Conséquences de l’attentat contre des employés de BRC, des experts rassurent

Conséquences de l’attentat contre des employés de BRC, des experts rassurent

L’Algérie n’est pas un pays à risque pour les investissements étrangers

par M.K, El Watan, 24 décembre 2006

La situation sécuritaire actuelle en Algérie ne constitue pas une préoccupation majeure pour les compagnies étrangères en Algérie, notamment celles opérant dans le secteur des hydrocarbures, assurent des experts spécialisés dans les conflits internationaux et les risques sur les investissements.

Réagissant aux inquiétudes suscitées après l’attentat ayant visé un bus de transport du personnel de la société mixte algéro-américaine Brown and Root Candor (BRC), des experts américains ont estimé, hier, que la situation en Algérie est de moins en moins menaçante pour les multinationales étrangères par rapport à de nombreux autres pays et régions théâtres de troubles.

Geoff Porter, analyste chez Eurasia Group, un bureau américain spécialisé dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, passe en revue l’Algérie, l’un des principaux pays fournisseurs d’hydrocarbures et où de nombreux gisements de gaz et de pétrole attendent d’être exploités.

«L’Algérie constitue un marché attractif pour les compagnies étrangères, notamment dans le domaine gazier, considéré comme une source stratégique pour les années à venir», a-t-il indiqué dans un rapport de son groupe publié à Washington.

Le pays recèle 12 000 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole, ce qui constitue un gisement important. L’Algérie est le troisième pays en Afrique derrière la Libye et le Nigeria et occupe la 14e place dans le monde, a-t-il rappelé.

«Je ne pense pas qu’une attaque pourrait constituer un obstacle pour BRC ou toute autre compagnie sauf si le terrorisme prenait des proportions alarmantes. Ce qui n’est plus le cas de l’Algérie», a-t-il dit, ajoutant que des compagnies dans le secteur du pétrole tirent des bénéfices autour de deux milliards de dollars par an, un juteux pactole qu’elles ne sont pas prêtes à abandonner facilement.

Geoff Porter est le responsable principal de la recherche au sein du groupe Eurasia pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie. Ses conclusions sont considérées comme des références dans les milieux politico-économiques.

D’autre part, la demande mondiale sur le pétrole conduit les multinationales à tenir compte des risques sécuritaires en Algérie ; cela fait partie de leurs variables pour les zones qualifiées à turbulences : «L’attaque contre des employés de la BRC le 10 décembre dernier ne saurait ni dissuader ni pousser les compagnies étrangères ayant investi d’importants capitaux à reconsidérer leur présence en Algérie.» Selon Eurasia, la BRC a accumulé une solide expérience et s’est habituée à opérer dans des pays réellement plus à risques que l’Algérie, notamment en Irak, en Afghanistan et au Kosovo où le risque et le profit constituent «une équation d’équilibre».

Les compagnies qui opèrent en Algérie sont donc moins inquiétées que celles installées dans le delta du Niger au Nigeria où les prises d’otages et les attaques contre les installations pétrolières sont quasi quotidiennes, indique la publication.

Ces compagnies sont habituées à des conditions de travail difficiles mais leurs employés pourraient cependant demander de meilleures conditions de sécurité, a affirmé le groupe. De son côté, John Robert Ligri Fellocks, de l’université de Saint-Louis, spécialiste des questions du terrorisme international et du Moyen-Orient, a fait observer que les compagnies pétrolières utilisent l’environnement géographique pour se prémunir contre les attaques terroristes.

«Les installations pétrolières sont généralement implantées dans des régions isolées des agglomérations et loin des concentrations de populations que les groupes armés peuvent infiltrer», a-t-il noté ajoutant qu’en Algérie les sites des installations d’hydrocarbures ont été en tout temps épargnées par les conflits, que ce soit lors de la guerre de libération ou au cours des années du terrorisme.

Toutefois, les employés des entreprises pétrolières américaines résidant dans les villes pourraient être une cible des groupes armés. Et même si le GSPC a menacé de s’en prendre aux étrangers en 2001, c’est la première fois que des intérêts américains sont touchés à travers l’attaque de BRC.

Selon John Robert, une économie stable est nécessaire pour endiguer le terrorisme estimant que la réconciliation nationale mise en œuvre démontre que l’Algérie commence à se redresser progressivement. M. K.