Deux voitures piégées détruisent un commissariat de police

Deux voitures piégées détruisent un commissariat de police

Bab Ezzouar sous le choc

El Watan, 12 avril 2007

Deux explosions d’une forte intensité ont secoué, en fin de matinée d’hier, la cité du 5 Juillet, à Bab Ezzouar, dans la banlieue est d’Alger. Le commissariat de la division est de la police judiciaire et la compagnie de la Gendarmerie nationale de Dar El Beïda ont été les cibles de deux attentats à la voiture piégée. De la chair humaine et des habits maculés de sang pendaient aux arbres.

La déflagration a été entendue sur plusieurs kilomètres à la ronde. Une panique s’est emparée des riverains qui ont accouru de partout qui pour chercher un proche, qui pour prévenir les siens. L’axe menant à l’aéroport, à hauteur de la passerelle du commissariat, sera fermé à la circulation automobile. L’on parle de kamikazes qui auraient pris place à l’intérieur de voitures dont l’une est de marque Renault Clio. A bord de celles-ci se trouveraient, si l’on s’en tient à des témoignages de policiers, deux personnes dont une serait de sexe féminin. L’autre voiture qui a explosé à l’entrée de la route menant à la cité du 5 Juillet est complètement éventrée. Les éléments de la police scientifique semblent trouver des difficultés pour en identifier la marque. Le bâtiment où se trouvent les locaux des cinq brigades de la PJ a été soufflé sur ses quatre étages. Ses façades, entièrement endommagées, laissent entrevoir des plafonds et des murs arrachés par le souffle de l’explosion. Le parking sera sens dessus dessous. Non loin de là, les locaux de la gendarmerie ont été la cible des attentats : tous les murs sont recouverts de lézardes. Deux cratères, d’une profondeur de 1 m et d’une largeur de 2 m chacun, sont visibles sur la route qui longe le mur d’enceinte du commissariat dont il ne reste rien ou presque. L’Ecole nationale des greffes et un bâtiment du site Aadl, la Concorde civile, attenant au commissariat, ou encore la piscine semi-olympique ont vu leurs vitres voler en éclats. L’effroi s’est emparé des passants dont plusieurs ont été évacués à la polyclinique de la cité du 5 Juillet avant d’être renvoyés, pour les cas moins graves, chez eux. Parmi ceux-là se trouve une fille âgée d’à peine 3 ans. « Elle a été ramenée par sa grand-mère », nous révèle une infirmière. « Les premiers venus n’ont pas été enregistrés. On ne pouvait le faire sur le moment. La fébrilité y est pour beaucoup », soutient notre interlocutrice. Des morts de tous bords

L’une des victimes ayant été touchée par des bris de verre sera transférée vers l’hôpital Zemirli ou celui de Rouiba, « eu égard au fait que le centre n’est pas bien outillé », déplore-t-elle. Le registre de cette polyclinique publique fait mention d’une vingtaine d’admissions.Une dizaine de voitures, prises en tenailles, seront touchées de plein fouet également et leurs occupants n’en sortiront pas indemnes. Les travailleurs de l’Edeval, dont le parc de Tito est tout proche, seront aussi touchés. Selon l’un des employés de cette Epic de wilaya, leurs collègues ont été surpris à l’intérieur de leur camion. « Au moins un des agents a péri lors de l’explosion », assure l’un d’eux éploré. Faisant le point avec le directeur de la Dgsn, M. Tounsi, venu sur place, le directeur général de la Protection civile dira que douze morts et plus de 50 blessés sont à déplorer « dans ces attentats kamikazes ». Il citera, à cet effet, deux gendarmes et huit policiers dont trois se trouvent dans un état grave. Un commissaire et deux autres policiers auraient succombé à leurs blessures. Le corps de la Protection civile perdra pour sa part trois de ses éléments. M. Kessal, sous-directeur des opérations à la Protection civile, parlera ainsi de 3 morts. Les agents de l’unité d’intervention et d’instruction, située sur l’autre côté de la grande rue, seront pris de court par l’explosion à leur retour des courses. « Leurs corps seront retrouvés calcinés à l’intérieur du Partner. Ils sont tous originaires de Bordj El Bahri », racontent des sapeurs-pompiers présents sur les lieux. « Fateh, 36 ans, venait juste de se marier et voilà qu’il est ravi aux siens par la bêtise des hommes », nous dit son frère qui n’arrive pas à retenir ses larmes. Les Chinois de la société Cscec étaient aussi sous le choc. Située dans la rue Les Frères Eulmi, la base-vie de cette société contractante de l’AADL était totalement endommagée. Ses occupants s’affairaient toujours à arranger ce qui peut l’être. Deux cadres de cette société ont été admis pour des blessures plus ou moins graves. « Au moment des attentats, le camp — situé à proximité du commissariat — était presque vide. Le bilan aurait pu s’alourdir », nous raconte un Chinois dans un français approximatif.

Nadir Iddir