attentat Bouchaoui: Un bus mitraillé, un mort et neuf blessés
Attentat à Bouchaoui (Alger)
Un bus mitraillé, un mort et neuf blessés
El Watan, 11 décembre 2006
Une grande panique s’est emparée, hier en fin de journée, des automobilistes qui traversaient la bretelle de Bouchaoui menant au Club des pins, une des zones les plus sécurisées du pays, située à l’ouest de la capitale.
Des passagers d’un véhicule stationné sur le pont, en sens inverse, ont tiré une rafale d’armes automatiques, à 17h15, sur un bus transportant des employés de la société américaine BRC (Brown Root & Condor), spécialisée dans la construction, à l’hôtel Sheraton, lieu de leur résidence. Le chauffeur, un Algérien, a été tué, alors que neuf passagers, dont 2 Libanais quatre Anglais, un Canadien, un Américain et un Algérien ont été blessés. Les assaillants, au nombre de deux selon certains témoignages et de quatre selon d’autres, ont pris la fuite à bord de leur véhicule, dès l’immobilisation du bus, vers une destination inconnue. Quelques minutes plus tard, tout le quartier a été totalement quadrillé par les services de sécurité, qui ont fermé les accès aux automobilistes, créant un embouteillage indescriptible. Des files de véhicules avançant pare-chocs contre pare-chocs se sont formées sur plusieurs kilomètres tout le long de l’autoroute Ouest, jusqu’à une heure tardive. Un renfort impressionnant de gendarmes, militaires et policiers a été dépêché sur les lieux. L’attentat intervient au moment où un nouveau dispositif de sécurité a été mis en place afin de mieux sécuriser les lieux dits sensibles de la capitale, en réponse au double attentat aux camions piégés à Réghaïa et Dergana, le 29 octobre dernier, faisant trois morts et 24 blessés. Il intervient, faut-il le préciser également, moins de vingt-quatre heures seulement après le discours du président de la République, dans lequel il a dénoncé la corruption devant un parterre de walis et de hauts responsables de l’Etat, réunis au Palais des nations au.. Club des pins. S’adressant aux responsables de la sécurité, le Président est allé loin dans son discours en disant : « On n’est pas sortis du terrorisme pour tomber entre les mains des criminels et des bandes organisées qui trafiquent dans la drogue, les armes et le marché noir. A ceux-là, une guerre sans merci doit être déclarée. » Des propos lourds de sens. En tout état de cause, cet attentat a suscité de nombreuses interrogations sur les circonstances troublantes dans lesquelles il a eu lieu. L’objectif recherché à travers cette attaque est visiblement l’impact médiatique qu’elle engendrera, notamment sur le plan international. La société BRC, faut-il le rappeler, fut, cet été, au centre d’un grand scandale ayant alimenté la presse nationale. Une action en justice a été engagée, sur instruction de la présidence, au parquet de Bir Mourad Raïs. La décision a été prise après les conclusions de deux missions de contrôle, l’une de l’inspection des finances et l’autre de la cour des comptes. L’instruction judiciaire sur cette affaire se poursuit toujours, mais rien n’a filtré officiellement. Autant de raisons qui font craindre que l’attentat puisse porter l’empreinte de la mafia politico-financière.
Salima Tlemçani