August Hanning: « L’Allemagne ne réclame plus Abderrezak El-Para »

Entretien exclusif avec August Hanning, secrétaire d’état allemand à la sécurité

« L’Allemagne ne réclame plus Abderrezak El-Para »

Par : Djilali Benyoub, Liberté, 30 janvier 2007

Il est à la tête du département Sécurité, le plus sollicité ces dernières années puisque étant au centre des préoccupations à l’échelle planétaire, M. August Hanning, secrétaire d’État allemand à la Sécurité, a effectué une visite officielle en Algérie. Il est reparti hier avec dans la tête une vision nettement plus encourageante de l’Algérie. « C’est un plaisir de voir l’amélioration, les changements en Algérie », a-t-il confié. Dans cet entretien exclusif à Liberté, il revient sur la coopération entre l’Algérie et l’Allemagne dans le domaine sécuritaire et aborde les dossiers lourds comme la réconciliation nationale ou le cas de Abderrezak El-Para, l’auteur de l’enlèvement des touristes allemands dans le Sud algérien.

Liberté : L’Allemagne vient de prendre la présidence de l’UE, quelle est votre appréciation de la coopération entre l’Algérie et l’UE, notamment en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme ? August Hanning : Nous pensons que l’objectif de renforcer la coopération avec la région de la Méditerranée est important, et notamment la coopération bilatérale avec l’Algérie, dans les domaines d’intérêt commun. Les autorités sécuritaires ont une part à prendre dans cette coopération, mais il y a aussi les relations économique, commerciale, le tourisme… Les autorités sécuritaires coopèrent étroitement.

Comment définissez-vous les relations algéro-allemandes en la matière ? Les relations entre l’Allemagne et l’Algérie sont dans le cadre des accords et des règlements bilatéraux. Nos deux pays sont liés par des accords de coopération. Nous souhaitons conclure avec l’Algérie un accord relatif à la sécurité. Il est possible et imaginable de faire avancer la coopération sur le plan pratique. À cet égard, nous envisageons de créer un groupe de contact composé d’experts qui se réuniront régulièrement afin de régler les problèmes de manière plus rapide.

Des radicaux algériens condamnés en Europe ont émis le vœu de rentrer au pays. Rabah Kébir, qui bénéficie du statut d’exilé politique en Allemagne, est revenu en Algérie, ce qui a permis à l’Allemagne de changer son appréciation de la situation interne de l’Algérie. Que pensez-vous de la politique de réconciliation nationale ? Nous nous félicitons de la politique de réconciliation nationale. C’est là une bonne démarche pour régler le problème du terrorisme, l’attaquer à ses racines. Nous pensons que cela a pour effet que les ressortissants algériens n’ont plus aucune raison de quitter leur pays, d’y retourner en toute sécurité. À l’avenir, nous allons connaître des personnes vivant en Allemagne, mais qui ne s’y plaisent pas et qui vont rentrer pour retrouver une meilleure vie en Algérie.

Abderrezak El-Para (Saïfi Amari) fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par l’Allemagne et est recherché par Interpol. Continuez-vous à le réclamer ? Nous ne le réclamons plus. D’après mes informations, il est entre les mains des autorités algériennes. Il est jugé et condamné pour des actes qu’il a commis en Algérie. En Allemagne, nous avons pour règle d’éviter la double peine. Nous avons le principe de ne pas condamner deux fois pour le même acte. Nous ne réclamons pas Abderrezak El-Para.

Y a-t-il une coopération entre l’Allemagne et l’Algérie pour le démantèlement des cellules terroristes en Europe ? Nous nous échangeons des informations en cas de danger d’attaques terroristes. Avec l’Algérie, notamment, nous échangeons beaucoup d’informations, des renseignements.

Premier pourvoyeur de touristes notamment à destination du Maghreb, n’êtes-vous pas préoccupés par l’insécurité dans la région du Sahel ? Cela nous touche naturellement. Nous souhaitons que plus de touristes algériens se rendent en Allemagne. Il y a coopération entre les autorités des deux pays. Cette coopération est une préparation pour gérer au plan sécuritaire un tel flux de voyages.

Jusqu’à quel degré prenez-vous au sérieux les menaces du GSPC de frapper les intérêts occidentaux ? Nous prenons très au sérieux la menace du GSPC. Le GSPC est notre préoccupation surtout pour ses étroits liens avec l’organisation Al-Qaïda. Le GSPC, qui est affilié à Al-Qaïda, a changé sa dénomination. D’où le poids de la menace terroriste contre les intérêts occidentaux au Maghreb et en Europe. Il pourrait perpétrer des attentats. Comme je viens de le dire, nous prenons très au sérieux cette menace.

L’Allemagne a-t-elle une politique, une démarche pour contrer l’immigration clandestine ? À Tripoli, nous avons mené des consultations, entre l’Union européenne et l’Afrique, nous pensons qu’il est nécessaire d’arriver à une solution avec les pays d’origine des migrants clandestins. Nous voulons la coopération de tous les pays impliqués dans ce phénomène.

D. B.