Une touriste allemande enlevée meurt d’insolation

AFFAIRE DES TOURISTES ENLEVES PAR DES TERRORISTES

Décès d’une allemande

El Watan, 30 juillet 2003

Le groupe de touristes occidentaux détenus en otages par des terroristes du GSPC n’est plus en Algérie, ont affirmé hier des sources militaires, précisant que «l’affaire est aujourd’hui entre les mains des gouvernements malien, allemand et suisse». «Les otages et leurs ravisseurs ont quitté il y a quelques jours le territoire national à bord de véhicules tout-terrains, certains appartenant aux touristes otages et d’autres aux terroristes.

Ils ont emprunté la route d’Ameguid qui longe Tamanrasset avant de rejoindre le nord du Mali. Ils ont par la suite traversé plusieurs centaines de kilomètres atteignant presque la ville de Kidal, avant de remonter vers une région située à près de 200 km au sud de la frontière avec Tamanrasset où ils se sont fixés. Ils ont réduit leurs mouvements, et nous ne savons pas comment ils vont réagir dans cette nouvelle situation. Vont-ils négocier la libération des otages ? Vont-ils garder ces derniers encore longtemps ? Vont-ils les abandonner et partir ailleurs ? Ce sont autant de questions pour lesquelles personne n’a de réponse pour l’instant. Les autorités maliennes et les gouvernements concernés par cette affaire les ont déjà localisés», ont déclaré nos sources. Celles-ci ont confirmé la mort d’une des touristes allemandes en révélant qu’il «s’agit d’une otage allemande âgée de 45 ans. Elle n’a pas supporté la chaleur. Elle est morte à la suite d’une insolation. Elle a été enterrée par les ravisseurs dans le désert algérien il y a plus d’une dizaine de jours…». Information confirmée également hier par le quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung à paraître aujourd’hui et repris par l’AFP. Le journal a fait état des déclarations de l’ex-mari de la victime, qui a révélé avoir été informé hier matin, par la police, de la mort de Michaela Spitzer, mère de deux enfants. Selon toujours l’AFP, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères germanique a déclaré hier que «le gouvernement allemand ne peut pas s’exprimer sur cette information (…) Des vies sont en jeu», ajoutant que les autorités étaient «en contact régulier et ouvert avec les familles des otages». Du côté des autorités algériennes, l’enquête menée sur l’enlèvement des trois douaniers, il y a une quinzaine de jours à la sortie de Reggane, par un groupe de terroristes armés, s’achemine vers la découverte d’un réseau du GSPC ayant un lien direct avec l’enlèvement des touristes. En effet, selon des sources sécuritaires, les terroristes avaient besoin des véhicules tout-terrains pour transporter les otages, «bien avant que l’idée de les laisser quitter les lieux ne soit concrétisée. Ils voulaient certainement quitter l’Algérie avant que les autorités ne leur ouvre la voie au départ. C’est dans cet objectif qu’ils ont organisé des attentats pour voler le véhicule tout-terrain des douaniers et un autre appartenant au président de l’APC de Timiaouine, quelques jours auparavant.» D’après nos interlocuteurs, l’enlèvement des touristes a levé le voile sur une importante organisation puissamment armée avec des ramifications au Niger et au Mali, et constituée par des éléments de diverses nationalités, issus des pays frontaliers et probablement même au-delà. «Il s’agit de terroristes du GSPC, réorganisé par Abderrazak le Para qui avait disparu pendant un certain temps, pour faire un voyage vers les pays du Sahel où il a acheté des armes et des munitions avec l’argent du racket et de la contrebande, une activité lucrative qu’il a exercée pendant des années dans la région frontalière de Tébessa. Il semble que cette opération a été préparée depuis plus d’une année et devait avoir un objectif beaucoup plus politico-médiatique que militaire. La libération par l’ANP du premier groupe de 17 touristes, le 13 mai dernier au nord de Tamanrasset, a provoqué l’isolement du deuxième groupe de terroristes qui détenait les 15 autres otages au nord d’Illizi. La situation était plus compliquée dans ces montagnes rocheuses de Tamelrik où étaient localisés les terroristes, scindés en trois groupes. Nous aurions pu en finir avec cette affaire juste après la libération du premier groupe, mais la veille de l’opération, la décision de gérer politiquement cette affaire a été prise dans la mesure où toute offensive risquait de provoquer la perte de vies humaines aussi bien du côté des otages que de celui des militaires. Les terroristes ne cherchaient qu’une issue pour prendre la fuite…», a révélé une source militaire. Cette dernière n’écarte pas l’éventualité d’une déclaration en fin de semaine émanant de l’état-major de l’ANP concernant le fait que les ravisseurs et leurs otages ne se trouvent plus sur le territoire national. Une révélation qui s’inscrit en contradiction avec les déclarations du ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, qui affirmait il y a deux jours que les touristes étaient toujours en Algérie.

