Sang et corruption !

Sang et corruption !

par Mohamed Zaâf, Le Jeune Indépendant, 14 février 2007

Hier, sept attentats à l’explosif contre les locaux des services de sécurité dans les wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou nous démontraient brutalement que les défaillances d’hier sont toujours d’actualité et que les mêmes causes donnent les mêmes effets.

Déjà, à la fin d’octobre dernier, un double attentat à la voiture piégée mené contre les sièges des sûretés urbaines à Réghaïa et Dergana faisait trois tués et 24 blessés. Apparemment, aucune mesure n’a été prise entre-temps pour améliorer la surveillance et garantir la sécurité des forces de l’ordre et de leurs locaux.

Apparemment, on ne pense pas encore à introduire, à l’instar des pays qui ont souffert du terrorisme, les techniques architecturales, les caméras de surveillance et autres gadgets électroniques pour dissuader ou faire échec aux éventuelles attaques.

Le moment n’est-il pas venu de sacrifier un peu d’argent pour se doter des moyens adéquats si l’on veut réellement préserver des vies humaines, alors que le terrorisme gagne en audace, multiplie et diversifie ses attaques. Des attentats qui ont fait une trentaine de morts pour le seul mois de janvier dernier.

Soit un mort par jour en moyenne. Lundi dernier, la presse faisait état de quatre autres attentats à la bombe dans les wilayas de Boumerdès et de Bouira. La même presse signalait l’explosion de deux bombes dans la wilaya de Jijel, vendredi dernier.

Ces derniers jours, l’armée pilonne à volonté les maquis et s’y rend en force dans l’espoir de mettre la main sur un ennemi superléger qui n’attend pas. Autant tirer à coups de DCA sur un papillon. Et, dans la condition où l’on n’a pas contre soi les populations locales, il devient contre-productif de mobiliser l’armée pour l’entraîner dans un combat auquel elle n’est ni destinée ni préparée, alors que les éléments de la police et de la gendarmerie suffisent amplement à y faire face.

Aujourd’hui, grâce à Dieu, l’insurrection islamiste est loin derrière. Aujourd’hui, la situation sécuritaire pourrait, à la limite, être comparable aux terrorismes traversés par l’Espagne ou la Grande-Bretagne. Au début du mois courant, notre ministre délégué aux Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, n’affirmait-il pas depuis Tunis que le GSPC était «un mouvement qui tend à être éradiqué en totalité et ne pose pas de problème en termes de menace importante» ? Pourrait-il en être autrement, même si, par la suite, M. Yazid Zerhouni devait tempérer la déclaration ? Quoi qu’il en soit, les événements nous obligent à admettre aujourd’hui que la corruption, sujet qui s’est confortablement installé depuis plus d’un mois dans les unes de nos journaux, s’est fait voler la vedette par le terrorisme.

Le sang et les bombes éclipsent le «golden boy» ! Est-ce un simple hasard ? Ce même hasard qui, de suite, fit succéder l’attentat de Bouchaoui à la réunion gouvernement-walis qui donna libre cours à la véhémence présidentielle sans épargner personne ? Un attentat dont la revendication par le GSPC n’a pas empêché M. Zerhouni d’évoquer la possibilité d’autres pistes, alors que d’autres voix pointaient du doigt la mafia politico-financière.

Le terrorisme à la rescousse de la corruption ? M. Z. [email protected].