Affaire Zendjabil: Ghorzi confirme l’implication des chefs de l’armée
AFFAIRE ZENDJABIL
Ghorzi confirme l’implication des chefs de l’armée
Djamaledine Benchenouf, Algeria-Watch, 25 octobre 2006
Le quotidien El Watan, dans un article du 23 octobre, signé par Salima Tlemcani, rapporte la déclaration de l’ancien Chef de Sûreté de Wilaya d’Oran, Belabbes GHORZI, selon laquelle « une instruction d’une autorité sécuritaire a été donnée afin de faciliter le traitement du dossier de passeport de Ahmed Zendjabil, dans les plus brefs délais ».
Monsieur Ghorzi, précisera par ailleurs à la journaliste que « Ahmed Zendjabil était connu comme étant un indicateur de cette même autorité et que cette information a même été notée dans son dossier à l’époque ».
Ces propos qui semblent tout à fait anodins, sont pourtant, dans la bouche de celui qui a été le Chef de Sûreté le plus puissant du pays, un aveu retentissant de l’implication des autorités sécuritaires dans l’affaire Zendjabil. Il faut savoir que l’enquête de police pour la délivrance de passeports est particulièrement pointilleuse et qu’il est impossible qu’elle puisse aboutir favorablement pour un profil du genre de Zendjabil, même en sa qualité d’indicateur. La seule possibilité de rendre la chose possible est que Zendjabil soit l’indicateur d’une très haute autorité sécuritaire. Comme Ghorzi est la plus haute autorité de la Police dans la Wilaya d’Oran, l’instruction ne pouvait donc venir que de l’Armée. Or dans une situation où le demandeur est fiché au rouge, seuls le Général Major de la 2ème Région Militaire où le plus haut responsable du DRS régional, ou les deux en même temps, peuvent contourner l’avis défavorable.
Or, malgré la cacophonie médiatique qui a été entretenue autour de l’affaire Zendjabil, à dessein et pour occulter l’essentiel, nous savons que ce dernier n’a pas été arrêté, mais qu’il s’est rendu à la Justice et qu’il a demandé à bénéficier des dispositions de la Loi sur la réconciliation nationale. Il a déclaré, en présence de ses avocats, qu’il finançait des groupes terroristes et qu’il agissait pour le compte d’ « autorités sécuritaires ».
Jusque là, sous le prétexte du secret de l’instruction, aucune information officielle n’a filtré sur cette affaire. Mais la déclaration de M. Ghorzi, l’une des personnalités impliquées, vient confirmer, sans aucune ambiguïté, que Zendjabil était la créature des plus hautes autorités sécuritaires de l’Armée. Pour l’opinion publique de l’Ouest de l’Algérie, ceci est un secret de polichinelle. Tout le monde savait, depuis des années, que les vrais « Pablo Escobar » algériens étaient des généraux majors, des généraux et des colonels de l’armée algérienne et que Zendjabil n’était que l’un de leurs nombreux fondés de pouvoir. Beaucoup de gens savaient aussi, je l’avais signalé dans un article en 2003 dans le journal « Liberté », que les services de sécurité sont la cheville ouvrière du trafic et qu’ils collaboraient activement avec des groupes terroristes. Tout le monde savait par ailleurs que les groupes terroristes et les milices qui s’attaquaient à la population, comme lors du carnage, entre autres, de Meknesa, ou du douar de Had Chekala, le faisaient sur commande des « autorités sécuritaires » et par l’intermédiaire de ceux qui transmettaient les instructions et qui fournissaient la logistique, comme M.Zenjabil. Entre autres.
Pour tous ceux qui n’avaient pas connaissance de ces sombres affaires ou qui ne parvenaient pas à se convaincre que des responsables aux plus hauts sommets de l’ « Institution » puissent se livrer impunément à de telles pratiques, la déclaration de M. Ghorzi sur cette affaire Zendjabil, au quotidien El Watan, est un témoignage dont il sera difficile de ne pas tenir compte. D’autant que ce monsieur, qui est de l’autre côté de la barricade et qui ne peut pas être suspecté de faire de la propagande aux islamistes, s’est particulièrement et pendant des années, distingué dans une guerre sans règles et sans merci contre le « terrorisme islamiste »
Et qu’on ne vienne pas encore nous dire, pour justifier la monstruosité de ces criminels, qu’ « on ne fait pas de guerre avec des gants blancs ! »
D.B