Par Salima Tlemçani

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Alors que le lieu de leur détention suscite une grande polémique

Une touriste allemande enlevée meurt d’insolation

Le Jeune Indépendant, 30 juillet 2003

Un des quinze otages européens détenus depuis près de cinq mois par des ravisseurs dans la région d’Illizi, une Allemande, est décédée des suites d’une insolation, a indiqué, hier, la chaîne de télévision publique allemande ARD, en se référant au ministère allemand des Affaires étrangères. Ce département en a informé, hier, matin les proches de cette mère de deux enfants, a indiqué la chaîne dans un communiqué. Elle serait morte il y a quelques semaines et son corps aurait été enterré par les ravisseurs dans le désert, selon le même communiqué. Signalons que depuis des mois, dans le désert, les températures de jour ont atteint 50°. Le ministère allemand des Affaires étrangères a refusé, hier, de confirmer ou de démentir cette information.

«Le gouvernement allemand ne peut pas s’exprimer sur cette information. Des vies sont en jeu», a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ajoutant que les autorités étaient «en contact régulier et ouvert avec les familles des otages».

Des cercles proches des services de sécurité allemands ont confirmé l’information d’ARD, selon la chaîne allemande d’information en continu NTV. Selon la première chaîne publique allemande, qui cite des «sources sécuritaires allemandes», ces otages se trouveraient désormais au Mali. Le magazine allemand Der Spiegle, dans son édition électronique d’hier, a mentionné que le rapport des autorités de police allemandes considère que les otages se trouvent sur le territoire malien. La chaîne de télévision allemande ARD a annoncé aussi que dans les milieux sécuritaires allemands on parle de «processus dynamique» pour tenter de trouver une solution pour libérer les otages qui se trouvent au Mali. Une source proche du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales nous a affirmé, hier, que les otages sont toujours sur le territoire nationale. Renforçant, ainsi, les déclaration de M. Yazid Zerhouni, faites dimanche dernier à Mascara, et stipulant que les otages se trouvent toujours sur le territoire national. Dans son édition d’hier, le quotidien national le Matin, citant des sources proches des forces opérationnelles au Sud algérien, a rapporté que les otages se trouvent bel et bien au nord du Mali. Ils sont depuis jeudi dernier hors du territoire national, ont affirmé ces sources à ce journal. K. A.

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La mort d’une Allemande confirmée par son ex-mari

L’information donnée par les médias allemands, hier, stipulant que l’Allemande de 45 ans, Michaela Spitzer originaire d’Augsbourg (sud d’Allemagne), est décédée, a été confirmée, en fin de journée, par son ex-mari au quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung à paraître aujourd’hui. L’homme a déclaré au journal avoir été informé par la police. K. A.

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Les otages du Sahara

Un des quinze otages européens détenus depuis plusieurs mois par des ravisseurs algériens dans le Sahara, une Allemande, est morte des suites d’une insolation, selon la chaîne de télévision publique allemande ARD. Trente-deux otages européens faisant partie de plusieurs groupes de touristes et dont dix-sept libérés le 13 mai, avaient été enlevés dans le Sahara algérien entre la mi-février et la mi-mars. Ces touristes voyageaient par leurs propres moyens et sans guide dans le Sahara algérien, qui couvre plus de 2 millions de km2. Le 19 février, onze touristes – six Allemands, un Néerlandais et quatre Suisses –, formant trois groupes distincts, sont portés disparus entre Ouargla et Djanet. Le 8 mars, c’est au tour de quatre autres touristes allemands originaires d’Augsbourg, partis d’Allemagne le 22 février pour un voyage de plusieurs semaines au Sahara, de disparaître. Le 17 mars, cinq autres touristes allemands appellent pour la dernière fois leur famille en Allemagne, depuis Tamanrasset. Ils sont accompagnés d’un Suédois. Ils voyageaient à bord de trois véhicules tout-terrain. Un autre touriste allemand est également porté disparu à une date qui n’a pas été précisée, selon la délégation accompagnant le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer en mai dernier à Alger. Le 4 avril, la télévision autrichienne annonce la disparition de huit Autrichiens dans le Sahara algérien. Deux jours plus tard, cinq membres de la police criminelle fédérale allemande (BKA) arrivent en renfort à Alger où se trouve déjà un officier de liaison du BKA pour enquêter sur ces disparitions.

