Le rôle du GSPC, entre Allemagne et Etats-Unis
Le rôle du GSPC, entre Allemagne et Etats-Unis
Risques Internationaux, 02/06/04, Actualisé le 3 juin
Depuis qu’ils ont réussi à faire inscrire le GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédiction et le Combat) sur la liste américaine des organisations terroristes pouvant entretenir des liens avec al Qaïda, les militaires algériens ont sérieusement amélioré leurs relations avec Washington. « L’excellence » des relations américano-algérienne vient d’ailleurs d’être réaffirmée, en mai, lors de la visite à Alger de William Burns, secrétaire d’Etat adjoint pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Certaines sources affirment même que les USA envisageraient, depuis les élections du 8 avril, de lever leur embargo contre la vente d’armes de guerre à l’Algérie, ce que n’a pas vraiment démenti l’ambassadeur américain à Alger, en affirmant, récemment : « Il est vrai que jusqu’à maintenant, nous n’avons pas fourni d’armes létales à l’Algérie. Il faut aussi préciser que beaucoup de choses changent et peuvent changer rapidement… ». En février dernier, des militaires américains avaient déjà prêté main forte aux Algériens dans une opération « coup de poing », au Sud du pays, contre un groupe armé présenté comme membre du GSPC.
Au départ, le GSPC crée par Hassan Hattab dans les maquis de Kabylie, se présentait pourtant comme un groupe armé bien intégré dans sa région, n’ayant que peu de liens avec l’extérieur et pratiquant des « attentats ciblés » contre les forces de l’ordre algérienne (dont l’embuscade qui avait coûté la vie à une quarantaine de « paras » des unités d’élite algériennes en janvier 2003). Même les experts américains ne semblaient pas convaincus des liens qui auraient pu exister entre Hassan Hattab et al Qaïda (cf. le dossier Algérie paru dans Nord Sud Export du 7 mars 2003). Or beaucoup de choses ont changé en quelques mois. Il est assez vite apparu que Hassan Hatab avait été renversé (et probablement exécuté) par de plus radicaux que lui, comme Nabil Sahraoui (qui dirige le GSPC dans l’Est) et Amari Saïfi, alias Abou Haïdara, plus connu encore sous son surnom d’Abderezak El-Para (il est, en effet, un ancien membre des forces spéciales de l’armée algérienne).
C’est ce dernier qui était récemment tombé aux mains du groupe rebelle tchadien MDJT (« Mouvement pour la Démocratie et la Justice au Tchad »), à l’issue d’une tournée sahélienne mouvementée (au Niger, puis au Tchad). Il eut été logique que ces rebelles du Tibesti, qui cherchent à se démarquer de la mouvance islamiste radicale internationale, remettent El-Para aux autorités allemandes, celles-ci ayant lancé un mandat d’arrêt international contre lui en septembre 2003, à la suite à l’enlèvement des touristes allemands, suisses et autrichiens dans le sud-algérien. Aux dernières nouvelles, El-Para semble avoir pourtant disparu dans la nature, échangé contre une rançon dérisoire à ses amis du GSPC… Ce qui ne peut que laisser sceptique et est d’ailleurs démenti par le MDJT tchadien (ndlr : actualisation du 3 juin 2004). Une question se pose : aurait-il été escamoté par la Sécurité militaire algérienne, dont il est, fort probablement, l’un des agents, dès le départ, pour n’avoir aucun témoignage à livrer aux autorités allemandes ?
Une chose est sure : l’image d’un GSPC radical, héritier des GIA, dangereux pour les Occidentaux et allié à al Qaïda est précieuse pour les autorités algériennes (quelles soient civiles ou militaires) dans leurs relations avec Washington. Rien ne vaut un bon ennemi commun pour lier des relations d’amitié. Espérons simplement que les rumeurs d’Alger qui prédisent des attentats du GSPC dans la capitale n’iront pas jusqu’au bout de cette logique infernale.