Perquisition au domicile d’un présumé baron de la drogue à Aïn El Turck

Perquisition au domicile d’un présumé baron de la drogue à Aïn El Turck

S’agit-il du bras droit de Zendjabil ?

El Watan, 4 novembre 2006

Le réseau du puissant narcotrafiquant Zendjabil serait-il en train d’être démantelé pièce par pièce, comme en atteste cette perquisition effectuée, dans la nuit de mercredi à jeudi, par les services de la brigade des stups de la wilaya d’Oran, au domicile d’un richissime habitant de Aïn El Turck, plus connu sous le sobriquet de Salah Kopa ?

Doit-on également comprendre que les ramifications de ce tristement célèbre réseau Zendjabil s’étendent jusqu’à la fatidique région de la corniche oranaise, où l’industrie du loisir attire inévitablement tous les magnats du trafic ? En tous les cas, l’impressionnant dispositif des éléments de la sécurité, armés jusqu’aux dents et mis en place durant cette nuit, renseigne du « calibre » de l’individu, D. A., sur la scène turckoise. En effet, des dizaines d’agents entre policiers et officiers ont été déployés pour mener à bien cette opération, mais sans résultats apparemment. Renseignements pris, Salah Kopa aurait mis les voiles avant même le déploiement des éléments des services de la brigade des stups. Fuite dans l’information ou simple sixième sens ? Nul ne le sait. Toutefois, l’on croit savoir que la perquisition, effectuée au domicile du fuyard, n’aurait pas été aussi infructueuse qu’on le pensait, puisque d’importants indices ont été découverts. Nous nous contenterons pour l’instant de bribes d’informations dont on ne connaîtra pas les détails mais qui feraient état de listes de noms, de contacts, d’adresses et de numéros de téléphone. Probablement des personnages VIP ainsi que de gros poissons devraient apparaître sur les carnets d’adresses découverts, eu égard à la stature du personnage recherché lui-même et dont la fortune s’étend à sa ville de Biskra, où celui-ci possède un supermarché, des lignes de transport, des villas et des magasins. A Aïn El Turck, outre le lieu de perquisition, une villa qui aurait coûté la bagatelle de pas moins de 7 milliards de centimes à son propriétaire, sise à l’allée des Villas, un quartier cossu de Aïn El Turck, Salah Kopa est propriétaire aussi de l’hôtel El Kheïr du même nom que sa villa. De construction récente, cet équipement situé en plein centre-ville de la commune de Aïn El Turck représente quand même un joyau architectural à grosse valeur foncière. Ceci dit, tout porte à croire qu’il s’agit d’une opération d’envergure, inscrite dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. La région de Aïn El Turck, étant une zone où l’industrie du loisir y est florissante, il est tout à fait normal qu’elle constitue « un comptoir de négoce » pour les trafiquants en tous genres qui y établissent leur quartier. A l’instar des réseaux de prostitution, de faux billets, d’ateliers clandestins de bijouterie, celui de la drogue constitue le commerce le mieux établi. La région consiste aussi à assurer le blanchiment d’argent provenant essentiellement de la drogue ou à un degré moindre des détournements des deniers de l’Etat. Pour preuve, des dizaines d’hôtels ont poussé comme des champignons tout au long du littoral Ouest, sans que leurs propriétaires ne puissent justifier la provenance des fonds ayant servi à leur réalisation. Mieux encore, ces derniers servent d’hôtels de passe mais aussi de relais à de gros nababs de la drogue et autres. En tous les cas, la soirée tumultueuse qu’auront vécue les locataires de l’allée des Villas, lors de cette nuit, et qu’ils ne sont pas près d’oublier de sitôt, laisse-t-elle augurer de la détermination de l’Etat à éradiquer ces véritables fléaux qui gangrènent la société ? Des pays méditerranéens voisins, à l’exemple de l’Italie, ont dû certes consentir des efforts titanesques pour démembrer la pieuvre, mais les résultats sont là. A l’heure où nous mettons sous presse, d’intenses recherches sont lancées contre le présumé baron de la drogue, disparu dans la nature depuis quelques jours, selon les dires de son entourage. La nouvelle de la perquisition au domicile de Salah Kopa, qui s’est répandue dans toute la ville telle une traînée de poudre, a laissé interloqué plus d’un à Aïn El Turck, tant le personnage dégageait l’icône d’une personne profondément pieuse comme en attestent ses actes de bienfaisance pour la construction de mosquées. De toute manière, celui-ci est présenté comme étant une grosse fortune tant au niveau local qu’au niveau national. Enfin, s’agit-il du véritable bras droit de Zendjabil ? C’est ce que tenteront assurément de découvrir les services habilités, chargés de l’enquête.

Karim Bennacef