Commanditaires
Par : Zahir Benmostepha, Liberté, 8 septembre 2007
Ces accusations prennent tout leur sens, particulièrement, si l’on admet que l’Algérie aujourd’hui constitue une donne à même de gêner d’une manière significative des intérêts étrangers d’ordre politique, économique et énergétique dans la région. Si l’on a à spéculer sur l’identité de ces capitales étrangères et dirigeants étrangers mis en accusation par le premier magistrat du pays, avouons qu’on a un plateau de choix rien que dans l’actualité.
Les propos tenus par le président de la République Abdelaziz Bouteflika juste après l’attentat criminel de Batna, ce jeudi, peuvent avoir l’effet d’une bombe. En effet, les déclarations du chef de l’État tranchent singulièrement avec la littérature officielle développée autour des évènements tragiques qui émaillent une scène nationale résolument tournée vers une paix où les tenants d’un islamisme politique violent n’ont plus de place. Aujourd’hui, si “la main étrangère” est mise en cause, dans le discours du président, elle prend des contours précis.
D’autant mieux que cette sortie de Abdelaziz Bouteflika procède manifestement d’une logique qui veut que l’Algérie est en train de bousculer, par sa réémergence sur la scène internationale à la faveur d’une agressivité diplomatique retrouvée, une carte géopolitique dont elle est l’un des enjeux.
Le président de la République accuse et appelle “un chat par son nom”. “Ces personnes (les auteurs de l’attentat) œuvrent pour le compte de capitales étrangères et de dirigeants étrangers”, devait déclarer Abdelaziz Bouteflika.
Ces accusations prennent tout leur sens, particulièrement, si l’on admet que l’Algérie aujourd’hui constitue une donne à même de gêner d’une manière significative des intérêts étrangers d’ordre politique, économique et énergétique dans la région. Si l’on a à spéculer sur l’identité de ces capitales étrangères et dirigeants étrangers mis en accusation par le premier magistrat du pays, avouons qu’on a un plateau de choix rien que dans l’actualité. À la faveur de l’accession de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême, l’Algérie est revenue en force sur la scène internationale. Elle a aujourd’hui des arguments de poids pour dire non !
Elle s’oppose à l’installation de bases américaines sur son sol,
elle agrée du bout des lèvres l’ambitieux projet du président français d’une union méditerranéenne.
Elle n’hésite pas à dénoncer un contrat gazier qualifié volontiers de “contrat du siècle” avec des géants espagnols dans le secteur énergétique.
Elle persiste à défendre le droit d’autodétermination du peuple sahraoui.
Elle refuse toujours la normalisation des relations avec l’État d’Israël.
En somme, elle refuse un ordre établi et se révèle très entreprenante pour le bouleverser. Ce sont donc des raisons, et pas les seules, qui constituent autant de motivations à faire remonter le temps à l’Algérie et faire revivre les années de sang.