelles -la section d’Akfadou -la section d’El Kseur -la section d’Azazga.Pour des raisons de sécurité, le PC du Gspc choisit la stratégie de la «mobilité permanente», et change de fief sans cesse. Entre janvier et juin 2006, il était à Toudja, débordant carrément vers Béjaïa, puis s’est déplacé dans les forêts et monts inexpugnables du massif central du Djurdjura, à Tikjda et à Akfadou. N’ayant pas de statistiques précises, les services de sécurité estiment à une cinquantaine les hommes du Gspc dans cette seule région, qui sert surtout de rampe de lancement, de repli et de PC occasionnel pour la direction du Gspc et de lieu de rencontre pour les groupes qui remontent du Sud ou viennent de l’Est.Les nouvelles mutations du Gspc, depuis son adhésion à Al Qaîda, rendent encore difficile toute évaluation des hommes et des ressources disponibles, bien qu’il est certain que le fait de bénéficier du label Al Qaîda dans le Maghreb, va ouvrir toutes grandes les portes au Groupe salafiste pour puiser dans la logistique et les hommes des groupes connus ou non dans toute la région maghrébine, saharienne et sahélienne.
Fayçal OUKACI
Commentaire de Djamaledine Benchenouf
C’est tout simplement ahurissant! De pareils renseignements sur ces groupes du GSPC, d’une telle précision, avec l’identification des chefs de groupe, du nombre précis des membres qui y activent, de leurs territoires, de leurs mouvements et du tracé de leurs itinéraires, de leurs bases de repli, de rencontre et de stationnement, ont une signification évidente: Ces groupes sont dirigés par les services de sécurité qui prétendent les combattre. . Sinon comment expliquer une pareille connaissance du maquis du GSPC dans une région où les services de sécurité sont quasi inexistants, selon le journaliste. Dans cette région qui a été plongée délibérement dans l’insécurité et l’anarchie et dont des forces obscures veulent faire un détonnateur pour miner tout le pays. Quand on dit d’un groupe qu’il est composé de 61 hommes, pas de 60 ou de 65, mais de 61, remarquez la précision, à l’homme près, et qu’ils sont commandés par flène, dit feltène, que le groupe est scindé en tant de sections, et autres renseignements aussi précis sur tous les autres groupes présents en Kabylie, c’est que les services reçoivent des BRQ réguliers et quotidiens en provenance de ces mêmes groupes. Si les services qui ont communiqué ces informations connaissent tout cela de ces groupes, qu’ils suivent tous leurs mouvements et qu’ils ont une si parfaite connaissance de leur composition et de leur interaction, pourquoi n’ont ils pas pu déjouer les récents attentats? La conclusion à en tirer s’impose d’elle même. Que ces chiffres soient communiqués à un journaliste rend encore plus trouble tout ce mic mac. Certains pourraient penser que c’est pour semer la zizanie au sein du GSPC et les pousser à s’entretuer. Trop primaire pour le DRS, comme pour le GSPC, d’ailleurs. Cette extra ordinaire précision sur le GSPC en Kabyle, proçède d’une manipulation de l’opinion. On tente de lui faire avaler que ce groupe est réellement structuré, qu’il dispose d’une vraie capacité de nuisance et surtout qu’il est structuré dans la Quaida. Peut être pour préparer l’opinion à des attentats qui se préparent. De l’intox d’apprenti subversif contre le clan adverse qui dit tout le contraire sur la capacité de nuisance du GSPC et qui fait tout pour le ramener à des proportions bien plus modestes. Celles d’un groupe aux abois, et dont le réel soutien logistique est à chercher ailleurs que chez l’habitant. Le DRS est habituellement plus adroit et plus retors. Cette grossière manipulation a certainement une explication qui se tient. Peut être est elle le signe que des mutations profondes s’opèrent dans l’antre de l’ogre.
Djamaledine BENCHENOUF