Les ravisseurs des deux otages autrichiens maintiennent leurs demandes

Les ravisseurs des deux otages autrichiens maintiennent leurs demandes

par B. Mokhtaria, Le Quotidien d’Oran, 26 mars 2008

La prolongation de deux semaines de l’ultimatum a, certes, donné une lueur d’espoir quant à la libération des otages autrichiens, enlevés le 22 février par la branche d’Al-Qaida au Maghreb, dans le sud tunisien, mais n’a pas éclairé certaines zones d’ombre qui persistent pour les négociateurs.

Les choses ne semblent pas avancer pour ces derniers même après le calme qui est revenu dans le nord du Mali, et la demande de rançon devient la principale revendication dans les milieux proches du dossier qu’il faut satisfaire même si, pour les ravisseurs, elle était placée en 2ème position.

Officiellement, les ravisseurs réclament en échange de leurs otages la libération d’islamistes détenus en Algérie et en Tunisie. «Les conditions des moujahidine concernant la libération de certains de nos prisonniers en échange de la libération des otages demeurent les mêmes, sans changement, même si certains journaux, habitués au mensonge, disent autre chose», a souligné Al-Qaïda au Maghreb dans son dernier communiqué. Selon le quotidien autrichien Kurier, les ravisseurs auraient aussi réclamé une rançon de 5 millions d’euros pour la libération des otages. Cette demande de rançon n’a jamais été confirmée par les autorités autrichiennes. «On sait qu’il est totalement hors de question que des terroristes soient libérés pour que les otages le soient.

Il faut donc penser à la deuxième revendication des ravisseurs», a révélé la source proche du dossier. Mais «où et comment faire parvenir la rançon aux ravisseurs d’une part, et d’autre part, où et comment récupérer en toute sécurité les otages ?», s’est interrogée une source proche des négociations. Les négociateurs, pour leur part, sont en quête « d’un contact sécurisé » avec les ravisseurs, qui soit garant de la sécurité des deux touristes autrichiens. « Il faut ce contact physique prolongé et sécurisé avec les ravisseurs pour faire rapidement avancer les choses, c’est très important, mais pour le moment, il n’existe pas », a commenté la même source sous couvert de l’anonymat.

Les ravisseurs et leurs otages se trouveraient dans le nord du Mali mais Bamako n’a jamais confirmé officiellement leur présence.

Al-Qaïda au Maghreb a prolongé jusqu’au 6 avril son ultimatum, qui a expiré dimanche à minuit, avait rapporté lundi un groupe américain de surveillance des sites islamistes, SITE Intelligence Group. Sous le titre «dernier ultimatum», le groupe écrit dans un communiqué que «c’est une prolongation supplémentaire de deux semaines qui expirera dimanche 6 avril 2008 à minuit». Il avait averti qu’après cette date «l’Autriche, la Tunisie et l’Algérie seront tenues responsables de la vie des otages».

Wolfgang Ebner, un conseiller fiscal de 51 ans, et sa compagne Andrea Kloiber, une infirmière de 44 ans, originaires de la région de Salzbourg (nord) et habitués des randonnées dans le désert, ont été portés disparus le 22 février tandis qu’ils circulaient dans le sud de la Tunisie à bord de leur véhicule 4X4 immatriculé en Autriche. Leur enlèvement n’a été revendiqué que le 10 mars par un groupe islamiste rallié à Al-Qaïda depuis 2006.

Le ministère autrichien des Affaires étrangères, qui coordonne les efforts en vue de la libération des deux touristes, n’a pas voulu confirmer lundi soir le nouveau délai annoncé par les ravisseurs islamistes. Le porte-parole Peter Launsky-Tieffenthal s’est contenté de réitérer ses commentaires de la matinée : «nous avons plus de temps pour les négociations» en vue de faire libérer les deux otages. Dans la matinée, le porte-parole avait assuré que Vienne «poursuivait (ses) efforts avec tous (ses) contacts dans la région». Les autorités autrichiennes ont nié, aussi, toute négociation directe avec les ravisseurs, qui avaient menacé de tuer les otages si l’on tentait de les libérer par la force, ainsi que l’existence d’une éventuelle demande de rançon.

Quant à la Fondation Kadhafi, elle a nié dimanche tout «contact direct ou indirect» avec les ravisseurs des deux Autrichiens enlevés en février en Tunisie, bien que le dirigeant autrichien d’extrême droite Jörg Haider avait réaffirmé dimanche, à l’agence autrichienne APA, que le président de la Fondation Kadhafi, Seif al-Islam Kadhafi, était en contact avec les ravisseurs des deux touristes autrichiens et qu’il était optimiste quant à leur prochaine libération.. Il a précisé que c’était une «initiative personnelle» dont le fils de Mouammar Kadhafi n’avait peut-être pas informé la Fondation.