Sept attaques quasi simultanées font 8 morts et 50 blessés

Spectaculaire frappe du terrorisme à Boumerdès et à Tizi Ouzou :

Sept attaques quasi simultanées font 8 morts et 50 blessés

par Saïd Tissegouine et A. Drifa, Le Jeune Indépendant, 14 février 2007

Deux semaines après les déclarations du ministre délégué chargé des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, sur le GSPC qui est «en voie d’être mis hors d’état de nuire en Algérie et ne constitue pas véritablement un danger ni pour les pays du Maghreb ni pour la France», les terroristes, probablement du GSPC, profitant de failles dans le dispositif sécuritaire, défient à nouveau l’Etat avec des attentats rappelant les années sombres du terrorisme.

Huit personnes ont été tuées et 50 autres blessées, hier, dans sept attentats quasi simultanés à la bombe et à la voiture piégée perpétrés entre 4h00 et 5h00 dans différentes localités des wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou, avons-nous constaté sur place.

Selon un bilan officiel du ministère de l’Intérieur, les attentats ont fait 2 morts et 10 blessés dans les rangs des services de sécurité et 4 morts et 3 blessés au sein de la population civile. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, trois véhicules piégés ont explosé dans les localités de Mekla, Draâ Ben Khedda et Boubhir.

Dans les deux premières localités, les voitures piégées ont explosé à 4h00, tandis que celle de Boubhir n’a éclaté qu’aux environs de 10h00. A Mekla, l’explosion qui a visé le commissariat de police a provoqué la mort de deux policiers et fait des blessés parmi les autres fonctionnaires de police.

Trois civils ont également été blessés dans cette explosion qui a causé d’énormes dégâts aux habitations avoisinantes dans un rayon de 500 m de l’impact. Une vieille bâtisse n’a pas résisté au choc et a été entièrement détruite. Quant au siège du commissariat de police, un bâtiment de type R+4, cible des terroristes, toute sa façade principale a été dévastée.

Les rideaux des commerces de la ville ont été soufflés et réduits à un amas de taules. Des parties du véhicule utilisé dans l’attentat ont été retrouvées à 500 m du lieu de l’explosion. pour ce qui est des circonstances exactes de la mort des policiers, des témoignages concordants relèvent qu’au moment où le véhicule s’arrêta devant l’entrée du poste de police, les deux victimes ont tenté de vérifier l’identité du conducteur qui a eu le temps de prendre la fuite.

S’en est suivie alors la fatale explosion. La deuxième localité qui a été frappée est Draâ Ben Khedda : les terroristes ont ciblé, à l’aide d’une Mercedes bourrée d’explosifs, le poste de la BMPJ. L’explosion a fait 14 blessés parmi les fonctionnaires de police dont deux femmes.

Selon des témoignages recueillis sur place, la même technique a été utilisée que celle de l’attentat de Mekla où un terroriste a arrêté son véhicule devant le poste de garde. Le policier en faction s’est approché du véhicule pour ordonner le déplacement du véhicule, usant même de son arme.

Mais le conducteur, avec l’aide de ses complices, a riposté à l’arme automatique pour se dégager et s’engouffrer dans un autre véhicule qui attendait de l’autre côté de la route. Le siège de la BMPJ, une ancienne bâtisse sise sur l’autoroute allant vers Alger, a été complètement endommagé par la forte déflagration.

Toujours dans la wilaya de Tizi Ouzou, une troisième explosion a eu lieu à Boubhir sur le CW 9, juste avant l’entrée du village agricole sis dans la circonscription communale d’Illoula. Un véhicule de type Renault 4 fourgonnette a été abandonné par son conducteur à la sortie est du pont de Boubhir.

Des sources locales indiquent que des artificiers de la police ont fait exploser ladite voiture. Cette intervention s’est malheureusement soldée par la mort d’un démineur qui a succombé à ses blessures. Dans la wilaya de Boumerdès, les terroristes ont visé la sûreté urbaine du chef-lieu de wilaya et deux brigades de la gendarmerie sises à Si Mustapha et à Beni Amrane, plus exactement à Souk El Had.

Les attentats en question ont fait au total 4 morts et 23 blessés. La première cible, à savoir la sûreté urbaine, a été visée par une voiture piégée qui a fait six blessés, cinq citoyens et un policier. A Souk El Had, c’est une bombe qui a été déposée derrière le mur de clôture de la brigade de la gendarmerie.

Bilan : trois gendarmes blessés, dont un grièvement, et six civils. L’attentat le plus meurtrier a visé la brigade de gendarmerie de Si Mustapha, un bâtiment de deux niveaux abritant plusieurs dizaines de gendarmes qui a été dévasté par l’explosion.

Des portes et des fenêtres du premier étage ont été arrachées par l’intensité du souffle. L’explosion a, en outre, creusé un cratère de deux à trois mètres de diamètre dans la chaussée, endommagé la façade du bâtiment et éventré plusieurs commerces, cafés et épiceries de la rue principale de cette bourgade rurale que traversent quotidiennement des centaines de routiers.

Des chaises, tables et meubles en plastique de ces établissements ont fondu sous l’effet de la chaleur dégagée par l’explosion et ont été projetés à plusieurs dizaines de mètres, selon des témoins. Selon ces derniers, quatre passagers d’une même famille sont morts sur le coup, leur véhicule ayant été projeté contre un arbre par le souffle de l’explosion.

Des cordons de police et de gendarmerie ont été rapidement déployés pour protéger les zones atteintes et éloigner les curieux. L’accès à Tizi Ouzou était très embouteillé après ces explosions, la plupart des sites touchés donnant sur le principal axe routier menant d’Alger à Tizi Ouzou.

Les attentats d’hier ressemblent, dans leur mode opératoire, à deux attaques ayant ciblé, le 30 octobre dernier, le siège des sûretés urbaines de Réghaïa et de Dergana à l’est d’Alger. Ce double attentat, revendiqué par le GSPC, a fait trois morts, tous des civils, dont une femme, et 24 autres blessés, dont 13 ont été hospitalisés.

Un autre attentat a eu lieu le 10 décembre dernier : un groupe de plusieurs terroristes a attaqué à 17h30 un bus transportant des employés de la compagnie algéro-américaine BRC, près de Club des Pins, tuant deux personnes et blessant au moins une dizaine d’autres.

Les terroristes avaient fait sauter un engin explosif afin de provoquer une diversion et bloquer la circulation avant de s’attaquer au bus. M. K., S. T. et A. D.