Le Gspc classé ultra-dangereux

LA CIA REVOIT SON CANEVAS DES ORGANISATIONS TERRORISTES

Le Gspc classé ultra-dangereux

L’EXpression, 20 juin 2005

Un niveau de classification dont seules les organisations terroristes régionales peuvent se prévaloir.

Al Qaîda n’est plus la seule grande menace pour la sécurité dans le monde. La CIA vient de revoir son canevas de classification des organisations terroristes en classant le Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), comme organisation ultra-dangereuse. Ce groupe islamiste armé accusé de plusieurs massacres, vient d’ être hissé au niveau d’Al Qaîda dans un récent système de classification conçu par le nouveau bureau chargé de la sécurité nationale américaine.
Cette classification est une sorte de nomenclature où les groupes terroristes sont répartis suivant leur degré de nuisance. Les organisations sont ainsi classées suivant trois degrés et les plus dangereuses se situent au niveau zéro comme cela vient d’être le cas pour le Gspc.
Un niveau de classification dont seules les organisations terroristes régionales et transnationales peuvent se prévaloir. «L’affiliation à Al Qaîda aide à classer des organisations au niveau zéro mais elle n’est pas une condition suffisante à elle seule», a indiqué l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, Richard Roth.
La même classification indique que «cette organisation terroriste algérienne assume la commande de plusieurs contacts régionaux et internationaux avec des réseaux financiers des autres groupes islamiques armé». «Les insurgés algériens affiliés à Al Qaîda deviennent plus actifs en Afrique et à l’extérieur du continent», a déclaré le général Thomas Csrnko, chef des forces spéciales américaines en Europe qui supervise l’opération «Flint Lock 2005».
Le responsable américain a averti qu’une coopération intense entre les services de sécurité et les armées des pays de la région «est nécessaire pour déjouer les futures attaques du Gspc». Plus alerte, le général a souligné que «la menace du numéro 1 pour la région est le Groupe salafiste, pour la prédication et le combat».
Inscrit en 2002 dans la liste des organisations terroristes internationales publiée par le département d’Etat, le Gspc a été reconduit, en mars dernier, sur la même liste. Le dernier «rapport sur le terrorisme dans le monde», rendu public par le département d’Etat US, le 27 avril dernier, a dressé une liste de 82 «organisations terroristes», dont 41 groupes considérés comme les plus dangereux. Les services américains, qui viennent de hisser le Gspc au rang d’Al Qaîda, restent très approximatifs sur l’effectif du groupe qui sévit actuellement au Sahel. Ils situent sa composante humaine entre 700 et 4000 personnes.
Il y a quelques mois, les services de sécurité américains citant les autorités algériennes, ont fait état de «l’existence de 800 terroristes encore en activité, sur les 28 000 qui existaient au milieu des années 90, appartenant essentiellement au Gspc». En décembre 2004, le patron de la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), Ali Tounsi, a révélé que 300 éléments de ce groupe étaient toujours en cavale. Plusieurs fois décapité, ce groupe renaît à chaque fois de ses cendres et se manifeste par des actions spectaculaires. Après l’élimination de Nabil Sahraoui en juin 2004, le Gspc est dirigé par Mossaâb Abdelouadoud, de son vrai nom Abdelmalek Dourkdal. En février 2003, 32 touristes, la plupart des Allemands, ont été enlevés au Sud algérien par Amari Saïfi, dit Abderrezak El-Para, alors chef d’une faction de ce groupe terroriste. El Para a été livré, fin octobre 2004, aux autorités algériennes par la Libye après plusieurs mois de captivité chez les rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la justice.
En février 2004, une unité armée du Gspc a été neutralisée par l’ANP au sud d’In Salah (Tamanrasset). 17 armes lourdes, 220 armes légères, des fusils à lunette, des pistolets automatiques ont été récupérés ainsi que des équipements de communication, dont 11 téléphones cellulaires.
De pareilles opérations et l’élimination de ses chefs n’ont pas réduit pour autant la force de nuisance de cette nébuleuse. Elle récidive par l’attaque, le 4 juin, contre une base militaire du nord-est de la Mauritanie, tuant 15 soldats et blessant 17 autres.

B. TAKHEROUBT