Terrorisme: L’Algérien enlevé au Niger libéré

Terrorisme: L’Algérien enlevé au Niger libéré

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 2 mai 2010

Rebondissement dans l’affaire du kidnapping d’un Algérien et d’un Français dans le nord du Niger. Le ressortissant algérien, d’origine «targuie», a été libéré jeudi, alors que le Français est toujours aux mains de ses ravisseurs, un groupe d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Selon des sources sécuritaires nigériennes citées par l’AFP, «l’otage français est dans le désert côté malien avec ses ravisseurs». La semaine dernière, le gouvernement nigérien avait confirmé l’enlèvement des deux hommes par un «groupe armé non identifié» dans la région frontalière du Mali et de l’Algérie, où opère le groupe d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Selon des sources proches du dossier, l’Algérien était le chauffeur du Français, qui serait un touriste septuagénaire.

Visiblement, les terroristes d’Aqmi ont libéré le chauffeur du ressortissant français pour ne pas avoir de problèmes avec les tribus touarègues, et éviter d’entrer directement en conflit avec eux, ce qui les aurait incités à les pourchasser et les chasser définitivement de cette large bande sahélienne où ils ont plusieurs repaires. L’enlèvement du Français, en plein désert du Niger, confirme une fois de plus que cette zone reste largement dominée par les groupes d’Aqmi, qui y opèrent presque en terrain conquis. A la suite du rapt du ressortissant français et son chauffeur algérien, le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, avait indiqué que «nous sommes pleinement mobilisés, tant à Paris que sur le terrain, pour obtenir la libération de notre compatriote». «En raison de l’aggravation du risque d’enlèvements et de la menace terroriste dans certaines régions du Sahel, il est plus que jamais recommandé aux Français résidents et de passage de respecter strictement les consignes de prudence et de vigilance, notamment pour les déplacements dans certaines régions du Mali, du Niger et de la Mauritanie», a-t-il ajouté, avant de préciser que «l’enlèvement s’est produit dans une zone dite rouge pour laquelle existait une recommandation formelle de ne pas s’y rendre émanant du Quai d’Orsay».

Le groupe de terroristes qui a libéré le ressortissant algérien, a déjà libéré le 16 avril dernier dans cette zone un couple d’Italiens qu’il séquestrait depuis quatre mois. Mais, il détient toujours deux otages espagnols, enlevés fin novembre en Mauritanie. Auparavant, un ressortissant français, fortement soupçonné d’être un agent du contre-espionnage, avait été enlevé par Aqmi au Nord du Mali, puis libéré contre une rançon de plusieurs millions de dollars, et, surtout, la libération de plusieurs membres de ce groupe qui étaient emprisonnés au Mali. Leur libération après un simulacre de procès a provoqué la colère de plusieurs pays de la région, dont l’Algérie qui avait demandé au Mali l’extradition de certains de ces terroristes membres de l’ex-GSPC. Et puis, le dernier rapt d’un ressortissant européen intervient une semaine après la réunion à Alger des chefs d’état-major des pays du Sahel pour mettre au point une stratégie commune de lutte contre les bandes criminelles qui écument le Sahel.

Pour autant, certaines voix dans cette région déplorent la propension des Etats européens dont les ressortissants s’aventurent au risque de leur vie dans cette zone à payer des rançons aux ravisseurs, au détriment d’une solution concertée avec les pays riverains et concernés par la lutte antiterroriste. Interrogé dernièrement à l’occasion d’une conférence de presse tenue à l’issue des travaux du comité central du FLN, Belkhadem avait déclaré que «l’Algérie ne paiera pas de rançon et récupérera son ressortissant».