Des forces américaines au Sahara

Des forces américaines au Sahara

Mireille Duteil , Le Point, 10 juin 2004

Américains et Européens sont de plus en plus inquiets face aux groupes rebelles, mi-islamistes mi-contrebandiers, qui sillonnent le Sahara de la Mauritanie au nord du Tchad via le Mali, le Niger et le Sud algérien.

Ces derniers mois, le commandement des forces américaines en Europe (basé en Allemagne) qui chapeaute les opérations antiterroristes a installé – ponctuellement ? – une antenne des forces spéciales américaines au sud de Tamanrasset. Elle aurait une capacité de 400 hommes.

C’est dans la crainte que les étendues sahariennes, peu contrôlées, ne deviennent un éventuel refuge pour des islamistes chassés d’Afghanistan que Washington a mis sur pied une « initiative pansahélienne » qui vise la formation de petites unités antiterroristes capables de faire de la prévention. Dans l’immédiat, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad sont concernés. Le Sénégal devrait l’être demain.

Mais les Américains ont aussi participé activement, par la fourniture de renseignements aux armées algérienne et tchadienne, à la traque d’Abderrazak « le Para », numéro deux des islamistes algériens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et responsable de l’enlèvement, en février 2003, de touristes allemands dans le sud de l’Algérie. Alger affirme que ce groupe est lié à Al-Qaeda. Avec la rançon payée par Berlin, « le Para » a acheté 4×4 et armes. En mars, poursuivis dans le désert par les militaires algériens puis tchadiens, les islamistes ont perdu quatorze hommes. Les douze survivants sont ensuite tombés aux mains de rebelles tchadiens du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad, un groupe installé dans le Tibesti. Ceux-ci ont tenté d’échanger leur butin contre une rançon, auprès des Allemands, puis des Algériens. En vain. Il semble que « le Para » soit de nouveau libre, après qu’une rançon a été versée par ses amis islamistes du GSPC. Le chef du mouvement, Hassan Hattab, aurait, lui, péri dans des accrochages dans le nord du Tchad

© le point 10/06/04 – N°1656 – Page 66 – 326 mots