Algérie-OTAN: Prises de contact pour une coopération militaire
par Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 8 mars 2007
Le séjour officiel à Alger du président du Comité militaire de l’OTAN se veut une première prise de contact avec les responsables algériens pour réfléchir sur un programme de coopération militaire comme prévu dans le cadre du Dialogue méditerranéen.C’est la première fois que le président du Comité militaire, la plus haute instance militaire de l’Alliance Atlantique Nord, vient en visite officielle en Algérie. En l’absence du ministre délégué à la Défense, Abdelmalek Guenaïzia, en déplacement à Tunis, le général d’armée, Raymond Henault, a été reçu à son arrivée à l’aéroport d’Alger par de hauts responsables de l’état-major de l’ANP. Selon l’APS, cette visite s’inscrit dans le cadre de «la poursuite du renforcement des relations de coopération entre les pays de l’OTAN et ceux du Dialogue méditerranéen».
Du côté du quartier général de l’Alliance dont le siège est à Bruxelles, l’on tient à apporter la précision que «pour l’instant il n’y a aucune négociation sur quoi que ce soit entre l’Algérie et le Comité militaire de l’OTAN». C’est, nous dit-on, «une première réunion du genre consacrée essentiellement à une prise de contact entre le président du Comité militaire et les responsables militaires algériens». L’on estime que «traditionnellement le général rend visite à tous les pays du Dialogue méditerranéen». Dialogue qui est défini comme étant «un forum de consultations politiques et de coopération pratique vieux d’une dizaine d’années, qui comprend un élément bilatéral et un élément multilatéral et auquel participent des pays de la région méditerranéenne». Ce qui pousse nos sources de Bruxelles à faire remarquer que la visite du général d’armée à Alger veut aussi dire que «l’Algérie fait désormais partie d’un processus déjà engagé, il est normal qu’on doit se connaître un peu plus». Et de bien préciser les choses dans ce contexte. En fait, «le Dialogue méditerranéen et l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI) – ouverte elle aux pays du Moyen-Orient sur une base bilatérale – sont des processus distincts mais complémentaires. Ils ont le même objectif à savoir établir des liens de coopération avec les pays intéressés des deux régions».
Et comme «le programme de l’ICI n’a pas de grande différence avec ce qui est offert dans le cadre du Dialogue méditerranéen» tel que le dit Bruxelles, le partenariat initié par l’OTAN avec les pays des deux régions repose essentiellement sur la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Mais ce que ne dit pas Bruxelles, c’est quand il est fait référence à la formation des personnels militaires de ces pays ou à la professionnalisation de leurs armées – et c’est le cas – il sera juste question pour ces pays de répondre aux exigences d’une vision géostratégique américaine dont la suprématie sur l’Alliance Atlantique Nord ne fait aucun doute notamment depuis les événements du 11 septembre. L’on rappelle au passage qu’il existe déjà un programme de coopération militaire entre l’Algérie et l’OTAN «dont 90% reposent sur la formation des personnels militaires». L’Algérie a aussi, faut-il le rappeler, donné son accord de principe pour participer dans l’opération Active Endeavour, un programme de lutte antiterroriste dans la Méditerranée. Si le Maroc et Israël semblent avoir déjà tranché les modalités de leur partenariat avec l’OTAN dans ce cadre, l’Algérie, nous dit-on, «est en discussion avec ses initiateurs de l’Alliance pour en définir les formes, les moyens et la mise en pratique». Une source proche de l’état-major estime «qu’on n’est pas encore engagé dans cette opération, on est en cours de discussions sur ces différents aspects».
Un rappel des étapes qu’a franchies la coopération entre l’Algérie et l’OTAN s’impose aujourd’hui dans la mesure où le président du Comité militaire se trouve à Alger. «Nous avons eu des escales militaires en mer avec l’OTAN mais nous n’avons jamais encore mené ensemble d’exercices militaires au sens propre du terme», nous dit la même source. Y a-t-il des manoeuvres en prévision ? demandons-nous. «La question ne se pose pas aujourd’hui. On n’en est pas encore là», nous répond-on.
Le général Raymond Henault sera reçu en principe par le président de la République après s’être entretenu avec le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’ANP, sur «les perspectives de développement de la coopération militaire bilatérale». Canadien d’origine, rompu à l’initiation de la réforme et de la transformation des armées, Raymond Henault est le plus haut responsable militaire de l’OTAN.
Il est également le principal porte-parole militaire de l’Alliance. Elu président du Comité militaire de l’OTAN en novembre 2004, il prend ses fonctions en tant que tel le 6 juin 2005 en remplacement du général allemand Harald Kujat.
Au quartier général à Bruxelles, on note que le président tient son autorité du Comité militaire auquel il rend compte de l’exécution de son mandat. Il préside toutes les réunions du Comité militaire et exerce ses fonctions à titre international. Il est choisi par les chefs d’états-majors généraux de la défense des pays membres de l’OTAN et est nommé pour une période de trois ans.