Ismaïl Omar Mostefaï était très surveillé par les Algériens
El Watan, 20 novembre 2015
Ismaïl Omar Mostefaï, le preneur d’otages français de 29 ans, qui s’est fait exploser vendredi soir après avoir tiré sur le public du Bataclan, était bien connu des services de renseignement algériens.
Connu par les services français pour de petits délits et fiché pour radicalisation depuis 5 ans, il apparaît sur les listes, établies par le DRS, de suspects impliqués dans des réseaux de recrutement et de transfert de terroristes vers la Syrie. «Des enquêteurs spécialisés d’une unité chargée de suivre les extrémistes membres de ces réseaux ont obtenu des informations sur certains de ces djihadistes, actifs dans l’Est algérien fin 2014, explique une source sécuritaire.
On y retrouve Ismaïl Omar Mostefaï avec un groupe de Français d’origine tunisienne et marocaine.» Comme il était d’une très grande prudence, ses activités ne dépassaient pas le stade de rencontres avec des radicaux. «La surveillance a commencé lorsque nous avons été certains qu’il était bien membre d’une cellule de recrutement de terroristes pour la Syrie. Il était chargé de transporter des messages, de l’argent et des faux documents», poursuit notre source.
Premières informations obtenues par les enquêteurs algériens : un numéro de téléphone SFR et un e-mail personnel. Les services découvrent que ce numéro de téléphone sert à échanger des messages avec les extrémistes français d’origine maghrébine.
Plus tard, ils trouvent son nom et son lieu de résidence dans l’Essonne. Les services algériens s’intéressent de près aux réseaux de recrutement depuis l’hiver 2014 en raison de la création des Soldats du Califat quelques mois auparavant, de crainte que ces réseaux ne se transforment en filières de recrutement pour la succursale de l’organisation de l’EI en Algérie. La liste des suspects a été transmise par la Direction des Relations extérieures et de la coopération du DRS à la DGSE, comme cela se fait régulièrement.
«En plus de l’accord d’échange d’informations sécuritaires qui datent des années 90’ et de deux autres accords conclus après le 11 septembre 2001, un 4e accord a été formalisé pour faire face au recrutement des djihadistes en Syrie et en Irak», précise notre source. Figurer sur cette liste n’implique aucune arrestation. Les suspects sont placés sous surveillance et ne sont interpellés qu’à partir du moment où ils essaient de quitter le territoire.
Aziz. M