Le 11 avril, deux nouveaux Autrichiens, des alpinistes, sont portés disparus. En tout, seize Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un Suédois étaient portés disparus dans le triangle Ouargla-Djanet-Tamanrasset. Selon l’état-major de l’armée algérienne, les 17 touristes libérés le 13 mai étaient détenus par “un groupe terroriste” du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d’Hassan Hattab à Ameguid, à 150 km au nord de Tamanrasset.

Ils ont été libérés lors d’un «bref assaut», selon l’armée. Le GSPC, dans le sud, est dirigé par un des lieutenants d’Hassan Hattab, Mokhtar Belmokhtar, dit “Belaouar” le borgne, agissant dans la bande frontalière avec le Mali et mêlant activité islamiste et contrebande. Mais selon des sources sécuritaires algériennes, le numéro 2 du GSPC, Abderrazak “le para”, un ancien parachutiste déserteur, serait l’organisateur de ces enlèvements. Début juillet, on indiquait de source diplomatique à Alger que des contacts auraient eu lieu entre des représentants du GSPC et l’Allemagne. Le 28 juillet, le ministre algérien de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, indiquait que les 15 otages étaient toujours en Algérie, malgré des informations de presse selon lesquelles ils étaient en route pour le Mali. Un autre journal algérien le Matin affirmait mardi, de sources sécuritaires algériennes, que les 15 otages étaient au Mali. AFP

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L’imbroglio médiatique

L’annonce confirmée de la mort d’un des quinze otages européens détenus depuis des mois par un groupe islamiste armé dans le sud algérien a propulsé encore une fois cette affaire au devant de la scène politico-médiatique nationale et internationale.

Si dans les pays d’origine des otages, la consigne est de ne pas confirmer ou démentir d’une manière officielle de telles informations au nom du sacro-saint principe du respect de la vie, il n’en est pas de même en Algérie où la multiplication de sources sécuritaires se prononçant sous le couvert de l’anonymat et citées par la presse privée contredit souvent l’information officielle personnifiée par le ministre de l’Intérieur, à un point tel que les observateurs se sentent perdus dans cet imbroglio médiatique qui laisse croire à l’existence d’une guerre en sourdine entre différents services pour la gestion de cette crise qui relève un peu du sécuritaire, un peu du militaire, un peu du diplomatique et beaucoup du politique pour des raisons évidentes de souveraineté nationale. Sinon, comment expliquer que lorsque ces fameuses sources dites sécuritaires soutiennent par voie de presse que les otages sont déjà en territoire malien, soutenues en cela par leurs collègues allemands et autres diplomates, Zerhouni insiste et affirme qu’ils sont encore en Algérie et en vie ?

Allant un peu plus loin dans ses révélations, il a même indiqué que les opérations sont en cours pour récupérer les otages vivants, faisant voler en éclats toutes les hypothèses et insinuations sur les décisions supposés des autorités algériennes de ne plus tenter d’intervenir comme le leur ont instamment demandé les autorités de pays d’origine des otages afin de ne pas mettre en danger la vie de ces derniers. Une attitude somme toute bizarre en considération du succès réalisé par les militaires algériens lors de la libération d’un premier groupe d’otages. Mais le plus bizarre est cette démarche pourtant officielle du ministre de l’Intérieur qui contredit même et y compris le président de la République qui a soutenu dernièrement à Strasbourg qu’il était prêt à laisser une porte de sortie aux ravisseurs dans le seul espoir d’éviter un bain de sang. Les autorités algériennes qui n’avaient rien à faire d’un tel événement en cette période précise se sont retrouvées prises à la gorge par un enchevêtrement d’intérêts d’Etat qui dépasse de loin tous les calculs étriqués, faisant face en cela à une pression telle qu’elles ne semblent plus savoir comment gérer médiatiquement cette affaire à l’effet de la vendre avec le moins de dégâts possibles à l’opinion nationale et internationale. D’où, très certainement, le flou qui caractérise actuellement l’information officielle et le chevauchement de sources prétendument informées. Car il n’y a aucune raison objective de croire à des velléités de parasitage ou de désinformation, la crédibilité de l’Etat algérien étant ici en jeu. On finira bien un jour, peut-être plutôt que ne le croient beaucoup, par savoir où étaient les otages, qui les retenait, qui a négocié avec eux ou pas, en somme tout les dessous de l’affaire, car tout indique qu’il s’agit d’une affaire louche dès son déclenchement. mais cela est une autre paire de manches. En attendant, il n’y a rien qui incite à douter de la sincérité des autorités algériennes. Si Zerhouni a réagi pour dire que les otages sont en Algérie et en vie, c’est qu’ils le sont, jusqu’à nouvel ordre. M. T.