La fin d’une grâce !

La fin d’une grâce !

par Mohamed Zaâf, Le Jeune Indépendant, 12 avril 2007

Hier, la capitale renouait avec les explosifs et la mort. Ainsi, hier, Alger vivait la fin d’une accalmie espérée définitive. Une rupture voulue spectaculaire puisque le terrorisme choisissait pour la première fois de frapper au cœur du pouvoir.

L’une des deux explosions s’était en effet produite, dans une sorte de défi, aux pieds du palais du Gouvernement en ce jour de mercredi où, traditionnellement, Belkhadem réunit son équipe. Un attentat qui vient à la suite de celui annonciateur de Bouchaoui comme pour inviter Zerhouni et, partant, tout le pouvoir, à faire valoir ses droits à la retraite.

L’autre explosion meurtrière visait, à l’instar de celle de Réghaia, un commissariat de police. Plutôt que de reculer, le terrorisme a donc choisi de persévérer dans son œuvre macabre et de se faire plus audacieux que jamais, même si le ministre de l’Intérieur révélait, lorsqu’il évoquait l’attentat contre le bus de BCR, qu’il avait des pistes pour le guider jusqu’aux tueurs.

Sauf qu’il ne les dévoila pas et n’en reparla jamais. En ne découvrant pas son jeu à temps, le ministre n’a-t-il pas péché par une overdose de discrétion ? Qu’en sera-t-il à l’avenir, après les attaques lors du 11 avril ? Un chiffre fatidique qui distingue désormais les sanglantes actions signées par El-Qaïda, après celles commises un 11 septembre aux Etats-Unis, et un 11 mars à Madrid.

Mais qu’en est-il du plan de sécurisation de la capitale où, pourtant, les barrages sécuritaires sont renforcés en cette période préélectorale et alors que s’y poursuit l’année de la culture arabe ? Les attentats sont-ils le fait de commandos terroristes venus d’ailleurs ou s’agit-il de nouveaux réseaux qui se seraient constitués après la proclamation de la vassalité du GSPC à El- Qaïda ? Une alliance dangereuse qui semble être à l’origine d’une amélioration du GSPC en équipements puisque récemment fut signalée pour la première fois une attaque au RPG contre les forces régulières.

Mais à travers le carnage d’hier quel message voulait-on faire passer, que visent-ils exactement ? Sont-ce les législatives ? Il est vrai que le sujet peut prendre son monde à contre-pied, puisque habituellement les élections se font toujours précéder par une recrudescence des activités terroristes qui s’estompent assez subitement à une quinzaine de jours du scrutin.

Est-ce le cas cette fois encore ? Ou bien la chose s’annonce-t-elle plus grave et devrions-nous nous attendre à un autre long cycle d’implacable violence ? Hier, la peur n’était pas du tout absente des conversations algéroises. Hier, des victimes innocentes tombaient sans raison.

Comme du temps des GIA, qui avaient fini traqués partout et par tous. Le GSPC ne s’était-il pas dissocié des GIA parce que ces derniers terrorisaient justement les populations civiles ? En tout cas, si l’hécatombe du 11 avril vient nous rappeler brutalement le visage hideux du terrorisme, elle nous aide aussi à mieux prendre conscience des imperfections d’une réconciliation plutôt platonique, impossible à réaliser selon le schéma esquissé par les fameux «équilibres nationaux».

Force est de reconnaître qu’on rechigne toujours à tirer les leçons. La facture n’est-elle pas déjà trop salée ? M. Z. [email protected].